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Critique de benifabs


Je ne me souviens plus qui m'a conseillé ce livre, mais cela fait quelque temps que je voulais le lire, et c'est vraiment un coup de coeur. Après ma précédente lecture, « Les enfants sont rois », de Delphine de VIGAN, qui analyse notre société, ce roman de Claire NORTON nous décrit un comportement qui a hélas probablement toujours existé, mais qui défraie quotidiennement la chronique : les violences faites aux femmes par leur compagnon. La presse, la plupart du temps, ne se fait écho de leur conséquence dramatique, le décès, que comme un fait divers.
« J'aurais pu compter pour 1 dans la comptabilité morbide des féminicides liés aux violences conjugales. Vous savez, ces chiffres relayés par la presse pour parler de toutes ces femmes assassinées par leur conjoint ou ex-compagnon depuis le début de l'année. » (Page 401)
Ce roman nous plonge dans l'horreur du quotidien d'une femme battue, humiliée. Dès les premières pages, on sait que l'on va vivre des émotions violentes, et parfois insoutenables au fil de l'histoire de Valentine. Elle est mariée depuis seize ans à Daniel (cela m'a beaucoup gêné car c'est mon prénom) et a un petit garçon, Nathan. Son fils assiste impuissant aux coups et aux punitions que son père inflige à sa Maman. Il se réfugie près de son doudou Picotin et de son hamster Flocon quand il entend la fureur de son père dont la colère éclate à tout moment. Dans ce foyer,on ressent en permanence une très forte tension.
L'arrivée de nouveaux voisins, Suzette et Guy, va apporter une lueur d'espoir, une possibilité de communication avec l'extérieur et de jours meilleurs.
« Même dans les gouffres les plus obscurs, on peut trouver de belles étincelles. Il faut savoir les repérer. » (Page 57)
Et cela va donner une dimension nouvelle à cette histoire qui décrira le chemin entre l'emprise du prédateur et la résilience. On se trouve alors dans la position du lecteur qui a envie de conseiller Valentine et de lui murmurer à l'oreille de partir avec son fils. Mais quand et comment aura lieu le déclic qui lui enjoindra de partir ? Toute la difficulté est d'y parvenir, seule ou avec de l'aide, car beaucoup de personnes sont engagées dans ces combats et le principal enjeu est de reconnaître les faits et d'accepter l'aide offerte. Les voisins, eux, savent, entendent tout, mais se taisent.
« En bas de la résidence, elle croisa la voisine du dessus. Elle ne chercha même pas, comme d'habitude, à plaquer un sourire sur les lèvres. A quoi servait-il de continuer à sauver la face lorsqu'on avait perdu tout le reste ? » (Page 276)
Après de nombreuses scènes insupportables, on est dans un « page turner ». On ressent les émotions de Valentine qui sont très bien décrites par Claire NORTON et c'est ce qui donne beaucoup de force au récit.
« Beaucoup imaginent que notre enfer se limite aux violences physiques. Ce sont simplement les seules qui se voient, quand on ne parvient pas à les dissimuler. On oublie les sévices psychologiques, qui ont pourtant un effet tout aussi dévastateur : je ne compte plus les insultes qui me rabaissent, Daniel contrôle en permanence ce que je fais, qui je vois, mes dépenses, les vêtements que je porte… Sa jalousie maladive est un bon engrais à sa colère. » (Page 110)
C'est une belle découverte d'une auteure qui s'investit énormément sur le sujet traité et arrive à nous entraîner dans ses histoires. Plus de 20 citations recueillies dans ce roman, un pur bonheur de lecture. Chaque mot est pesé pour nous atteindre au plus profond de nos émotions.
« Je crois qu'il est possible de se donner sans être possédée, et plus encore sans se déposséder de soi-même. » (Page 407)
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