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Critique de Tachan


Voilà une chronique qui ne fut pas simple à écrire. Je partais pourtant conquise tant j'avais adoré mon roman précédent de l'autrice : Déracinée. J'avais été emportée par le talent de conteuse de Naomi Novik, sa science de l'ambiance étrange et inquiétante, douce et dure à la fois et la tendresse qu'elle avait su mettre dans ses personnages qui transcendaient le manichéisme de ce genre d'histoire parfois. C'était un très beau roman, qui m'avait surpris en réveillant des éléments enfouis dans nos souvenirs, notre inconscient, parlant ainsi à notre coeur.

Malheureusement malgré son titre entêtant, son univers immersif et intriguant et sa plume toujours aussi belle, je n'ai pas eu le même coup de coeur. La faute notamment à un rythme vraiment très très lent et une plume comportant peut-être un peu trop de détails à la Robin Hobb, mais ici ceux-ci ne servent pas toujours à quelque chose contrairement avec l'autrice phare des dragons et des assassins. de plus, le texte est émaillé de nombreuses répétitions nuisant à la fluidité de la lecture.

Cependant, j'ai adoré retrouver un univers froid et chaleureux à la fois comme dans Déracinée. On est clairement dans le prolongement de l'ambiance de ce texte. On a à nouveau l'impression de replonger dans de vieux contes d'autrefois mais inconnus pour nous Européens, avec des paysages froids et hivernaux très âpres, des créatures fantastiques vraiment cruelles qui peinent à comprendre les hommes malgré leurs interactions. Les héros sont tels des personnages des Contes de Grimm mais en version peut-être encore plus sombres et rudes car leur vie dans ce décor n'a rien de simple. On est en plus en pleine société patriarcale qui est bien rude avec les femmes, héroïnes de l'histoire.

Car en effet, nous suivons un très un beau trio 100% féminin avec Miryem, petite-fille et fille de prêteur, dont le père a dilapidé la dot et mis la famille au bord de la faillite jusqu'à ce qu'elle reprenne les choses en main, puis la jeune campagnarde qui va tenter de sauver sa famille de la misère et va se mettre à travailler pour elle, et enfin Irina, la jeune princesse promise au Tsar. Avec elles trois, c'est une lecture très féminine et féministe que l'autrice propose de ce conte et de cette époque. le décor est rude car en plus de la froideur des paysages, s'ajoute la misère des habitants et la rudesse dont les hommes font preuve envers les femmes : filles ou épouses. 

Cependant, le fantastique se glisse peu à peu et apporte une belle touche de fantasy et d'épique avec des sentiments vraiment à fleur de peau dans ce beau cadre à l'ancienne. Néanmoins, cette belle fresque épique ne déploie son souffle que dans les cent dernières pages pour tout emporter. Avant, on se traîne une ambiance et un texte fort pesant où on est noyé sous les drames vécus par ces jeunes femmes. Alors oui, c'est intéressant comme portrait d'une époque et dénonciation du drame d'être une femme alors, mais c'est fort longuet à lire.

A l'inverse, au milieu de tout ce marasme, j'ai beaucoup aimé l'histoire de Miryem, cette jeune juive, chose assez rare en littérature fantastique, qui va attirer l'attention d'un ancien esprit : le Staryk. Celui-ci, vieil esprit lié à l'hiver, m'a fasciné par sa façon étrange et décalée de percevoir notre monde et nous les humains. Il a ainsi une relation originale et piquante avec Miryem, qui a une sacrée répartie. de la même façon, j'ai trouvé très bien écrite la relation entre la jeune Irina et le Tsar qu'elle va épouser et qui sera possédé. Celle-ci qui apparaissait bien falote au début, s'est révélée très forte au final, redressant la tête et s'affirmant. Ce sont deux relations et deux personnages féminins particulièrement bien écrits et travaillés avec une évolution pertinente et encourageante.

L'ambiance, elle, est pleine de mystère et de vérité à la fois. L'autrice nous décrit un quotidien rude et morne parfaitement crédible dans la Russie (?) de l'époque, et elle y adjoint une culture des esprits et des mystères proprement fascinante, qui tient bien le lecteur en haleine et qui semble presque palpable. Cependant, une fois le roman refermé, certains mystères restent sans réponse et c'est frustrant.

Ainsi, alors que Déracinée avait été un coup de coeur, La Fileuse d'argent fut une lecture plus difficile, la faute à un rythme lent auquel il faut s'accrocher et à une histoire où parfois il ne se passe pas grand-chose. En revanche, l'autrice parvient toujours à écrire de très beaux personnages féminins dont les évolutions et les rencontres me touchent, le tout dans une ambiance fantastique qui fait très contes à l'ancienne et qui donne un vrai cachet. On aime trouver en Fantasy aussi des histoires de femmes où l'on voit leur place autrefois et la façon dont elles luttent pour s'imposer et exister.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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