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Critique de audreyreadz


Entre deux mondes, publié en 2017 aux éditions Michel Lafon, a été encensé par la critique et les lecteurs à sa sortie. Il a notamment reçu le prix du polar du Parisien et des Petits Mots des Libraires. J'avais donc beaucoup d'attentes et je n'ai pas été déçue.

La jungle de Calais, cet espace où plus de 10 000 hommes, femmes et enfants se sont retrouvés acculés, ne pouvant rejoindre l'Angleterre rêvée, est le sujet principal du roman.
Olivier Norek a mené un véritable travail d'enquête pour la rédaction de son oeuvre, policier de métier, l'écrivain a passé ses journées dans la jungle et ses nuits auprès de ses collègues calaisiens pendant deux semaines.
De cette expérience et des multiples échanges qu'il a pu entretenir avec des migrants, des journalistes, des humanitaires, des chercheurs, des habitants de Calais et des policiers, ressort un livre saisissant et très instructif.

Entre deux mondes ne ressemble pas à un polar ordinaire, il a tout du documentaire. C'est peut être cela qui m'a un peu déçu car, bien que l'auteur ait légèrement romancé la réalité et créé des personnages profondément humains, la froideur de l'écriture et son hyper réalisme m'ont tenu parfois à distance.
Malgré cela, j'ai apprécié que l'auteur démystifie cette zone de non droit, de non existence juridique.
Cette zone et ses occupants qui sont à l'origine du titre du livre : Entre deux mondes, celui des vivants et celui des morts, celui des réfugiés et celui des indésirables, les réfugiés "potentiels".
Le lecteur découvre ou redécouvre avec effroi les conditions de vie dans ce bidonville et la violence omniprésente dans la vie des migrants mais également dans la vie des policiers chargés de gérer l'ingérable.

Dans cette sombre histoire, nous allons suivre deux hommes et un enfant. Adam, policier syrien qui a fuit le régime de Bachar El Assad, Bastien, policier français ayant demandé sa mutation à Calais pour des raisons personnelles et Kilani, jeune soudanais sans famille.
Le destin de ces trois personnages va se trouver lié, ils vont s'entraider, apprendre à se connaître et devenir amis.
Le roman, construit en cinq parties, décrit le chemin emprunté par nos protagonistes mais également de façon générale par la plupart des migrants : fuir, espérer, résister, survivre puis sombrer.
Sans tomber dans le manichéisme, l'auteur se glisse dans la peau du migrant puis dans celle du policier.
Les policiers de Calais ne peuvent demander une mutation, doivent empêcher les migrants de monter à bord de camions de marchandises sans pour autant pouvoir les arrêter, doivent ramasser des cadavres, essayer de sauvegarder leur humanité quand ce qu'on exige d'eux est parfaitement inhumain.
Ce polar engagé dénonce les politiques et leurs ordres coupés de la réalité, il remet l'humain et le devoir de solidarité sur le devant de la scène et cela réchauffe un peu le coeur du lecteur.
Malgré cela, la fin du roman est douce amère, certains s'en sortent, d'autres non, des amitiés se brisent face à l'inacceptable, mais la jungle a disparu.

Olivier Norek dans la partie remerciement de son roman, cite l'excellent roman Police d'Hugo Boris que j'ai lu il y a maintenant deux ans. On y retrouve aussi une dénonciation du traitement réservé aux réfugiés et des policiers confrontés à l'humain derrière le migrant. A lire si jamais vous avez apprécié Entre deux mondes.
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