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Critique de gruz


gruz
09 septembre 2022
Il est de ces personnages dont vous sentez, dès les premiers mots de la rencontre, qu'ils vous resteront gravés en mémoire. Darwyne est de ceux-là.

Colin Niel revient sur les terres guyanaises qui ont fait l'écrivain qu'il est, au plus près de cette jungle gigantesque et des femmes et des hommes qui tentent d'y survivre. Parce que la misère est bel et bien là, aussi pesante que l'environnement même.

Darwyne vit avec sa mère dans le Bidonville de Bois Sec, dans une maison qui n'en a presque que le nom, bringuebalante et directement accolée à la forêt infinie. Régulièrement surgissent des beaux-pères, qui ne font pas long feu dans le décor, le numéro huit venant de faire son apparition.

Tout le monde dit que l'enfant n'a pas été gâté par la nature, du fait de son infirmité et du peu d'allant qu'il montre face à l'instruction des Hommes. Pour lui, seules comptent deux choses. Sa mère comme la prunelle de ses yeux. Et la jungle où il se sent comme dans son élément, partie intégrante d'elle.

L'arrivée de Mathurine, employée à la protection de l'enfance, va chambouler cet « équilibre » très précaire.

Darwyne est de ces enfants de la littérature qui traînent, bien malgré eux, une aura magnétique, presque magique. Cet enfant est touché par le sort mais aussi par la grâce ; différent.

Son amour fou pour sa mère est une des pièces centrales de cette histoire aussi noire que profondément émouvante. Attendez-vous à ressentir des émotions fortes, ambivalentes, à travers des scènes parfois déchirantes.

Il n'est pas aisé de créer ainsi un personnage de papier qui marque autant les esprits. Colin Niel fait preuve d'une épatante expressivité, et a trouvé le liant pour qu'on s'attache fermement aux basques de ce petit être étonnant.

A travers lui, c'est une peinture en noir obscur de la Guyane et de sa pauvreté endémique. Il est compliqué de préserver l'innocence dans de telles conditions, surtout quand elle transparaît dans la différence.

Mais ce gamin n'est pas qu'une banale victime expiatoire, sa dissemblance est sa force, d'avantage encore au sein de cette Amazonie terre de mystères.

Le roman est relativement court, moins de 300 pages, mais suffit à faire passer un flot puissant d'émotions.

J'ai bien un regret, celui de ne pas voir l'auteur aller plus loin dans le sentier qui mène aux croyances, mythologies et superstitions de cette région du monde. Il y avait matière à aller plus en profondeur encore et lâcher la bride de l'imaginaire. C'est cependant un choix qui se tient, à rester au plus près du vrai, et qui ne remet pas en cause la force de ce récit.

Car il est aussi question de monstres, dans cette histoire à plusieurs niveaux de lecture.

Darwyne, le bien nommé, enfant forêt, questionne les racines qui sont en nous. Hurle son amour de la terre et des espèces ; respect de la différence comme une richesse.

Colin Niel touche au coeur avec ce roman noir qui ne peut laisser indifférent ceux qui en ont un. Sans aucun doute un roman et un personnage qui laissent des traces au fur et à mesure où la magie se révèle et où les secrets se dévoilent.
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
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