AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de migdal


Si le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages enfermés avec des terroristes à sympathiser avec eux, le phénomène inverse pourrait-t-il être qualifié de syndrome de Saint Petersbourg ?

C'est la question posée par « L'affaire Courilof » où Irène Némirovsky, confine en 1903 un ministre du tsar Nicolas II avec un médecin suisse, Marcel Legrand, alias Léon M. terroriste chargé de l'abattre.

Courilof, ministre de l'instruction publique, dirige d'une main de fer son administration et réprime durement toute contestation. le « cachalot » a fait condamner à mort des étudiants jugés subversifs. Les révolutionnaires ont juré sa perte et un attentat spectaculaire pour marquer les esprits.

Le pseudo Marcel Legrand, dont le père a été condamné à mort et la mère déportée, infiltré grâce à un passeport suisse dans l'entourage ministériel, découvre progressivement un être humain souffrant d'un douloureux cancer du foie et un courtisan victime d'une cabale pour le déconsidérer auprès des monarques. Veuf, Courilof a épousé en seconde noces, sa maitresse, une artiste, de surcroît française. Il a dérogé.

Cette faute ne peut être pardonnée que par la répudiation de l'impure épouse ! le tsar et la tsarine honoreront de leur présence le bal donné par Courilof à l'occasion du mariage de sa fille, si et seulement si, son épouse est évincée … Drame cornélien pour le vieux ministre dont le coeur balance entre l'avenir de sa fille et l'amour de son épouse.

Marcel Legrand est touché par la dégradation de l'état physique du courtisan malade et observe les luttes d'influences au sein de la cour impériale. Va t il opter pour « vous n'aurez pas ma haine » ou pour « vous n'aurez pas ma pitié » ?

Irène Némirovsky passe au karcher une cour impériale corrompue et décrit avec finesse les réflexions et les doutes de Marcel Legrand balançant entre l'éthique médicale et l'ardeur révolutionnaire.

Publié en 1933, ce roman se présente comme la confession du terroriste décédé paisiblement à Nice en 1932. J'aime relire cette « affaire » dans cette édition illustrée par Constant le Breton en 1936, que mon grand-père annotait à l'époque de l'exécution de Gorguloff, l'assassin du Président Paul Doumer.

Ecrit d'un style très moderne, ce récit n'a pas pris une ride, et est aussi éternel que « Le bal » ou « Suite française »

PS : le Bal
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          822



Ont apprécié cette critique (82)voir plus




{* *}