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Critique de Gwen21


Attention, cette critique contient autant de spoils que le Nutella d'huile de palme.

Best-seller classé par les Britanniques dans le top BBC de leurs oeuvres fétiches, "Le temps n'est rien" m'a laissée de marbre et je frémis en pensant qu'il côtoie dans cette sélection Dumas, Hugo, Tolstoï, Orwell, García Márquez ou encore Jane Austen.

Rien de louangeur à dire hélas sur "Le temps n'est rien" ; rien à retenir. Et pourtant j'apprécie les récits de voyage dans le temps et ici, justement, il est question de Henry, voyageur spatio-temporel. Mais attention, Henry ne s'amuse pas à parcourir la frise du Temps pour voir comment les Egyptiens ont érigé les pyramides ou comment Christophe Colomb a débarqué aux "Indes" ; non, Henry se promène entre les sixties et les années 2000 pour revivre des moments qu'il a déjà vécus. Choix narratif douteux.

Henry est beau gosse, Henry a une haute opinion de lui-même sous des dehors jeune-faon-inconsolable, Henry parle anglais, français, allemand et la langue des femmes avec... sa langue ("Si le cunnilingus était une discipline olympique, je serai champion."). Henry apparaît à des époques diverses, nu comme un ver, en général dans un environnement frigorifiant (la majeure partie du roman se situe à Chicago, faut-il rappeler qu'en hiver, Chicago est ensevelie sous la neige par -25° ?) et jamais au même âge. Il atterrit (sans soucoupe volante ni Delorean) fréquemment dans "le Pré", le jardin de la maison familiale de Claire qu'il voit pour la première fois lorsqu'elle a six ans et lui trente de plus... Leur grande histoire d'amour commence alors car Henry connaissant le futur, il sait que Claire sera sa femme.

Oui, il le sait, aussi sûrement que 2+2=4, et pour moi c'est déjà là que le bât blesse. Aucun suspense, aucune attente pour le lecteur puisque Henry ne peut influer ni sur le passé, ni sur le présent ni sur l'avenir. Il ne peut rien révéler non plus à part les bonnes cotations en Bourse, seul point délictueux et immoral du récit - ô frissons ! Donc, au final, le lecteur tient le rôle ingrat du spectateur passif de plus en plus lassé des sauts dans le temps de Henry (et qui donnent au lecteur une furieuse envie de faire des sauts dans la pagination) ; sauts dans le temps qui surviennent à peu près toutes les trois pages, on est plus vraiment sur un puzzle à ce rythme mais sur un écrasé de pommes de terre. Si les lieux changent peu lors des déplacements spatio-temporels de Henry (inexpliqués, inexplicables et pas crédibles), notre héros change par contre très souvent d'âge, âge qui ne correspond jamais à celui de Claire, j'ai rapidement renoncé à chercher une homothétie.

Je disais donc que le lecteur n'est qu'un spectateur passif qui doit s'enquiller 520 pages de descriptions répétitives et trop fournies du type : elle prend sa tasse, elle plonge sa cuillère, elle remue, le thé prend une couleur de caramel trop cuit, elle ajoute un sucre, elle le regarde se dissoudre en petits grains, elle remue à nouveau, elle souffle pour refroidir le breuvage, elle... Est-ce qu'elle va le boire son p***** de thé, bordel !?

Sans compter qu'on ne coupe à aucune apparition de Henry nu comme un ver et qui doit en priorité se procurer vêtements et nourriture - comme Mario Bros s'il veut continuer la partie - après avoir vomi - un effet peu glamour du voyage spatio-temporel pour lequel il lui est interdit d'emporter quoi que ce soit, même pas un charitable sac à gerbe.

Moi, ce qui a failli me faire rendre le contenu de mon estomac à plusieurs reprises, ce fut la surdose de sucré et de guimauve de cette histoire. L'histoire d'un couple promis à une passion atypique et dont le seul désir au final est d'être un couple de "gens normaux", tellement mesquin de la part de l'auteure. Sans compter qu'Audrey Niffenegger prend son lecteur pour un abruti. Pour être certaine qu'il a bien compris qu'elle lui offrait un drame - et non une vulgaire romance -, elle répète à l'infini les éléments dramatiques (six fausses couches étaient-elles nécessaires pour qu'on pige que Claire et Henry avaient du mal à procréer ?). Je pose la question. J'dis ça, j'dis rien.

Comme ce billet est déjà long pour un roman qui, de mon point de vue, n'en vaut pas la peine... Un roman bourré jusqu'à la gueule de bons sentiments, à faire pâlir de convoitise les quatre demoiselles March.


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