Tu as une méthode d’interrogatoire pour le moins originale Adam dit Larry en posant devant lui son gobelet en plastique vide.
— Que veux-tu dire Larry ?
— Eh bien tu as utilisé ton histoire personnelle pour gagner la confiance du suspect. Je trouve que tu t’investis trop personnellement. Si je peux te donner un conseil, garde tes distances…
— J’ai fait cela pour les besoins de l’enquête. Darren est en deuil et pour lui soutirer des informations, il fallait qu’il trouve dans son interlocuteur la compréhension de son malheur. J’ai utilisé une partie de mon histoire personnelle pour le mettre en confiance et cela a plutôt bien fonctionné… Non ?
Adam se positionna debout devant son prisonnier et attendit avec nervosité qu’il reprenne ses esprits. Il ne voulait pas appeler tout de suite son collègue. Adam avait besoin de savoir, il devait se confronter au mal, face à face, comprendre pourquoi cet homme avait tué avec une telle cruauté ses victimes. Pourquoi s’était-il donné le droit d’ôter la vie à trois jeunes femmes ?
Avec prudence, il gravit les marches de l’escalier et arriva à l’étage. Au bout du couloir une porte était fermée. Il n’y avait plus de doute maintenant la source de cette pestilence se trouvait là, derrière cette porte. L’odeur devenant épouvantable, il sortit de la poche de sa veste son mouchoir et le mit sur son nez. Adam se trouvait maintenant devant la porte. Il enleva sa main droite de la crosse de son pistolet et pivota lentement la poignée de forme ovoïde. La porte s’ouvrit et une vision d’horreur vint à ses yeux. Dans cette chambre close à la décoration désuète et florale le corps d’une femme gisait allongé dans le lit, son visage n’avait plus l’air humain, il était momifié. De ses arcades sourcilières et de ses pommettes l’on pouvait distinguer la couleur pâle de l’os. Le souffle du courant d’air venant de la porte fit s’envoler une nuée affamée de mouche verte.