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Critique de Woland


Etoiles Notabénistes : ******

Böser Wolf
Traduction : Jacqueline Chambon

ISBN : 9782330058746

Le titre du roman s'inspire évidemment du célèbre personnage de contes pour les enfants connu sous le nom du "Grand Méchant Loup" mais aussi d'une marionnette représentant un loup, d'ailleurs très sympathique, qui fut longtemps le jouet préféré de la petite Louisa Finkbeiner, cinq ans à peu près, jusqu'à ce que, au grand désespoir de son institutrice et de ses parents, en particulier sa mère, Emma, enceinte à 39 ans pour la deuxième fois et presque à terme quand début l'histoire, elle commence à manifester de brusques changements d'humeur, passant de la colère violente au mutisme le plus absolu et dormant visiblement fort mal la nuit. Qui pis est, Emma découvre un jour une paire de ciseaux sous l'oreiller de sa fille et, dans la poubelle de la salle-de-bains de l'appartement qu'elle occupe chez ses beaux-parents avec son mari, Florian, la fameuse marionnette du loup, impitoyablement et soigneusement découpée en petits morceaux. Son mari, médecin, a beau lui affirmer qu'il ne s'agit là que d'une phase dans le développement de leur fille, la mère s'inquiète. Elle est donc déjà bien mal dans sa peau quand elle tombe sur des préservatifs dans la poche de l'un des vestons de son mari, signe indiscutable qu'il la trompe. Avec qui ? Est-ce parce qu'elle en est à son huitième mois de grossesse bien entamé ? Ou pour une autre raison ? Toujours est-il que, après une explication orageuse, Florian quitte l'appartement, y laissant sa femme et sa fille, en sûreté auprès de ses parents, Josef et Renate Finkbeiner.

Le grand-père de Louisa, Josef, a jadis fondé une organisation caritative pour les enfants abandonnés et/ou en difficultés, Sonderkinnen e. V. Certaines mères célibataires y étaient aussi accueillies. Josef et Renate, qui avaient déjà un fils, ont eux-mêmes adopté certains de ces enfants : Corinna, Sarah, Ralph & Nicki. Devenue adulte, Corinna a d'ailleurs épousé Ralph - aucune précision n'est apporté sur les dispositions légales qui ont pu le permettre d'ailleurs et on peut le regretter . Emma s'entend bien avec tous mais surtout avec Sarah. C'est donc à celle-ci qu'elle fait part de l'adultère de Florian et, événement qui a fait encore grimper la tension, de la découverte, suite à un examen médical subi par Louisa après une chute de poney, de plaies et de blessures à l'entrecuisse et jusque dans le vagin de la petite. Ces plaies, a précisé le médecin, sont anciennes. Mais qui a pu abuser de l'enfant ?

Bien sûr, Emma songe à son mari, pour qui la petite a toujours eu un faible affectif et qui, tous les samedis, vient prendre l'enfant en vertu de son droit de visite. Mais, d'interrogation en interrogation, elle va voir s'épaissir cet inquiétant mystère qui met en danger l'équilibre psychique et moral de sa fille. Par exemple, alors que ses beaux-parents sont partis à Berlin pour le week-end, elle déniche au grenier, parmi les cartons dans lesquels Renate a pieusement conservé les souvenirs d'enfance de ses rejetons, le biologique comme les adoptifs, celui réservé à la jumelle de Florian : Michaela. Or, de cette jumelle, jamais, jusqu'à ce qu'elle extirpe le carton de la poussière sous lequel le temps l'a enseveli, Emma n'avait jamais entendu parler : c'était comme si Michaela n'avait jamais existé ...

De leur côté, Bodenstein, remis en selle après sa désastreuse aventure sentimentale de "Vent de Sang", et Pia Kirchhoff, promu à un grade supérieur, travaillent toujours ensemble, avec l'équipe habituelle, sur la découverte du corps d'une adolescente de quinze ans, découverte dans le Main mais avec de l'eau chlorée dans les poumons. Comme il s'avère pratiquement impossible de découvrir son identité - il faudra en fait trois semaines pour que l'appel au public passé dans la presse fasse effet - ils baptisent la jeune victime l'"Ondine" et s'interrogent entre autres sur les débris de coton rose, portant encore une inscription en blanc visiblement incomplète découverts dans son estomac.

Vient ensuite la découverte, dans le coffre de sa propre voiture, nue, attachée et sauvagement violentée, de Hanna Herzmann, célèbre présentatrice d'un talk-show très en vogue, qui est passée bien près de la mort et qui, suite au choc subit, souffre d'une amnésie provisoire. Evidemment, on n'atteint pas au niveau de Mme Herzmann sans s'attirer des inimitiés mais peu à peu, très lentement, se dégage l'impression que c'est le prochain sujet qu'elle comptait traiter à la rentrée - et qu'elle avait classé top-secret - qui se trouve à l'origine de ses malheurs.

En troisième position, arrive l'assassinat, dans des conditions très sadiques, d'une psychothérapeute, Leonie Verges, qui avait vraisemblablement mis Hanna sur la piste d'un très gros scandale qu'elle s'apprêtait à dénoncer dans son émission. Malheureusement - en tous cas, c'est ce que pensent tout d'abord les policiers - elle l'avait du coup mise en contact avec Bernd Prinzler, ancien membre du gang des "Road Kings", qui s'était fait défendre jadis par M° Kilian Rothemund, lequel était "tombé" peu après pour ... pédophilie. Son ancien camarade de promotion, Markus Maria Frey, le procureur qui se trouve en charge de l'Affaire de l'Ondine, avait alors eu une attitude que, en dépit des circonstances, on pourrait taxer de choquante. Sortant de son devoir de réserve, il avait monté une campagne de presse acharnée contre Rothemund.

De toutes façons, chaque fois qu'un nouveau fait et qu'un nouveau corps, vivant ou mort, viennent s'ajouter à la liste des affaires qu'ont à traiter Bodenstein et son son équipe, toujours, la haute et aimable silhouette du procureur Frey se dresse presque aussitôt, "venant aux nouvelles". Ce qui finit par susciter d'abord la surprise, puis de l'agacement et enfin une certaine méfiance chez les enquêteurs. En outre, comme par un fait exprès, Frey compte également parmi les enfants adoptés par les Finkbeiner. Ajoutez à cela une sombre affaire de "bavure" de la police - deux motards des "Road Kings" et la "taupe" qui avait infiltré le groupe, Erik Lessing, abattus il y a plus de dix ans sans qu'on puisse mettre un nom sur le tireur - et vous aurez une vue relativement complète de ce roman qui se dévore lui aussi d'une traite et dont la chute est glaçante - mais pouvait-elle être différente avec pareil sujet ? ...

Quoi qu'il en soit, bonne lecture ! ;o)
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