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Critique de DianaAuzou


Sans aucun doute Irène Nemirovsky touche les coeurs, avec un baume fait maison, avec une pointe acérée aussi, et surtout avec l'inattendu qui éveille, surprend, souvent contrarie, et toujours réfléchit sur les comportements nés d'un vécu, meurtris par un événement ou par une histoire.
La danseuses est prête à entrer en scène, mais avant elle cherche dans Les cartes l'amour, la fortune et le succès qui ne viennent plus. "Elle répète machinalement : amour, fortune, succès, mais elle n'y croit plus. Voilà son mal."
Chercher de fausses routes, pour finalement arriver nulle part, serait-ce, peut-être une façon choisie par la vie pour nous dire que sa ruse a bien marché ?
Magie, maître de son destin ? il y a des philosophes et des adeptes de l'existentialisme, mais souvent la vie sourit et nous fait vivre des moments qu'elle a choisis pour nous avec des erreurs et des mailles manquées !
La Grande Allée - une triste vérité fait entendre sa voix : suivre la foule, écouter et respecter aveuglement des structures sociétales où la réflexion manque et la guerre guette et gagne.
Film parlé, celui d'Eliane, vieille entraîneuse et de sa fille Anne qui oublie sa rancune envers sa mère quand la nécessité est plus forte. L'oeil d'Irène Némirovsky, collé à la caméra en vrai cinéaste, suit chaque geste chaque expression des visages, les déplacement des personnages dans le temps et dans l'espace en flash-back, longs travellings, fondus enchaînés, champs contre champs où le dialogue est percutant. La maîtrise de l'image est parfaite.
Les vierges, c'est un cri, celui du personnage Camille. Épouse, mère, femme abandonnée, une vie de douleur, sans bonheur, elle a la quarantaine mûre maintenant et parle à sa soeur et aux amies vieilles filles vierges, de son vécu, mais avec "l'inimitable prestige de l'expérience... comme un musicien, un artiste, un créateur de génie à de petites demoiselles de pensionnat qui jouent la Sonate au clair de lune avec des hésitations, des fausses notes et des repentirs."
"...je n'ai jamais été heureuse... ce n'est pas du bonheur. C'est un goût que l'amour seul peut donner à la vie, un goût de fruit, sapide, juteux, presque un peu âpre..." C'est "la vie toute crue."
"J'avais été malheureuse, c'est vrai... J'envie vos existences tranquilles mais...j'ai été riche, vous comprenez, j'ai été comblée, et vous, vous n'avez jamais rien eu... Alors, ma tante Alberte, laissa tomber son tricot, porta ses mains à ses paupières et, tout à coup, éclata en sanglots.
-Qu'est-ce qu'il y a Alberte chérie ? Je sais, je comprends, tu as pitié de moi, tu pleures...
- Pitié de toi ? répondit Alberte. Oh ! non ! pas de toi, Camille."
La vie peut blesser, faire très mal, salir, mutiler, mettre en petits morceaux, mais c'est tout ce qu'on a, comment sentir son goût si on ne la vit pas en la regardant droit dans les yeux ?
Des être dupés par Dame Fortune, moqués par la Vie, et bafoués par le Destin qu'on veuille accepter ou pas, mais leurs cris s'élèvent et traversent les temps avec celui d'Irène Némirovsky, ils ne sont pas seuls.
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