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Critique de JeanPierreV


Un livre fascinant, un peu comme cette Islande !
Un livre qui sème le chaud, comme ses geysers et le froid comme ses glaciers. Un livre qui ne peut laisser indifférent.... Certaines parties vous retournent, vous donnent un grand plaisir de lecture, vous proposent découverte sur découverte, vous secouent les neurones, d'autres plus obscures vous donnent envie de tout laisser tomber, mais une petite voix intérieure vous dit de poursuivre...
Illska, le Mal en islandais est un livre multiple, à la fois roman d'amour entre Agnès, et deux garçons Omar et Arnor, rappel historique sur le nazisme et la collaboration qui l'aida à se développer quels que soient les pays occupés, et presque une étude sur le populisme, sur l'extrême droite européenne...sur ces mouvements qui dans de nombreux pays rejettent les noirs, les immigrés, les réfugiés...ces mouvements de cranes rasés souvent qui prônent la violence, sur leurs leaders souvent féminins qui "empruntent une bonne partie des termes de leur discours aux formations politiques "plus traditionnelles". Leurs dirigeants apprennent à s'exprimer de manière posée (plutôt que de postillonner et de vociférer), il se tiennent bien et sont même coachés par des conseillers en image et des agences de publicité. En revanche, leurs idées ne changent pas, même s'ils utilisent un autre vocabulaire et parlent de "diversité", de "population issue de l'immigration" plutôt que de "Hottentots" ou encore de"bachi-bouzouks".
Agnès est une jeune femme, d'origine juive lituanienne, émigrée en Islande..Tous les membres de sa communauté ont été exterminés par des lituaniens passés au service des nazis..Sa grand-mère en a réchappé. Agnès veut rédiger une étude sur ces mouvements réactionnaires et populistes qui fleurissent en Europe, et souhaite comprendre leur origine, les mouvements d'adhésions que suscitent leurs messages de haine..et Eirikur Orn Norddahl, en la faisant réfléchir, en la faisant rechercher ses sources, et écrire son mémoire, nous secoue, nous interpelle, nous dérange, nous parle de l'origine de Tintin, des vitraux d'une église Autrichienne ... des discours de Haïder, de Marine LP...des multiples paradoxes des discours et pensées populistes et de différentes thèses d'auteurs connus.. Il y a là matière indéniable à réflexion.
Et pourquoi l'Islande ? Semble-t-il parce qu'Hitler aurait eu une tendresse particulière pour ce peuple...à moins que cette île au coeur de l'Atlantique n'ait eu un emplacement stratégique à ses yeux
En rédigeant cette étude, et en essayant de comprendre cette pensée populiste, Agnès rencontrera Arnor, jeune islandais, dont elle fit la connaissance à la lecture d'un article paru dans Renaissance Aryenne...Elle était amie avec Omar, d'origine lituanienne également...
Le lecteur naviguera souvent dans le brouillard au sein de cette relation à trois, émaillée et entrecoupée de pensées sur le nazisme, le populisme, passera d'une époque à une autre, d'un pays à l'autre, et sera un peu (beaucoup parfois) perdu, et aura du mal, en tout cas j'en ai eu, avec ces noms de villes ou de familles lituaniennes ou islandaises.
Au "Nous ne la savions pas" prononcé par les Allemands à la fin de la guerre, l'auteur fait dire à l'un de ses personnages : "Je m'efforce d'aller au coeur d'un certain nombre de choses. N'oublions pas Hiroshima, Auschwitz, Guernica, Pearl Harbour et Dresde. Si la Seconde Guerre mondiale nous a enseigné quelque chose, elle nous a appris l'oubli. À oublier de ne pas oublier. À ne pas oublier d'oublier de ne pas oublier. À ne pas laisser retomber la pâte."
Aujourd'hui, les éléments de langage ont évolué en: "Nous ne pouvons pas accueillir des gens..."
J'ai été à la fois très agacé, et passionné par ce livre, et n'en suis pas sorti indemne. Une lecture qui, entre le tout noir et le tout blanc de notre monde, comme celui de la couverture, vous interroge et vous aide à mieux l'analyser et le comprendre.
C'est ce qui compte le plus à mes yeux de lecteur.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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