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Critique de Bricyclette


Après avoir lu deux livres de Hans Fallada traitant du nazisme et de sa montée vue sous l'angle allemand, j'ai eu envie de reprendre le point de vue français avec Suite française d'Irène Némirovsky dont j'avais vu l'adaptation au cinéma.

J'ai de beaucoup préféré la version originale et littéraire à l'adaptation cinématographique car je la trouve trop mièvre par rapport au texte.

J'ai beaucoup apprécié la manière dont l'auteur aborde l'exode de 1940 puis l'occupation dans un petit village. Grâce aux différents personnages, cela rend les évènements très vivants. J'avais l'impression d'en faire partie moi aussi. Au cours de la partie Tempête en juin, j'ai parfois été perdue par le foisonnement des personnages.

Je suis d'autant plus impressionnée par la profondeur des propos et certains passages (voir les citations) que ce livre a été rédigé en 1942, donc en pleine guerre. Et c'est grâce à la formidable mobilisation du milieu littéraire de l'époque et surtout d'une des filles de l'auteur que nous avons la chance de lire ce texte qui a d'ailleurs obtenu le prix Renaudot en 2004. Quand j'en mesure la qualité, je regrette d'autant plus qu'il soit inachevé, l'auteur ayant prévu d'ajouter une suite à Tempête et Dolce : Captivité et les deux autres.

De nombreux passages m'ont beaucoup touchée et intéressée. J'ai particulièrement aimé le cheminement de pensée de Lucile qui oscille entre la reconnaissance des qualités de l'officier qui loge chez sa belle-mère et son dégoût de ce qu'il représente à ses yeux à savoir la cruauté des Allemands, les atrocités de la guerre… J'ai été particulièrement agacée par Mme Angellier. J'ai été gênée par son côté rigide, frigide, autoritaire, acariâtre… Je l'ai trouvée tout simplement insupportable et en même temps, j'ai essayé de lui trouver des circonstances atténuantes : une vie sans amour, sans joie, sans fantaisie…

J'ai été sensible à la différence que l'auteur fait entre la manière dont les personnes les plus instruites et fortunées vivent le quotidien de la guerre, leur réflexion sur les soldats, la vie quotidienne, et les personnes qui ont moins d'instruction et qui souffrent le plus des restrictions alimentaires.

Tout comme dans le livre de Jean-Luc Bizien (Marie Joly), j'ai été très séduite par le portrait des officiers allemands que dresse Irène Némirovsky. Des hommes qui font leur devoir de soldat sans joie mais par devoir, autrement dit des hommes ni mieux ni moins bien que les Français de l'époque. "Madame, je suis soldat. Les soldats ne pensent pas. On me dit d'aller là-bas, j'y vais. de me battre, je me bats. de me faire tuer, je meurs. L'exercice de la pensée rendrait la bataille plus difficile, et la mort plus terrible.

Excellente lecture estivale instructive dont j'ai apprécié le fond et la forme.
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