Il n'y a pas beaucoup de librairies à Bujumbura, en tout cas il n'y en avait pas beaucoup quand j'y habitais. Alors j'ai acheté deux livres, dont celui-là, malgré sa couverture peu engageante. J'ai lu l'autre, [La femme au regard triste], alors que j'avais quitté le Burundi depuis longtemps, et que je me décide enfin à ouvrir celui-ci. Une préface dithyrambique qui présente ce livre comme le premier roman burundais, avec des qualités littéraires incontestables… Mouais…
En fait, j'ai trouvé un livre qui ne dépasse pas en qualité beaucoup de romans auto-édités (et qui donc, par définition, manquent d'édition). le style est lourd, l'écriture est pleine de clichés, pas la peine d'en rajouter. Faut-il aussi parler de la façon dont le statut de la femme est abordé ici (en gros comme la couche accueillante du guerrier vainqueur, c'est dit avec à peine plus de subtilité que cela) ?
C'est vrai que le roman traite d'un moment historique intéressant, celui de l'arrivée des blancs à la fin du XIXème siècle et de la façon dont ils prennent pied dans le pays en favorisant une révolte contre le roi. Mais la plus grande partie du livre se résume à une nuit de fuite, ce qui ne permet pas de suivre effectivement cette déchéance du roi, Mwezi Gisabo, et cette perte de pouvoir progressive que j'espérais comprendre.
Un livre tout à fait oubliable, donc, sauf peut-être un élément : ce livre a été publié en 1993 au Burundi, quelques mois avant la mort de l'auteur, mais aussi quelques mois avant le génocide d'octobre 1993 et le début de la guerre civile. Et dans ce livre, il n'y a aucune mention des deux populations. Les descriptions des personnages sont là, on voit bien que les critères de beauté pour les femmes désignent des tutsies, mais ce n'est jamais dit, alors que la société est alors fortement hiérarchisée. Je ne tirerai pas de conclusion de ce fait, mais c'est une remarque que je me suis faite à plusieurs reprises au cours de ma lecture.
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Il allait vivre dans ce regret amer qui nous étreint, et nous empêche de dormir, ce regret des actes que nous croyons bons et qui se retournent contre nous par nous ne savons quel mauvais sort.