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Critique de encoredunoir


On commence à bien connaître Mike Nicol, ce qui permet de passer plus facilement outre une couverture que l'on qualifiera pudiquement de baroque pour s'intéresser au contenu de ce nouveau roman de l'auteur sud-africain.
On retrouve ici, après du sang sur l'arc-en-ciel, le détective-surfeur-dealer d'herbe Fish Pescado et, surtout, sa compagne Vicki Kahn qui a ici intégré le SASS, les services secrets sud-africains, et se trouve entraînée dans une histoire qui la dépasse. Au moment où elle tente de convaincre la maîtresse du fils du président de dénoncer ce dernier, responsable d'un trafic d'êtres humains, on tue au Cap le colonel Kolingba, qui préparait un coup d'état en République centrafricaine. Quant au président sud-africain, au centre de ces différentes intrigues, personnage imbu de lui-même, corrompu et prompt à agresser sexuellement les belles femmes qui passet à sa portée – on reconnaît sans peine un double romanesque de Jacob Zuma – le moins que l'on puisse dire est qu'il joue avec le feu.
Entraîné à la suite de Vicki et Fish dans une partie de billard à trois bandes entre pouvoir corrompu et services secrets minés par les dissensions internes, le lecteur est volontairement laissé par Mike Nicol dans le brouillard. Comme les personnages principaux, il devra petit à petit démêler les fils de cette pelote pleine de noeuds et accepter peut-être de ne pas tout savoir. Bourré d'angles morts mais surtout de personnages hauts en couleurs et de scènes épiques, L'Agence est un thriller d'espionnage, un polar politique de haute volée.
Convoquant comme toujours l'histoire pour mieux montrer la manière dont elle laisse des traces durables et comment dans l'Afrique du Sud post-apartheid, elle a pu servir à la fois de paravent et de marchepied à une caste corrompue qui abandonne le pays à la violence et creuse encore les inégalités, Mike Nicol crée à travers ses romans un monde de fiction cohérent (on retrouve encore des personnages, comme Mart Velaze, qui apparaissent dans d'autres séries de l'auteur) peuplé de personnages particulièrement bien incarnés. Il se fait le chroniqueur acerbe d'une société sud-africaine minée par la violence et une classe politique médiocre guidée par ses seuls intérêts. Cela pourrait être lénifiant, caricatural, mais Nicol, romancier de talent, en fait une fois encore le théâtre d'un livre trépidant dans lequel l'action n'est jamais un but en soi mais vient soutenir un propos incisif et bien moins manichéen que ce que l'on pourrait penser. Car derrière les scandales, les divisions, il y existe aussi, nous dit-il, des femmes et des hommes qui agissent encore pour rendre leur monde un peu plus vivable. Reste à savoir si cela peut suffire.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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