C’est facile de balancer le verre. Toujours facile. Au lieu de ça, il se dirige lentement vers la cuisine, où il le déverse dans l’évier. Le liquide tournoie puis disparaît par la bonde. (Pete)
C’est ça qui est bien quand on dort, la réalité s’efface. Les disputes, les soucis, tout. Même si on a peur ou si on est énervé et que le sommeil ne vient pas tout de suite, on finit toujours par s’endormir. Quand on se réveille le lendemain matin, c’est comme si un orage avait lavé le ciel noir dans la tête. (Jake)
Dehors il fait jour. Un nouveau matin. J’écoute ce qui se joue dans la pièce à côté, sidéré que la vie continue. Comme elle continue toujours. On ne la trouve épatante que lorsqu’on en est écarté. (Tom)
Enfant, il s’émerveillait de la brièveté des papillons et des éphémères, et trouvait incroyable que certains ne vivent pas plus de quelques heures. Mais à présent il comprend que c’est vrai pour tout être, car ce n’est qu’une question de perspective. Les années s’accumulent de plus en plus vite, comme des amis se tenant par la main pour former des rondes de joie, qui tournent de plus en plus vite à l’approche de minuit. Soudain, la danse est finie. (Pete)
[…] j’ignore tant de choses et ne les connaîtrai sans doute jamais. Ce n’est pas forcément un problème. La vérité peut résider dans l’impression qu’on en a, autant que dans les faits.
Le monde peut être brutal pour un enfant si calme et solitaire, je ne souhaite pas non plus qu’il traverse les mêmes épreuves que moi au même âge.
Les rêves ont parfois l’air vrais, mais je te jure que ce ne sont que des rêves. Comment veux-tu que quelqu’un puisse grimper jusqu’ici ? C’est trop haut.
Une bouteille pleine, c’est important. Se servir un verre à partir d’une bouteille entamée est moins satisfaisant que rompre le pas de vis d’une bouteille pleine. Savoir qu’il y en aura suffisamment, là est le réconfort.
La déception évidente de Jake me met mal à l’aise, une fois de plus. C’est malsain qu’il reste fixé sur une chimère, d’un autre côté il a l’air si triste et abattu que je me sens coupable de vouloir le priver de son amie. Coupable… et blessé, comme toujours, que ma présence ne suffise pas.
Quand on doit affronter l’horreur, autant braquer la lumière dessus et s’en débarrasser ensuite.