Criminal Macabre - Omnibus 01

Ce tome contient les 15 premiers épisodes de la série "Criminal Macabre" parue à partir de 2003, soit les histoires A Cal McDonald mystery, "A letter from B.S.", "Love me tenderloin", Last Train To Deadsville et Supernatural freak machine.

"A Cal McDonald mystery" (illustré par Ben Templesmith, 136 pages) - Cal McDonald subit un interrogatoire au troisième degré dans un commissariat. Il recommence pour la deuxième fois son histoire depuis le début. Alors qu'il remontait la piste d'un vampire à Los Angeles, il a surpris une conversation qui semblait indiquer que des vampires se sont associés à des loups-garous et des zombies pour préparer un gros coup. le fait qu'ils soient capables de s'organiser et de s'associer défie les lois surnaturelles. Cal McDonald fonce dans le tas et dérouille sévère. Il fait connaissance avec Gretchen Brueger (une inspectrice de police) qui le suit dans sa recherche de Maynard Crandall. Il dispose également de l'aide de Mo'lock, son fidèle second qui est un goule.

"A letter from B.S." (illustré par Ben Templesmith, 8 pages) - Cal McDonald reçoit une lettre écrite par un homme mort qui lui demande de l'aide pour contacter sa chérie. McDonald n'a qu'à circonvenir deux goules pour réussir.

"Love me tenderloin" (illustré par Ben Templesmith, 26 pages) - Gretchen Brueger demande l'aide de Cal McDonald pour enquêter sur un crime immonde. À coté du cadavre, la police a retrouvé un tas de bidoche animale arrangée pour évoquer un corps humain, le tout dans un abattoir. Brueger et Mo'lock aident McDonald à démêler les indices.

"Last Train To Deadsville" (illustré par Kelley Jones, 90 pages) - McDonald et Mo'lock mettent un terme à leur enquête sur les exactions perpétrées par une momie, en fracassant la moitié de la collection égyptienne du musée. Juste après une famille de bouseux vient demander l'aide de Cal pour exorciser leur rejeton qui est possédé. Cette fois-ci, Cal ne doit son salut qu'à l'intervention de Sabrina Lynch, une journaliste spécialisée dans la presse à scandales.

"Supernatural freak machine" (illustré par Kelley Jones, 109 pages) - le docteur Polynice est spécialisé dans le tronçonnage de corps humain pour assembler les membres diverses et variés d'une façon que la nature n'a pas prévue. Il en veut mortellement à Cal McDonald qui l'avait fait coffrer. Après avoir résolu un cas de voiture possédée, Cal McDonald doit sauver celle qu'il aime des griffes et des expérimentations de Polynice.

Le personnage de Cal McDonald a été créé par Steve Niles qui a écrit toutes les histoires du présent recueil. Il est également connu pour avoir créé et écrit la série 30 Days of Night. Il m'a fallu un peu de temps pour capter le ton narratif de ces histoires. Steve Niles écrit pour des lecteurs familiers de clichés des histoires d'horreur avec vampires, loups-garous et zombies tels que filmés par la maison de production Hammer Film Productions (Coffret Hammer N°1: Dracula, prince des ténèbres / Les sorcières de Cyril Frankel / La femme reptile / Raspoutine le moine fou / Les vierges de Satan & Coffret Hammer N°2 : Frankenstein créa la femme / Frankenstein et le monstre de l'enfer / le redoutable homme des neiges / Dans les griffes de la momie / La déesse des sables). Il prend donc soin de mettre un paquet de monstres archétypaux, sans beaucoup de personnalité, avec de grosses bastons dans lesquelles McDonald peut faire sauter les cervelles, et perforer les corps desdits monstres. Son héros dérouille méchamment, et il éprouve les pires difficultés du monde à supporter son existence au milieu des monstres que personne d'autre ne voit. McDonald est un expert en extermination d'horreurs en tout genre, et il le fait bien. Malheureusement, touts les individus normaux qu'il fréquente régulièrement connaisse une fin atroce, déchiquetés, découpés, mangés (ou pire) par un monstre ou un autre.

Il règne donc un ton parodique dans les aventures de McDonald. Quels que soient le nombre de monstres et leurs natures, McDonald en viendra à bout souvent uniquement grâce à son opiniâtreté, sa force physique, son refus de laisser tomber, parfois par la ruse. Mo'lock sert de faire valoir pince-sans-rire, le clown blanc de l'auguste. Les monstres (sauf exception) ne sont pas très futés. Ce qui permet aux aventures de McDonald de se renouveler, c'est l'amour que porte Steve Niles aux monstres. Il prend le temps de décrire les agissements de la succube, il prend le temps de montrer les actions de la voiture possédée, il prend le temps de faire agir et de laisser parler Mo'lock. Ce qui est plus surprenant, c'est que Niles prend également le temps de dépasser les clichés pour donner une personnalité attachante à McDonald. Au cours d'un de ces récits, il est amené à expliquer sa situation à Gretchen Brueger, et Steve Niles montre que la prise de substances addictives prohibées régulière ne se limite pas à un simple artifice du scénario. Il y a derrière des motivations crédibles pour ces abus de psychotropes. Mo'lock ne se limite pas non plus à un simple faire valoir, il se dévoile petit à petit, au fil de ses sarcasmes. Et Sabrina Lynch ne se cantonne pas au rôle de la bimbo prise en otage par les monstres. Au fil des pages, Cal McDonald s'humanise pour devenir un personnage tragique.

La première moitié du tome est illustrée par Ben Templesmith qui a co-créé "30 days of night" avec Steve Niles. Il utilise un style graphique très singulier. Un tiers du temps les personnages et les décors se limitent à de simples gribouillis, de vagues silhouettes informes placées là pour indiquer qui se situe où par rapport à qui, dans une pièce sans identité. Ce type d'illustrations n'a d'intérêt que par la mise en couleurs, également effectuée par Templesmith qui a un don incroyable pour créer une ambiance à partir de camaïeux bleu-gris ou jaune-rouge. le reste du temps, ces illustrations oscillent entre une esquisse rapide pourvue d'un détail remarquable (les dentitions des monstres sont exceptionnelles), et une illustration plus détaillée traduisant une vision déformée de la réalité, orientée pour en faire ressortir l'horreur. Là aussi, le lecteur a parfois l'impression qu'il contemple des parodies d'illustrations qu'il faut prendre au second degré pour pouvoir les apprécier. Cette transcription déformée et exagérée des personnages et des monstres procurent l'avantage d'accentuer l'étrangeté des carnages et des mutilations, avec un effet déstabilisant qui fait naître un malaise. Ce style accentue également les effets comiques, comme pour la scène du goule sans bras s'allongeant par terre pour attendre que ça se passe.

L'autre moitié est illustrée par Kelley Jones dont le style représente un croisement entre Bernie Wrightson et une vision comique des monstres qui évoquerait presque l'esprit de dérision de Scooby Doo. Kelley Jones a lui aussi une vision assez particulière de ce qu'il dessine. Il a une grande affinité pour les monstres dont il sait faire ressortir les cotés contre-nature, soit en exagérant certains détails anatomiques (la protubérance des os des colonnes vertébrales, talent développé dans les épisodes de Deadman), ou insistant sur un détail en le dessinant avec plus de précision (les immondes textures de chair, ou les agrafes pour assembler des parties anatomiques hétéroclites). le style de Kelley Jones est donc également parodique et à regarder au second degré, même s'il tire vers un autre registre graphique que celui de Ben Templesmith. Jones apprécie également les beautés callipyges dont il met en valeur les formes vénéneuses.

Ces aventures proposent au lecteur un récit peuplé de monstres dérivatifs, mais qui font quand même peur, avec un héros relevant de la psychiatrie mais pour des bonnes raisons. Steve Niles construit des scénarios un peu décompressé qui ont l'avantage de laisser la place aux dessinateurs pour développer leur personnalité graphique qui s'avère très relevée pour l'un comme pour l'autre. Quelques pincées d'humour second degré (tant dans la narration que dans les illustrations) permettent de transformer ces histoires classiques en des récits délicieusement pervers.