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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mais comment ai-je pu rester si longtemps à m'auto-persuader que je n'aimais pas les nouvelles ? Et si d'aventure il me restait un doute, Allegheny River, splendide recueil de Matthew Neill Null – traduit par Bruno Boudard – me l'a enlevé fissa !

Un État, la Virginie Occidentale ; un cadre, les Appalaches ; une rivière, l'Allegheny ; et neuf nouvelles dont la nature est le héros. Sauvage, dangereuse, hostile. Mais belle, nourricière et magnifiée. Ici, l'animal règne, qu'il soit ours, poisson, cerf, ou aigle, tandis que l'homme s'adapte, parfois seulement toléré, souvent fustigé pour son incapacité à entrer en compréhension avec cet environnement qui l'accueille.

Dès les premières lignes, la puissance de l'écriture de Matthew Neill Null m'a saisi et séduit : les dialogues claquent, courts et secs, dans une économie de mots bienvenue. La puissance des paysages naturels écrase le livre et les personnages qui s'y aventurent : ici un vendeur-colporteur en fin de tournée ; là des apprentis régulateurs de plantigrades ; un peu plus loin un oncle lourdingue… Mais plus que tout, des riverains de l'Allegheny, pêcheurs, rafteurs, draveurs ou rêveurs.

Ce sont ces nouvelles liées à la rivière qui touchent au sublime : « La saison de la Gauley » et Kelly, rafteur devenu ermite ; « L'île au milieu de la grande rivière » et John, adolescent amoureux que l'urgence appelle ; et enfin « La lente bascule du temps », incroyable nouvelle visuelle où l'on descend la rivière en équilibre sur les troncs avec Sarsen et Henry.

Une réussite absolue, forte et poétique, qui trouve toute sa juste place dans la belle collection Terres d'Amériques d'Albin Michel, et un auteur dont j'avais négligé le premier roman, erreur que je vais m'empresser de réparer.
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Allegheny River est un recueil de nouvelles, et ce premier constat est presque réducteur. En effet, chacun de ses neuf textes crée véritablement un univers complet, riche, parfaitement construit et autonome. Ces neuf nouvelles sont autant de morceaux d'une mosaïque qui nous parle de la Virginie Occidentale, cet état qui a fait sécession avec la Virginie pendant une certaine guerre, et des rapports entre la nature et l'homme.
Elle reprend souvent ses droits, la nature, il ne faudrait pas l'oublier, y compris quand l'homme est presque sûr de l'avoir canalisée. Cela pourrait être presque drôle – presque – quand, dans Ressources naturelles, l'on découvre comment la population d'ours est géré, et comment certains oublient que l'ours est avant tout… et bien un animal sauvage. Presque bien sûr, parce qu'il s'agit avant tout de montrer que l'homme est incapable de protéger ces espèces menacées. Il y a des règles, il y a des lois, il y a aussi des sanctions prévues pour ceux qui s'en prendraient à des espèces protégées. Mais les hommes, dans ce monde rural, quasiment loin de tout, ont toujours vécu ainsi, et essayeront de vivre ainsi – tant pis pour les sanctions. L'auteur ne juge pas ces personnages, d'ailleurs, j'ai même l'impression qu'il éprouve de la tendresse pour ceux qui, comme beaucoup, essaient avant tout de survivre.

La nature, et surtout l'Allegheny, cette rivière qui rythme la vie, qui fait montre de sa force comme dans « La saison de la Gauley ». Dans cette nouvelle, ce sont les sportifs qui l'exploitent, s'offrant, en la descendant, quelques minutes de grands frissons qui peuvent tourner au drame et changer le cours de toute une vie. Dans « L'île au milieu de la grande rivière », elle isole ceux qui ont été mis à l'écart de la société, par risque de contagion, sans penser à ce que ces personnes, définitivement bannies, même en vie, du monde des vivants, pourraient ressentir. Cette nouvelle, d'ailleurs, n'épouse pas leur point de vue, mais celle d'un jeune garçon curieux, qui brave les interdits sans songer aux risques Dans « La lente bascule du temps », nous voyons des hommes au travail, au rythme des troncs d'arbre que la rivière charrie, avec Sarsen et Henry. Peut-être la nouvelle que j'ai préféré dans ce recueil, par l'émotion qu'elle dégage.
En terminant cet avis, que j'ai mis beaucoup trop de temps à rédiger, je m'aperçois que j'ai peu évoqué la somptuosité des descriptions, leur puissance évocatrice, que le récit se passe dans le présent ou dans le passé. Alors, après Allegheny River, il est évident que je vais me plonger très vite dans le miel du lion, son premier roman.
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Avec un plaisir non dissimulé, j'ai retrouvé son écriture à travers ses neuf nouvelles ancrées dans la région des Appalaches, où la faune et la flore omniprésentes, sont confrontées à la présence dévastatrice de l'homme.

Tel un photographe, il capture et nous dépeint avec style toute la beauté de la nature sauvage dans ces contrées reculées de l'Amérique.
Parfois violente, brutale mais d'un réalisme surprenant, ces nouvelles résonnent comme un écho lointain qui se répercute à l'infini.

Sa plume d'une grande sensibilité nous entraîne dans une valse destructrice du monde à l'équilibre déjà précaire.
Matthew Neill Null incontestablement amoureux de la nature réussi à nous éblouir par sa plume tout en nous inquiétant par les messages qu'il nous transmet.
C'est puissant, beau, poétique mais terriblement effrayant, car son monde, c'est aussi le nôtre.
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C'est la couverture qui a déclenché mon désir de lecture. Ce "redneck", jeune père tatoué, fumant et buvant de la bière, son enfant sur les épaules dans une nature sauvage, crée une ambiance qui pourrait corresponde à "TÉLÉMÉTRIE", la 5e nouvelle de ce recueil qui en contient 9.

L'enfant pourrait être Shelly et son père Russ, ex marine qui campent dans une vieille canadienne miséreuse. À quelques mètres de là, Kathryn, Gary et Michael, chercheurs et universitaires étudient le déplacement des poissons de la rivière. Travail méthodique, rigoureux et laborieux; un peu pédant, ils observent de haut ces curieux voisins qui troublent leurs quiétude.Constatant que des objets d'abord anodins puis plus sophistiqués disparaissent, la suspicion s'installe... est ce un jeu d'enfant? Ou le père? Et comment réagir?

Mon Avis:

Les nouvelles brossent une galerie de portraits qui ont comme point commun l'Allegheny river, un affluant de l'Ohio ( dans le NOrd ESt des US). du siècle dernier à nos jours, les bouseux, les laisser pour compte, les petites gens peinent à effleurer l'American Dream...

Avec une rudesse poétique, Nul écrit un Nature Writting teinté de mélancolie face à cet environnement destiné à disparaitre. Qu'il s'attarde à décrire les rapports humains, la faune et la flore, une chose est sûre: pas de happy end ici!

Parmi ces 9 nouvelles, 4 m'ont beaucoup plus:
- La saison de la Gauley
-Télémétrie
-L'ile au milieu de la rivière
-La pierre branlante
Pourquoi celles-çi plus que les autres?
Les histoires m'ont plus prises. le réussite d'un homme, l'amour d'un enfant, balayés par la mort; les préjugés et la bêtise humaine qui changent le cours de la vie.
Efficace et sensible: à lire absolument!!

Lien : https://lesvoyagesinterieurs..
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Avec Allegheny River, on découvre un état isolé, rural et où les questions environnementales se posent avec force. C'est un état comprenant de grands espaces sauvages mais très menacés. L'industrie principal a longtemps été le charbon bitumineux et les mines à ciel ouvert, encore en activités, suscitent beaucoup de débats au sein de l'État. le rapport entre l'homme et la nature est le thème central de ce recueil.

Toute les histoires se passent en pleine nature ou dans de petits hameaux. Ici l'homme et la nature cohabitent dans un sorte de rapport d'attirance et de répulsion conjointe. La main de l'homme a déjà laissée beaucoup de traces dans le paysage et aujourd'hui certains tentent de rattraper les dégâts du passé. Mais que pèse les questions environnementales face à la précarité économique ou face aux traditions ?

Matthew Neill Null pose un regard tendre sur ses personnages. Il ne le juge pas mais se contente de les raconter. C'est le rapport de l'homme à la nature qui l'intéresse et qu'il explore au travers de ces neufs nouvelles. Ses intrigues prennent place à des époques différentes mais ont en commun ce lieu sauvage et reculé. Il décrit brillamment la nature, les remous des fleuves et les déplacements des animaux. A travers ses textes, on découvre aussi l'évolution de l'industrie au cours des siècles et les conséquences sur les populations animales de la région. Même si il n'y a pas un message militant, on ne peut que constater le comportant de prédation implacable de l'homme. Il cherche à avoir une total prise sur son environnement, quitte à changer les cours d'eau à la dynamite et à pousser une espèce à son extinction. Il nous décrit la misère humaine et animal et montre la difficulté à se raisonner ou à se remettre en cause quand on vit de si peu.

La misère sociale est un des thèmes récurant du recueil. Les paysans vivent de peu et tentent de dompter une terre sauvage et dure. Les mines sont presque toutes fermées. La chasse ou la pèche sont donc des moyens d'améliorer son quotidien et le loisir par excellence de ce coin de terre. Ces tranches de vie nous sont décrites avec une précision parfois presque journalistique mais teintée de lyrisme. Cela donne un écriture agréable et originale.

Ma nouvelle préféré est « Réserve naturelle ». C'est un texte très court dans lequel l'auteur raconte comment les actions des hommes ont des impacts sur la population d'ours. J'ai trouvé ce texte extrêmement pertinent. « Un couple » est aussi une histoire intéressante qui montre un couple de fermier vivant dans la montagne et qui entretient un rapport très particulier à la nature. L'homme est réfractaire à toutes questions de préservation de son environnement. Il est la maitre sur ses terres et entend le faire savoir à tous, hommes, plantes ou animaux. « La saison du Gauley » parle d'une tentative d'ascension sociale. Kelly essaye de profiter de l'engouement pour le rafting pour créer sa société et sortir de sa vie simple et misérable de mineur. »Télémétrie » met des chercheurs, qui étudient les déplacements des ombres, face à un père et sa fille originaire de la région. Avec subtilité l'auteur montre les préjugés que chacun portent sur l'autre et qui parasitent leur rencontre.

Un très beau recueil qui nous questionne sur notre rapport à la nature, peu importe le lieu on l'on vive.
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