Trois pépites du roman noir pour illuminer la fin de l'année. Direction plein nord avec Arnaldur Indridason dont le second roman de sa célèbre série, Les roses de la nuit, sort enfin en français. Plein sud avec Mike Nicol qui poursuit sa contre-histoire de l'Afrique du sud avec un roman ravageur, L'Agence. Et plein ouest, à la suite d'un auteur français de grand talent, Alexandre Civico, qui propose de partir pour Atmore, Alabama.
"Les roses de la nuit" d'Arnaldur Indridason, traduit de l'islandais par Eric Boury, Métailié
"L'agence" de Mike Nicol; traduit de l'anglais par Jean Esch, "Série noire", Gallimard
"Atmore, Alabama" d'Alexandre Civico, Actes sud
+ Lire la suite
Pendant une révolution il y a toujours des gens qui se font du fric, des gens qui le dépensent en menant la belle vie. Ça s'est fait à l'époque. Ça se fait encore.
Putains de politiciens.
Nous aussi on s'est fait du fric, n'oublie pas. On s'en est mis sous le coude.
Tu te souviens, lui dit-elle avec une lueur dans le regard, des premiers mots que je t'ai dits?
- J 'espère que vous voulez faire l'amour.
Elle sourit.
- Qu'elle mémoire!
- C'est le genre d'entrée en matière qu'on oublie difficilement.
- Vous avez mieux à faire?
- On a une société à gérer.
- S'occuper de vieilles peaux qui font des safaris chirurgicaux! Tu parles d'un boulot, Mace. Ça s'appelle entuber les riches et les célèbres.
Il y avait quelque chose de bizarre, se dit Mace, dans la façon dont fonctionnaient les choses : quand on croyait avoir réussi à mettre de l'ordre dans sa vie, en fait, ce n'était pas le cas.
Si tu les tues, tu ne retrouveras pas le gamin », avait dit Black Aron à Tamora. Ce n’était pas son rôle de faire des commentaires, mais parfois, il s’y risquait. Comme la fois où Tamora portait un pantalon, une veste (sans caraco ni soutien-gorge dessous) et des chaussures à talons vertigineux pour un dîner avec des types influents. Quand vous la voyiez comme ça, avec ses cheveux courts en épis, silhouette fine, vous ne pouviez pas imaginer qu’elle dirigeait le gang des Mongols et gagnait sa vie en faisant le trafic d’ormeaux. Vous ne pouviez pas imaginer que des types tatoués et édentés lui obéissaient.
J'ai découvert à travers le monde que ceux qui font confiance ne se réveillent pas toujours. Pendant qu'ils dorment sur leurs deux oreilles, parfois, on leur tranche la gorge... Donc, herr Dr Schultz, je suis à court de confiance.
Ducky lui décocha un sourire grimaçant ; le genre de sourire que doit avoir une hyène en envoyant un jeune zèbre au tapis.
Un solo de guitare électrique rugissait dans les écouteurs nichés au creux des oreilles de Mohammad Hashim. Black Sabbath : Paranoid. Ce n'était pas la musique préférée de Muhammed Ahmadi.
Restez-moi fidèle, chef, tout ira bien pour vous. » Ce qu'il a fait. Il a baissé la tête, il est devenu un homme Teflon. Pour autant, il ne sait rien sur elle. Il ignore à qui elle rend des comptes. « Travail au noir, chef. Noir, noir, noir », lui a-t-elle dit en l'engageant. « Comme si nous n'étions pas assez noirs. » En riant de sa plaisanterie. D'une voix légèrement enrouée, toujours calme.
En politique, dit le Dr Kiambu, on a toujours des ennemis. Certains d’entre eux vont vouloir vous tuer. Moi-même, en ce qui concerne les dictateurs, je trouve que c’est une bonne chose. L’élimination. C’est ce qui devrait arriver au Zimbabwe, non ? Ils auraient du descendre Mugabe il y a longtemps.
Il aligna une série de single malt sur le bar : Glenmorangie. Speyburn. Ben Nevis. Laphroaig.
Laphroaig, le seul que reconnut Mace.
- Vous seriez d’accord avec moi, pour Mugabe ? Un si bon dirigeant, au début. Mais il gagne de l’argent, il a du pouvoir, une nouvelle et jeune épouse, qu’est-ce qui va arrêter un homme quand il a ces choses-là ?