D'après
Dostoïevski, les écrivains russes sont tous sortis du "Manteau" de
Gogol.
J'ai l'intime conviction qu'il en va de même pour nous autres, passionnés de lecture... nous sortons tous plus ou moins quelque part, du premier émoi suscité par un roman de
Dostoïevski.
C'est en tout cas vrai en ce qui me concerne : jamais je n'oublierai ma première lecture de
Crime et Châtiment, son atmosphère, la fièvre qu'il a fait naître en moi, et qui m'a fait concevoir ce qu'était au juste la littérature.
En lisant la quatrième de couverture de ce "roman" de
Paolo Nori, l'impression de me reconnaître en lui était évidente... je suis retourné exprès sur mes pas pour aller le prendre là où je l'avais laissé à regret dans ma librairie préférée.
Si je mets roman entre guillemets c'est qu'il s'agit plutôt d'un ouvrage hybride, à la croisée de la biographie de
Dostoïevski, et de la façon dont la vie intime de Nori a été marquée par le grand auteur. C'est donc une sorte d'histoire/confidence d'un lecteur passionné : elle nous rappelle, avec autant d'humour que d'intensité, combien
Dostoïevski est génial.
Le livre est d'ailleurs, avec pas mal de finesse, stylistiquement parasité par l'art de la digression insondable de son mentor. On en sort ému et fasciné, avec l'envie de vivre, d'aimer, de relire
Dostoïevski, de tout plaquer pour apprendre le Russe et faire partie de ces quelques élus qui ont accès à l'ossature réelle de la prose dostoïevskienne.