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Citations sur Illska (29)

L’ »altérisation » est l’art de s’arranger pour que le monde semble composé d’individus fondamentalement différents de soi. Les autres sont dangereux, fous, méchants, stupides, il défendent des intérêts qui menacent notre conception du monde — et ainsi de suite. Étrangement (mais on pourrait ajouter : de manière compréhensible), les populistes (lire : les nazis) se retrouvent eux-mêmes régulièrement « altérisés » (du reste, ils sont à la fois dangereux, fous, méchants et stupides).

(Métailié, p. 66)
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"Alors que les gamines de son âge passaient leur temps dans les discothèques à boire des alcools forts, tripotant les garçons et crapotant des clopes, Agnès se plongea jusqu'au cou dans les charniers que ses ancêtres avaient creusé et au fond desquels ils étaient enterrés."
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"Nous ne savions pas, proclamaient les pancartes sorties par les Allemands dans les rues et sur les places les journées qui suivirent la fin de la guerre. C'était clair et net : Nous ne savions pas. La formule ne précisait pas la nature de ce qui avait échappé à leur attention. Le monde, la guerre, le nazisme. La phrase était dénuée de complément d'objet. Les Allemands ne clamaient pas leur innocence, du reste ça n'aurait pas servi à grand-chose, ils étaient vaincus. Ils déclaraient une ignorance qui n'avait aucune limite : Nous ne savions pas. Suite et fin. Nous ne savions pas l'heure qu'il était, à quel moment le jour se levait, à quel moment il finissait, à quel moment les fleurs fleurissaient, comment la musique naissait, pourquoi le ciel était bleu ou encore ce qu'étaient devenus tous ces gens. Simplement, nous ne savions pas."
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Et ça, alors ? Cette histoire sur la tendresse d’Hitler à l’égard des Islandais ne nous apprend évidemment rien sur l’intérêt véritable du Führer, elle n’est que la copie conforme de l’image que les Islandais ont d’eux-mêmes. Elle est le regard du grand Autre, qui voit son intérêt dans ce cri de guerre empreint de fierté. D’ailleurs, l’idée que le Führer ait envisagé d’ériger une petite colonie danoise de paysans pauvres au fin fond de l’Atlantique nord en exemple de la race aryenne est tout bonnement idiote. L’Islande avait évidemment une valeur stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale, mais les Islandais n’en avaient aucune. Le pays était un aéroport au milieu de l’Atlantique, et cela n’avait rien à voir avec la poésie de haut vol ou le courage – rien à voir avec la pureté du sang et les grands idéaux.
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Ce n'est pas la réalité qui vous transforme en imbécile, mais ce que vous craignez de voir devenir réalité. La peur de ce que vous redoutez de voir advenir. Le monstre caché dans le placard ou sous le lit n'a nul besoin d'exister pour vous mordre.
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Agnes se réveilla au milieu d’une conférence sur les bombardements de Dresde. Elle s’était endormie, cernée par le vacarme. Elle aurait eu envie de lever le doigt pour demander au professeur ce qui était arrivé à la ville. Si elle existait toujours… Si c’étaient les mêmes bâtiments ou de la reconstruction. Des reproductions exactes des maisons en ruine ou simplement des façades toutes neuves, comme à Dantzig. Pardonnez-moi, je voulais dire Gdansk.
Le grabuge, l’indécence : trois mille neuf cents tonnes d’explosifs. Trente-neuf kilomètres carrés saccagés. Trente-neuf millions de mètres carrés (ce qui correspond à la superficie d’un demi-million d’appartements de bonne taille). Trois millions neuf cent mille kilos de bombes, ce qui représente presque dix grammes d’explosifs par mètre carré.
Dix grammes ! Ce n’est rien du tout !
Pourtant, ils ont suffi à rayer de la carte cette partie de la ville. Il ne devrait plus y avoir qu’un trou béant à l’emplacement de Dresde, mais ce n’est pas le cas, un surprenant entêtement du sort en a voulu autrement. À l’emplacement de Dresde, on devrait voir une croix sur la carte mais il n’y en a aucune. Dresde est une ville fantôme, comme Disneyland, sauf que là-bas, les gens n’ont pas la tête aussi grosse et l’entrée est gratuite.
Le professeur conclut sa conférence en rappelant aux étudiants qu’il fallait se garder de comparer les bombardements de Dresde à l’Holocauste, puis les envoya en pause.
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Parce que le Danemark est bâti sur la tolérance.
Mais la Suède sur le consensus.
L'Islande, elle, est bâtie sur l'isolement et l'ignorance choisie.
A moins que je ne fasse là du mauvais esprit.
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Après avoir échangé des baisers à leur premier rendez-vous, puis au cinéma à leur deuxième entrevue (je ne considère pas leur rencontre dans la file d’attente du taxi comme un « rendez-vous »), Omar et Agnes décidèrent de s’offrir une balade en voiture la troisième fois qu’ils se virent. Agnes alla le chercher aux aurores chez lui, dans le quartier de Thingolt, et ils prirent la direction de la lointaine province de Fljotsdalherad, dans l’est du pays. Ils ne s’accordèrent aucune halte en chemin, la route était assez longue comme ça. Pendant le voyage, ils discutèrent de l’Holocauste, comme le font généralement les amoureux.
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Elle voulait écrire sur les nazis en chair et en os. Des hommes et des femmes jeunes et énergiques, capables de façonner l’avenir. Elle voulait écrire sur l’extrême droite et les populistes dans les partis politiques. Certes, elle ne manquerait pas d’être confrontée aux problèmes de définition – rien ne disait qu’on lui permettrait d’estampiller comme nazis l’ensemble des racistes populistes. Elle entendait toutefois démontrer les parentés idéologiques. Même si les racistes empruntaient depuis quelques années des voies plus « convenables » pour atteindre leurs objectifs, les objectifs en question demeuraient inchangés et leur mise en application tout aussi délétère. Elle souhaitait prouver que les racistes islandais s’inscrivaient dans un univers culturel européen qui soutenait l’assassinat et la malfaisance même si on avait remis ces prérogatives aux mains des polices des frontières, des bureaucrates chargés de la gestion des réfugiés et des gouvernements extérieurs à l’Europe qui se voyaient forcés de commettre de graves crimes contre ceux de leurs ressortissants qui voulaient quitter leur patrie d’origine.
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Arnor était convaincu que celui qui choisissait le nom du groupe avait plus d'emprise sur son avenir et pouvait plus facilement établir les règles que les autres membres. Celui qui choisit les mots gouverne la réalité.
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