Valérie Zenatti4.09/5
633 notesUne bouteille dans la mer de Gaza
Résumé :
C'est une journée ordinaire à Jérusalem, un attentat moyen : un kamikaze dans un café, six morts, deux jours d'info à la télévision. Oui, depuis trois ans, l'horreur est devenue routine, et la Ville sainte va tout droit en enfer. Tal, elle, ne s'habitue pas. Elle aime trop sa ville et la vie. Elle veut mourir très, très vieille et très, très sage. Un jour, en plein cours de biologie, une ampoule s'allume au-dessus de sa tête, comme dans un dessin animé. Voilà des jo...
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Ne vous fiez pas à la couverture de ce livre (très moche selon moi), elle ne reflète en aucun cas la petite merveille qu'est ce roman.
Une histoire d'amitié entre Tal une jeune israélienne, fille de juifs militants pour la paix et Gazaman, un jeune palestinien coincé dans la bande de Gaza qui va se forger au fil d'une correspondance parfois houleuse, parfois emprunte de ressentiments.
Une histoire comme on aimerait que les médias nous en relayent plus souvent ; une histoire qui tend à prouver que malgré l'histoire douloureuse de cette région, une solution de paix et de fraternité est possible et que derrière "les israéliens" et "les palestiniens", il y a des individus avec leur personnalité propre pétris de rêves, d'envies, de projets qui ne sont peut-être pas si différents, qu'on se trouve dans un camp ou dans l'autre.
Un livre qui m'a serré parfois le coeur mais un livre optimiste qui fait énormément de bien !
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Tal est une jeune fille de 17 ans qui vit à Jérusalem. Elle se pose beaucoup de questions sur le conflit israélo-palestinien : des attentats surviennent fréquemmment dans son voisinage, ses parents militent en faveur de la paix. Il vient l'idée à Tal de confier à son frère une bouteille à jeter dans la mer de Gaza avec un message destiné à une jeune Palestinienne. C'est finalement un garçon, "Gazaman", qui trouve le message et qui lui répond par mail. Commence alors une relation épistolaire entre Tal et ce jeune homme bourru, cynique, parfois dur...
Un magnifique roman plein de tendresse, de réflexions intéressantes sur ce sujet politique grave et difficile mais aussi sur des questionnements d'adolescents. La grande sensibilité des personnages les rend très attachants. le côté bourru de "Gazaman" ajoute parfois une note d'humour aux échanges... Pas de mièvrerie dans ce livre avant tout destiné aux adolescents mais tout aussi émouvant pour les adultes. Il est par exemple intéressant de savoir qu'en Israël, le service militaire reste obligatoire pour les garçons (3 ans) et pour les filles (2 ans), qu'un jeune homme vivant à Gaza peut être bouleversé en découvrant la liberté dont jouissent les jeunes occidentaux... le roman présente également une mise en garde sur les mirages du net, même si, ici, tout semble idyllique.
A découvrir dès 15 ans !
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Qui oserait écrire un message sur un petit papier, le glisser dans une bouteille, le jeter dans la mer et attendre ?... Attendre dans l'espoir que tout serait chamboulé, qu'il y aurait un avant et un après plein de tous les espoirs du monde…
Tel-Aviv, septembre 2003.
Tal Levine, jeune fille israélienne, espère rentrer en contact avec quelqu'un qui vivrait dans ce monde qui lui est interdit, - de l'autre côté du mur dit de séparation, construit par les israéliens - l'aiderait à comprendre cette situation de fou qui n'en finit pas de durer…
A quelques temps de là, à quelques kilomètres de Jérusalem vit un jeune homme qui vit dans la bande de Gaza. Il récupère la bouteille et répond par mail à Tal sous le pseudonyme de Gazaman. Il ne peut pas sortir de la prison à ciel ouvert qu'est Gaza, elle ne peut pas s'y rendre, mais ce n'est pas seulement le mur de 700 km qui enferme les Palestiniens, ses barbelés, ses miradors, ses interminables postes de contrôle qui les séparent : ils ne sont pas du même camp.
Pourtant de mail en mail, c'est une relation a priori impossible qui se construit entre eux comme un pont fragile qui vacille au gré des peurs, des doutes, des interrogations, des interdits. En passant d'un camp à l'autre, on découvre l'univers de chacun imprégné de rêves, de désirs et de projets.
Au final, un beau message d'espoir.
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Tal, 17 ans, vit à Jérusalem où les attentats sont quasi quotidiens.
Après une énième explosion qui va ôter la vie d'une jeune fille qui devait se marier le lendemain, Tal s'interroge.
Quel est l'intérêt de se faire exploser au milieu des gens ?
Elle souhaite obtenir des réponses à ses questions et va choisir d'écrire.
D'écrire une lettre où elle s'adresse à "l'ennemi", en y laissant une adresse mail pour communiquer. Car elle veut découvrir ceux qui habitent la bande.
Son frère Eytan qui fait son service militaire à Gaza, laisse la bouteille de Tal sur une plage.
Une correspondance débute alors avec un certain "Gazaman".
L'auteure a su retranscrire habilement la réalité et mettre des mots sur ce que peuvent ressentir des adolescents qui subissent ce conflit israélo-palestinien.
Magnifique roman que je souhaitais lire depuis un moment, l'occasion pour moi également de le transmettre à mes élèves, en leur lisant la lettre.
De plus l'adaptation cinématographique est d'une telle qualité, qu'elle complète le roman.
Une pépite à découvrir avec une fin à couper le souffle !
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Tal est une jeune Israélienne. Un jour de 2003, un attentat a lieu dans un café près de chez elle. Elle éprouve alors le besoin d'écrire, mais voudrait que quelqu'un la lise. de préférence un "ennemi", un Palestinien. Elle demande a son frère, en service militaire à Gaza, de jeter une bouteille à la mer, avec sa lettre dedans.
Quelques temps plus tard lui parvient un mail signé "Gazaman". Commence alors un échange entre les deux ennemis prétentus irréconciliables.
Une histoire d'amitié par écran interposés. Les deux épistoliers changent au fur et à mesure de leurs échanges : Tal perd de son angélisme et de sa naïveté sans pour autant abdiquer son espoir que les deux peuples pourront vivre en paix, dans deux Etats ; Naïm laisse tomber sa réserve et son ironie lorsqu'il comprend qu'elle cherche vraiment à savoir ce qu'il se passe dans la bande de Gaza, comment vivent les gens au quotidien.
Le dialogue permettra de faire tomber les préjugés et les barrières, et qui sait, envisager une rencontre entre eux, mais ailleurs, loin de la violence et de la vindicte.
Le texte alterne entre les mails, les passages plus personnels qui ne sont partagés qu'avec le lecteur, et des conversations sur messagerie instantanée. le récit ne tombe pas dans l'angélisme, l'auteur connaissant la situation du pays, tant politique que les drames quotidiens (service militaire, attentats, ripostes, chômage,...)
Un livre qui permet de comprendre un peu mieux ce conflit interminable, en croisant deux regards, deux ressentis.
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p. 7 "Elle a fait comme d'habitude quatre choses à la fois : elle a allumé la télé, la radio, Internet, et s'est jetée sur son téléphone portable. C'est ce que j'appelle une réaction hautement technologique."
p. 15 3ils ne s'aperçoivent même plus que leurs guerres blessent chaque fois plus violemment , celle qu'ils prétendent aimer, et qu'ils détruisent, d'une certaine façon."
p. 23 "Si tu penses comme moi que nous devons apprendre à nous connaître, pour mille bonnes raisons, à commencer par nos vies que nous voulons construire dans la paix parce que nous sommes jeunes. Alors réponds-moi."
p. 29 "Bon je ne vais pas te raconter ma vie. C'est ce que tu veux mais moi, je ne le veux pas. Je ne suis pas un singe qu'on observe pour déterminer ses ressemblances avec l'homme. Pour ça, tu as ta prof de biologie."
p. 31 "Si des gens comme toi et moi essaient de se connaître, l'avenir aura des chances d'avoir d'autres couleurs que le rouge du sang et le noir de la haine."
p. 38 "Quand on a un contact pas trop agressif avec des Israéliens, ici, on est vite pris pour un collabo. Et le soupçon équivaut à une condamnation à mort."
p. 39 "Je m'énerve vite quand je pense trop, mais je ne veux pas arrêter de penser. Ma tête, c'est le seul endroit où pas un soldat de Tsahal, pas un type du Hamas, ni mon père, ni ma mère ne peuvent entrer. Ma tête, c'est chez moi, mon seul chez-moi, trop petit pour tout ce que j'ai à y mettre et c'est pour ça que je me suis mis à écrire, il y a plusieurs années déjà, j'ai pas attendu la petite Tal gâtée de Jérusalem pour m'y mettre. J'écris puis je brûle, je déchire, je mouille le papier et je le jette aux toilettes, j'ai trop peur que quelqu'un tombe dessus. Mais au moins, ça me fait du bien, ça m'allège un peu."
p. 69 "Je veux continuer à croire que, si lui et moi parvenons à nous "parler" vraiment, ce sera la preuve que nous ne sommes pas deux peuples condamnés à perpétuité à la haine, sans remise de peine possible."
p. 83 "Nous sommes en Orient. Ou dans le monde arabe. Ou en Méditerranée. dans les trois cas, ça veut dire que les gens te prennent pour un malade si tu n'aimes pas être 24h sur 24 avec ta famille, avec tes mais, avec les autres à la mosquée. Ensemble. Toujours ensemble. Moi, je pense que je deviendrais fou si je n'étais jamais seul."
p. 99 "J'ai décidé de ne plus retourner au cybercafé. C'est trop dangereux. En ce moment surtout, la haine est plus brûlante que jamais. Si on découvre que je corresponds avec une Israélienne sans l'insulter, sans la menacer, en la considérant presque comme une amie, je risque ma peau, et ma famille aussi peut-être. Il faut que je trouve une autre solution."
p. 123 "On ne peut pas empêcher les conflits, on n peut pas distribuer de l'argent à tout le monde. Mais quand on écoute les gens, quand on peut les aider à trouver les déchirures qu'ils ont en eux, on arrive à raccommoder un peu les blessures, à faire en sorte que ces personnes se sentent plus fortes, même dans une situation très difficile."
p. 151 "N'importe quel être humain normalement constitué a besoin de savoir qu'il n'est pas cerné par des ennemis prêts à le dévorer."
p. 153 "Les rêves, c'est ce qui nous fait avancer."
J'ai aimé te lire et t'écrire,Tal. Tu comprends peut-être aujourd'hui que, parfois, ça n'a pas été facile pour moi de le faire, et pas pour des raisons politiques.
Tu es une fille bien. Généreuse. Et fragile.
Bien sûr, on pourrait continuer à s'écrire, la Toile le permet, mais je veux effacer, pour un temps, ces dernières années de ma mémoire, et tu en fais partie. Je veux être neuf là-bas, au Canada. Ne pas être rattaché à cette terre qui tremble jour et nuit, cette terre qui t'empêche de dormir, d'être égoïste. Un jour, vous, nous, nous nous apercevrons qu'il n'y a pas de gagnant possible dans la violence, que c'est une guerre de perdants. Un gâchis.
Mais je ne t'oublierais pas complètement, Tal.
Un jour, tu m'as dit qu'il fallait tout répéter avec moi. C'était vrai.
Alors, toi et moi, on va répéter le miracle de la bouteille. Je l'emporte avec moi. Et je te donne rendez-vous dans trois ans, le 13 septembre 2007, à midi, à Rome, devant la fontaine de Trévise. Paolo m'a longuement parlé de cet endroit, et ce sera en souvenir du film avec Audrey Hepburn que tu es allée voir à la cinémathèque. J'aurai la bouteille sous le bras. C'est très romantique, n'est-ce pas ? Mais l'idée me plaît, je suis même impatient de pouvoir être romantique.
Dans trois ans, c'est une promesse.
D'ici là, bonne route à toi,
Naïm
Ma grand-mère m'a souvent parlé de Jaffa, de la maison qu'habitait sa famille. "C'était un vrai palais, disait-elle. Le vent frais faisait danser les voilages. La mer était aussi belle qu'ici, mais elle me semblait plus calme, plus grande, plus libre. A Gaza, mon fils, même la mer ressemble pour moi à une prison."
Il y a quelques années, j'ai travaillé en Israël. (Un jour, peut-être, je te raconterai.) Je suis allé à Jaffa. J'ai cherché la maison. Je l'ai trouvée.
Elle était beaucoup plus petite que je l'avais imaginée. Moins somptueuse aussi. Ce n'était pas un palais, c'était une simple maison en pierre avec un balcon en fer forgé vert. Je l'ai prise en photo, en faisant attention à ce que l'on ne me voie pas. On m'aurait peut-être accusé d'espionnage ...
Lorsque j'ai donné les photos à ma grand-mère, ses yeux se sont remplis de larmes. Elle m'a serré contre elle en chuchotant : "Toi, Naïm, tu n'es pas un garçon comme les autres. Qu'Allah te protège jusqu'à la fin de tes jours, qu'Il te donne la force d'être ce que tu es."
Elle est morte peu de temps après. On l'a enterrée avec la photo de sa maison.
Voilà, Tal, tu peux être rassurée maintenant. Je ne suis pas mort. Je ne suis pas blessé. Je suis juste très fatigué.
Salut,
Naïm
(en arabe : "le paradis" ...)
Le jour où je travaillerai dans un hôpital uniquement pour des patients qui auront le cancer, une maladie du coeur, des jambes cassées, ça voudra dire que tout va bien, qu'on a un pays normal. Ca fait trois ans qu'on soigne les blessés par balles, par éclats de missile. Quand j'ai choisi de devenir infirmier, je pensais soulager les souffrances inévitables, celles qui proviennent du dérèglement mystérieux des corps, pas du dérèglement des hommes. Qui va arrêter ça? Et quand?
Toi et moi, nous ne sommes pas très chanceux : nous sommes nés au XXe siècle, le siècle le plus sanglant de l'histoire, comme nous l'a répété hier encore le Rosier (note : le prof d'histoire de Tal s'appelle Rosenbaum).
Deux guerres mondiales, la domination de l'empire soviétique sur une partie du monde + des conflits un peu partout avec des armes de plus en plus sophistiquées = des centaines de millions de morts.
"C'est mathématique", a-t-il ajouté avec un sourire presque sadique.
Nous étions très déprimés en sortant de son cours. (...)
Madame Feldman (la prof de bio, pour mémoire) nous a consolés en disant que c'était aussi le siècle des antibiotiques et des vaccins, donc de millions de vies sauvées. En y réfléchissant bien, ca équilibrait certainement les morts dues aux guerres.
Après son cours, on a eu informatique avec Sam, médaille d'or olympique des profs. (Il est jeune. Il est beau. Il a des yeux bleus comme le ciel de Jérusalem à six heures du matin. Il est drôle.) Shlomi lui a demandé ce qu'il pensait du XXe siècle.
- Beaucoup de mal, bien sûr. Mais c'est le siècle où, nous, les Israéliens, avons eu une terre, un drapeau, un hymne.
Et puis, les ordinateurs ont été inventés et ca, c'est bien pour moi, personnellement : autrement, je suis sûr que je serais au chômage à l'heure qu'il est.
Alors tu vois, entre les guerres, les morts, les antibiotiques et les ordinateurs, le XXe siècle a été bien rempli. Mais le XXIe siècle, Gazaman, tu en fais quoi ?
L'avenir, ton peuple, le mien, notre guerre, tu ne crois pas qu'on peut en parler, toi et moi ?
Avec Valérie Zenatti et ses invités.
Entretien animé par Olivia Gesbert au Mucem le 18 juillet 2021.
Écrivaine, traductrice, scénariste, Valérie Zenatti possède à l'évidence toutes les qualités pour se prêter à l'exercice du grand entretien façon Oh les beaux jours !. Alors que reparaît son premier roman, En retard pour la guerre, elle reviendra sur son parcours riche et éclectique qui a démarré avec l'écriture d'ouvrages pour la jeunesse, notamment Une bouteille dans la mer de Gaza (L'École des loisirs, 2005) pour lequel elle a remporté une vingtaine de prix, qui a été traduit dans une quinzaine de langues et adapté au cinéma par ses soins et par le réalisateur Thierry Binisti.
L'oeuvre de Valérie Zenatti est marquée par l'enfance, ses possibles et ses peurs, par la guerre, la dimension géopolitique des conflits, mais aussi par la place qu'occupent l'individu et son histoire intime dans la sphère collective. C'est ainsi que dans Jacob, Jacob (L'Olivier, 2014 ; prix du Livre Inter) elle a exploré la mémoire algérienne de sa famille à travers le portrait de Jacob, jeune juif de Constantine enrôlé en 1944 pour libérer la France de l'occupation nazie.
Valérie Zenatti est aussi une grande traductrice de l'hébreu, particulièrement de l'oeuvre d'un des plus importants écrivains de notre temps, l'écrivain israélien Aharon Appelfeld (disparu en janvier 2018). Elle a relaté leur relation littéraire et amicale extrêmement forte dans un récit intimiste, Mensonges (L'Olivier, 2011), mais aussi dans un essai brillant, Dans le faisceau des vivants (L'Olivier, 2019).
Depuis peu, Valérie Zenatti a élargi sa palette avec l'écriture de séries. Au Mucem, elle évoquera tout cela mais aussi son goût des autres, sa passion pour la musique et pour les langues. À ses côtés, la comédienne Agathe Bonitzer, qui interprétait le personnage principal d'Une Bouteille à la mer, et l'écrivaine Nathalie Kuperman dont elle dit qu'elle est la personne au monde avec laquelle elle a « le plus de bonheur à ne pas être d'accord…».
Accords et dissonances : oh le beau programme !
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À lire
Valérie Zenatti, En retard pour la guerre, L'Olivier, 2021 ; Dans le faisceau des vivants, L'Olivier, 2019 (prix France Télévisions).
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À voir
Thierry Binisti, Une bouteille à la mer, Diaphana, 2019.
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En coréalisation avec le Mucem.
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Replay et podcasts
ohlesbeauxjours.fr
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CONVERSATIONS et QUESTIONS sur ce livre
Voir plus | Romanedu6942
le 18 janvier 2020
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1 réponses
est ce que qqn aurait compris si a la fin c' est LA Tal ou pas? merci d' avance 🙏
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