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02 janvier 2015
Tel est le rêve, qui tournera finalement au cauchemar
Avec brio et sous forme d'une lettre à Raymond, Fabrice Nicolino revient sur l'histoire accablante de la l'agriculture construite par les pouvoirs publics depuis le début du vingtième siècle et particulièrement depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Car il s'agit bien de la construction d'un « vaste merdier »…

L'auteur montre que sous le plan Marshall, il y avait bien « un plan ». Il présente l'inondation des « marchés européens d'aides matérielles sous la forme de belles productions américaines », le rôle de l'industrie cinématographique, « un pulpeux imaginaire », dans la construction du « seul avenir désirable ». Et avec le plan, le rôle de la chimie de synthèse, du DDT…

Pouvoirs publics, INRA, CNJA et FNSEA, « révolution définitive de l'agriculture », pesticides, maïs industriel, herbicide (l'acide 2,4-dichlorophénoxyacétique… plus connu sous le nom d'agent orange, massivement déversé sur le Vietnam par l'aviation étasunienne). Changer de nom, habiller d'un nouveau nom une « modernité » frelatée et toxique, parler de « phytopharmacie »… La « France consommerait des pesticides par centaines de milliers de tonnes, qui pourriraient les sols, les rivières, les nappes phréatiques, les fruits, les légumes, l'air, l'eau de pluie et la rosée du matin », pour le intérêts bien compris de Rhône-Poulenc, Monsanto, Bayer, Syngenta, BASF, etc.

N'oublions pas la transformation des animaux « vivants et sensibles en simples choses, en autant d'objets », de la barbaque sur pied… Je me souviens de cette infâme campagne « sauvez le boeuf ». Et déjà les sélections génétiques à outrance, les puretés de la race…

Les savoirs paysans confisqués par les experts, des « sachants » déniant les choix démocratiques. Il fallait nourrir mais surtout « conquérir les marchés extérieurs ». Une grandeur agroalimentaire comme la grandeur nucléaire…

Et après « le triomphe d'une vision industrielle de la forêt. Les pins sont aussi monotones que les épis de maïs de l'agriculture intensive », le remembrement des terres, « une révolution des paysages et un incroyable hold-up sur les terres »… « A l'arrivée, 17 millions d'hectares – 170 000 km2 ! – sur 29,5 millions d'hectares de surfaces agricole utile (SAU) ont été remembrés », des kilomètres de haies et de talus boisés arasés, entrainant l'augmentation du ruissellement, la disparition des animaux…

Ici l'INRA, au niveau mondial, la Food an Agriculture Organization (FAO) et plus que l'accompagnement de l'industrialisation de l'agriculture. Surabondance, malnutrition et famines, « le nombre d'affamés croît, dans un monde où l'obésité explose ».

Et aujourd'hui, les agrocarburants, les « nécrocarburants » comme les nomme l'auteur, « Changer une plante alimentaire en carburant automobile, dans un monde qui compte un milliard d'affamés, n'est-ce pas sans discussion possible un acte criminel ? ». Et aussi, les millions d'hectares de terres achetés par des Etats, des transnationales, les industriels français, un accaparement sous forme d'accumulation et d'expropriation, la redistribution de l'espace par « le carnet de chèques »…

Il faut raconter cette histoire et souligner les responsabilités et les culpabilités dans la construction de ce « vaste merdier ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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