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Critique de hervethro


Il n'y a pas de demi mesure chez mademoiselle Nothomb.
Ses personnages sont soit d'une beauté éclatante à rendre aveugle quiconque aurait la prétention de les regarder droit dans les yeux.
Soit ils sont d'une laideur au-delà de tout entendement, repoussant comme la mygale, affreux comme les faces des Bogdanoff, hideux comme un troll échappé du néant, difficilement imaginable.
L'une et l'autre se confondent en réalité. Une beauté trop parfaite paraissant atroce (du reste, ce qui fait la beauté ce sont ces défauts sublimés) alors qu'on peut trouver dans la laideur extrême quelque chose d'artistique.
Après barbe bleue, l'auteure belge revisite une nouvelle fois un conte de Perrault. Après une période de romans un brin autobiographiques, voici que la femme aux chapeaux se lance dans les fables repensées.
Deux vies qui n'en feront plus qu'une car le roman finit bien sans vraiment le dire, ou plutôt en dissertant sur le besoin de bien finir un récit en guise d'épilogue, en prenant Balzac à témoin, excusez du peu!
Malgré cette faute de bon goût que tout finit bien malgré que nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes, l'histoire de cette belle et cette bête est un enchantement.
Les répliques font mouche.
Les réflexions nous transportent.
Les relations entre humains, aussi insondables que peut l'être l'univers dans son mystère, sont jubilatoires.
En un mot, c'est un bon Nothomb.
D'abord, Amélie a la science des prénoms. le jour où l'on croisera un Jean-Pierre, Antoine, Marc ou autre Stéphane, Henri et Gilbert s'éprendre d'une Sophie, Nathalie, Marie, Corinne ou Chantal dans un de ses romans, cela sentira le sapin.
Quand Rose, fille de Passerose, se lie à Lierre, le fruit de leur union ne peut donner que Trémière. Trémière, c'est la belle. Qui sera rejetée comme il se doit dans l'univers Nothombesque par ses contemporains.
Honorat et Enide produiront le génial Déodat, digne des plus écoeurantes élucubrations Nothombiennes (les Catilinaires, Attentat). C'est la bête. Qui se prendra d'une véritable passion pour les volatiles, ayant compris très tôt que le commerce des humains ne leur arrive pas à l'ergot.
Avant de se rencontrer, les deux oiseaux vont éprouver leur différence sur les bancs de l'école, le lieu le plus abominable de l'existence humaine où les âmes pures sont confrontées pour leur première fois à la cruauté du groupe. Car loin de l'idée reçue que la scolarisation sociabilisera l'enfant, c'est bien au contraire l'effet de foule, l'impact de la masse qui gommera toute personnalité ou en fera une tête de Turc permanent. L'enfer sur Terre pour qui ne se conforme pas au moule. On retrouve ici des élans d'Antéchrista.
Le roman s'articule autour de deux naissances radicalement différentes. Nous sommes davantage ce que nous avons appris que ce que nous apporte nos gênes. L'éducation, le milieu, les rencontres et l'expérience qui en découle, façonneront de manière profonde le futur être.
Encore une fois, si l'on gratte un peu le vernis d'Amélie, on y découvre un authentique traité de philosophie.
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