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Nathalie Bauer (Traducteur)Paul Lequesne (Traducteur)
EAN : 9782384820603
Philippe Rey (04/01/2024)
4/5   5 notes
Résumé :
Une déclaration d'amour à Dostoïevski et à la lecture, capable de changer le cours d'une vie.

Adolescent, Paolo Nori dévore un livre sans couverture ayant appartenu à son grand-père maçon : Crime et Châtiment, de Dostoïevski. Il est foudroyé. Ce choc le décide à se lancer dans des études de russe, puis dans la traduction, l'enseignement et l'écriture. En 2020, il entreprend de rédiger un ouvrage sur son écrivain de prédilection en se mettant lui-même ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Paolo Nori, écrivain italien , spécialiste de littérature russe,nous parle avec franchise et simplicité de son expérience Dostoievski , qui débute à l'adolescence avec son premier roman russe lu “Crime et Chatiment”. À vrai dire c'était aussi mon premier russe, toujours à l'adolescence, avec les mêmes ressentis, « Ce livre, comme les livres mémorables que j'ai rencontrés dans ma vie, a fait de chaque moment parmi les innombrables moments que j'ai passés au cours des quelque cinquante-six années que j'ai vécu dans le monde, un moment inoubliable, un moment dans lequel j'ai eu conscience du fait que j'étais au monde pendant un instant lorsque j'ai senti le sang palpiter dans mes veines ». À quinze ans il tombe sous le coup de la question que se pose Raskolnikov, : « Mais moi, suis-je comme un insecte ou suis-je comme Napoléon ?" , du coup il se pose la même question qui ouvrira une plaie béante dans son âme et esprit, une plaie qui saigne encore à ses cinquante six ans.

Le sujet principal de ce livre semble être Dostoïevski , mais ne l'est pas vraiment . Ce n'est pas la biographie d'un écrivain célèbre, plutôt presque un roman de formation, dont le protagoniste n'est pas exactement Dostoïevski, mais un homme qui, quand il était enfant, est devenu adulte en lisant Dostoïevski et pas seulement. Et là on a une toute autre histoire où on lit Nori comme un ami qui nous ferait des confidences ,« J'ai lu Crime et Châtiment alors que j'avais peut-être quinze ans, quarante-et-un ans se sont écoulés et, de ce moment où j'ai rencontré Crime et Châtiment , je me souviens de tout ; je me souviens de la pièce où j'étais, ma petite chambre au dernier étage de notre petite maison de campagne, je me souviens comment j'en étais tout retourné, je me souviens de l'heure de la journée, je me souviens de l'étonnement de ce que je vivais, je me souviens que je me demandais dans ma tête "Et moi ?” ». Nori est stupéfait du fait qu'il s'identifie facilement aux personnages de Dosto bien qu'ils sont à des années lumières de lui et commettent des actes que théoriquement auxquels il ne pourrait jamais s'identifier , comme penser tuer une usurière 😊. “Qui sait pourquoi ?” dit-il En faites c'est tout le miracle de sa littérature qui élimine naturellement la distance entre le sujet ( le lecteur) et l'objet ( l'auteur), et qui le rend si familier. Impossible aussi d'échapper au côté sombre de Dosto, pas très reluisant 😵‍💫,qui finalement pose simplement la question du bien et du mal présent dans chacun de nous . Lui qui se présentait comme un homme merveilleux , son humanité était malheureusement seulement mentale et littéraire.

Nori s'y éclate non seulement avec une plongée dans la vie et l'oeuvre du grand écrivain russe mais aussi dans celles d'autres écrivains russes de son temps comme Pouchkine, Gogol, à travers des anecdotes croustillantes, tantôt ironiques, tantôt tragiques . J'apprends que le russe fut d'abord une langue parlée avant d'être écrit, et l'alphabet russe n'apparu qu'au IX iéme siècle , et que jusqu'au XVIII eme siècle, ce dernier inclus, la Littérature russe était pratiquement inexistante, tout simplement parce que la classe cultivée ne parlait pas russe mais français; le peu qui existait alors était une littérature imitative du modèle français. Étonnamment pour un russe écrire un roman à l'époque était une activité exotique , personne ne voulait être un écrivain russe car il n'y avait pratiquement pas d'écrivains russes, aucuns modèles à imiter' , ce n'est qu'au siècle suivant qu'apparaîtront les grands auteurs . Pouchkine en en parlera dans une note intéressante publiée en 1824, intitulée «  Sur les causes du cheminement lent de notre Littérature » dont Nori nous en rapporte ici les principales lignes .

Finaliste du grand prix littéraire italien Campiello, ce livre inclassable vient d'être traduit en français, et le conseille à toutes les curieuses et curieux. le style de Nori est particulier, il semble souvent s'amuser avec nous avec une pose très simple avec ses suppositions, ses confidences, ses questions et son ironie le mêlant à un contexte érudit . Mais à mon avis il est très sérieux 😁, un sérieux doté d'une grande humilité , donc je serais curieuse d'avoir vos opinions. Pour moi c'était un délice de lecture , il pourrait aussi bien être le vôtre 😊. Pour terminer, suis navrée pour Nabokov, qui a relu maintes fois Crime et Châtiment , son obsession montre bien qu'il était loin de le trouver médiocre , je dirais même qu'il lui vouait une haine passionnelle 😊, perso je pense que Dosto est génial !


“Sono pessimista ma me ne dimentico sempre”
Je suis pessimiste mais je l'oublie toujours 😊
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D'après Dostoïevski, les écrivains russes sont tous sortis du "Manteau" de Gogol.
J'ai l'intime conviction qu'il en va de même pour nous autres, passionnés de lecture... nous sortons tous plus ou moins quelque part, du premier émoi suscité par un roman de Dostoïevski.

C'est en tout cas vrai en ce qui me concerne : jamais je n'oublierai ma première lecture de Crime et Châtiment, son atmosphère, la fièvre qu'il a fait naître en moi, et qui m'a fait concevoir ce qu'était au juste la littérature.

En lisant la quatrième de couverture de ce "roman" de Paolo Nori, l'impression de me reconnaître en lui était évidente... je suis retourné exprès sur mes pas pour aller le prendre là où je l'avais laissé à regret dans ma librairie préférée.

Si je mets roman entre guillemets c'est qu'il s'agit plutôt d'un ouvrage hybride, à la croisée de la biographie de Dostoïevski, et de la façon dont la vie intime de Nori a été marquée par le grand auteur. C'est donc une sorte d'histoire/confidence d'un lecteur passionné : elle nous rappelle, avec autant d'humour que d'intensité, combien Dostoïevski est génial.

Le livre est d'ailleurs, avec pas mal de finesse, stylistiquement parasité par l'art de la digression insondable de son mentor. On en sort ému et fasciné, avec l'envie de vivre, d'aimer, de relire Dostoïevski, de tout plaquer pour apprendre le Russe et faire partie de ces quelques élus qui ont accès à l'ossature réelle de la prose dostoïevskienne.
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Ce livre est assez étrange;
Un mélange et récit autobiographique et de biographie de Dostoievski
Mettons les pieds dans le plat, je suis resté totalement indifférent à l'autobiographie de l'auteur, que je ne connaissais pas, et l'auto introspection est un procédé pour lequel j'ai peu d'attrait.
Ceci dit, j'ai beaucoup apprécié sa façon de dresser le portrait de Dostoievki; certes, celui-ci est au panthéon de mes auteurs favoris, mais j'ai trouvé très juste la façon de l'appréhender, de sonder son caractère, son histoire, de chercher à comprendre comment il en était arrivé à écrire ses plus grands romans.
Un petit regret cependant, on passe beaucoup de temps sur la genèse de l'écrivain, et finalement assez vite sur les grands romans de la maturité, sauf « Crime et Châtiment » qui est un peu mieux traité. Je regrette en particulier que l'Idiot n'ai pas fait l'objet de plus d attention.
Une autre grande qualité de ce livre est de nous faire revivre toute la vie littéraire de l'époque, en commençant par Pouchkine, jusqu à Tolstoi, Tourgueniev et autres.

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critiques presse (3)
LeDevoir
19 avril 2024
L'Italien Paolo Nori raconte sa passion sanglante pour le génial auteur de «Crime et châtiment».
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaCroix
22 février 2024
Dans « Ça saigne encore – L’incroyable vie de Fiodor Mikhailovitch Dostoïevski », Paolo Nori se glisse dans la peau de l’écrivain russe. En tissant des correspondances entre sa vie et celle de l’auteur, il rend hommage à la littérature russe.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
08 janvier 2024
"Ça saigne encore" n’est ni une biographie, ni un essai littéraire, ni une auto­analyse, mais un peu tout cela à la fois. C’est un livre atypique, fait délibérément de bric et de broc, un peu foutraque parfois, où Paolo Nori juxtapose des petits pavés de texte numérotés.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans un livre (extraordinaire) de Serena Vitale, Le Bouton de Pouchkine, il y a une amie de Pouchkine, une femme très belle, très intelligente, très cultivée et très mondaine, comme Stiva, qui donne confiance à n'importe qui, même à des sujets que Pouchkine ne toucherait même pas avec un bâton, tant ils sont mauvais, ignorants et répugnants . Lorsque Pouchkine lui demande ce qu'elle trouve dans la conversation de ces sujets, elle le regarde avec étonnement et dit : "Tu ne sais pas ce que cet homme ignore !". Eh bien, il me semble que Dostoïevski et ses personnages s'étonnent souvent non pas de l'ignorance des autres, mais de leur propre ignorance, de leurs propres défauts, de leur propre méchanceté, de leurs propres limites, et qu'au lieu de les cacher, ils les exposent : regardez, regardez le spectacle.
Et ils ont raison : c'est un spectacle.

In uno (straordinario) libro di Serena Vitale, Il bottone di Puškin, c’è un’amica di Puškin, una donna molto bella, molto intelligente, molto colta e molto di mondo, come Stiva, che dà confidenza a chiunque, anche a soggetti che Puškin non toccherebbe neanche con un bastone, tanto sono cattivi, ignoranti e repellenti.
Quando Puškin le chiede cosa ci trova, nella conversazione di quei soggetti, lei lo guarda stupita e gli dice: «Tu non sai cosa ignora quell’uomo!».
Ecco, a me sembra che Dostoevskij, e i suoi personaggi, si stupiscano, spesso, non dell’ignoranza altrui, ma della propria, ignoranza, dei propri difetti, della propria cattiveria, delle proprie limitazioni, e che, invece di nasconderli, li mettano in mostra: guardate, guardate che spettacolo.
E hanno ragione: è uno spettacolo.
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Le protagoniste d'un roman italien de 1977 est un riche Sicilien, membre du Parti communiste, qui, lorsqu'il apprend que, dans sa ville, Serradifalco, on doit construire un hôpital et que comme terrain sur lequel on projette de le construire a été identifié comme un terrain lui appartenant , il décide de le céder à la municipalité. Les hommes politiques responsable de cette affaire n'acceptent pas le cadeau car, si le champ est cédé gratis , ils n'auront pas leurs pots de vin et donc ils choisissent un autre terrain. Le protagoniste, qui s'appelle Candido, veut dénoncer l'affaire et le rapporte avant tout au Parti. Lors d'une réunion interne, le secrétaire du Parti communiste de Serradifalco fait un long discours dans lequel il explique le choix par des raisons techniques et parle de l'exhibitionnisme de Candido, lui reprochant pratiquement de vouloir céder son terrain pour construire un hôpital. Candido, à la fin du discours du secrétaire du Parti, lui dit «Camarade, tu as parlé comme Fomà Fomìč». «Ah» répond la secrétaire. Comme s'il savait qui était Fomà Fomìč. Il ne sait pas. On peut l’imaginer comme un fonctionnaire soviétique de l’époque de Staline.
Et, les jours suivants, il recherche dans toutes les histoires du Parti et de l'Union Soviétique qu'il trouve, dans l'index des noms quelqu'un appelé Fomà Fomìč. Il ne trouve rien . Il cherche dans les cahiers de Gramsci. Rien. Il recherche dans tous les livres dont il dispose concernant l'Union soviétique et comportant un index de noms. Rien. Il appelle l'honorable Sales, un homme de grande culture, ce dernier aussi n’en sait rien. Il appelle la personne en charge des affaires culturelles de la fédération régionale. Toujours rien. . Finalement, un professeur de littérature slave dit savoir qui est Fomà Fomìč. Il est le protagoniste du roman de Dostoievski « Le village de Stepanchikovo et ses habitants. », datant de 1859.
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Je crois que les journalistes les plus célèbres en Russie à l'époque n'étaient pas ceux qui commentaient la politique, comme en Italie aujourd'hui, mais ceux qui commentaient, racontaient et soutenaient la littérature, et que le plus célèbre parmi les journalistes russes célèbres de l'époque, était Vissarion Belinskij.
Credo che i giornalisti più celebri, nella Russia dell’epoca, non fossero quelli che commentavano la politica, come oggi in Italia, ma quelli che commentavano, raccontavano, e sostenevano la letteratura, e che il più celebre, tra i celebri giornalisti russi dell’epoca, fosse Vissarion Belinskij.
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Cinq ans avant Mémoires du sous-sol, en 1859 fut publié en Russie un roman d'Ivan Gontcharov intitulé Oblomov et que Vladimir Nabokov comparera plus tard à À la recherche du temps perdu de Proust. Si le protagoniste de La Recherche met en effet des dizaines de pages pour s'endormir au début de Du côté de chez Swann, le protagoniste d'Oblomov, c'est-à-dire Ilya Ilitch Oblomov, met 150 pages pour se lever de son lit , c'est-à-dire toute la première partie du roman.
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….non c’è niente di più difficile della franchezza e niente di più facile dell’adulazione. 

…..il n'y a rien de plus difficile que la franchise et rien de plus facile que la flatterie
(Svidrigajlov -Crime et Châtiment )
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Paolo Nori: leggere Dostojevskij è comprendere l’essere umano
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