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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
☼Quand nature et violence se cotoient en Virginie occidentale ☼
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Une maison d'édition qui met la nature américaine à l'honneur, les Appalaches comme écrin, un recueil de nouvelles d'un jeune auteur déjà promis à une belle carrière. Mes sens ont fait tilt. Il faut que je le lise, que je découvre ce petit bijou.
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Dès les premières lignes, l'auteur m'a ferré. Cette beauté sauvage, rude, presque animale a conquis mon coeur éperdu de nature. Quelle puissance d'évocation. Pratiquement cinématographique dans sa façon de décrire la beauté de cet endroit reculé qu'est l'Allegheny River. Tour à tour, au fil des neuf nouvelles, on traverse des plaines, des canyons, des torrents, une grotte. Et LA rivière. Celle qui sert de fil conducteur. Menacée, malmenée, chérie, vénérée. Elle est la gardienne de cette contrée.
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L'auteur a voulu nous montrer combien l'équilibre est fragile. Combien l'empreinte humaine est délétère. C'est ici , à travers ses nouvelles, qu'il dénonce cette violence faite au plus profond de la structure environnementale.
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J'ai eu du mal avec les récits qui parlaient de chasse. Un vrai gâchis que de s'acharner encore et encore sur un pauvre ours par exemple. Et ces truites qui balaient les fonds de la rivière. Mais c'est ça aussi le réalisme de la confrontation entre l'homme et la nature.
*
L'auteur a su retranscrire parfaitement toutes les nuances de l'âme humaine. Tout cela dans une plume sensible et poétique. A suivre donc.
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Bonne pioche dans la formidable collection Terres d'Amérique chez Albin Michel , Allegheny River, recueil de courts récits de Matthew Neill Null découvert par certain avec son précédent roman“Le miel du lion”.

La voix de ce jeune écrivain est certainement l'une des plus intéressantes de la nouvelle génération d'auteurs américains, en prise avec une réelle conscience sociale et écologique .

Allegheny River est un recueil de nouvelles qui se situe dans la magnifique région sauvage des Appalaches, où la famille de Matthew vit depuis plus de deux siècles.

Des nouvelles âpres et sombres qui confrontent l'homme à la Nature, entre dénaturalisation et disparition des milieux naturels . du Nature writing poétique et sociale de haute volée à situer quelque part entre Jim Harrison et Ron Rash...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Décidément, je suis abonnée aux nouvelles, ces derniers jours !

Allez hop, direction l'Amérique et un de ces petits endroits que l'on pourrait qualifier de "trou du cul des États-unis", j'ai nommé les Appalaches.

Ah, Trumpinette vient de twitter que j'étais devenue persona non grata sur le territoire pour ce que je venais de dire. Quand on parle de trou du cul…

Anybref, ces différentes nouvelles illustrent bien l'état d'esprit de ces coins reculés et certaines de ces histoires m'ont touchées, les pires étant celles parlant de chasse…

Putain, mais quel gâchis ! Et dire que nous sommes une espèce dite évoluée… L'évolution n'a pas eu cours chez tout le monde car là, on est en pleine régression de l'être humain.

Bizarrement, si des nouvelles m'ont emportées, émotionnées (6/9), quelques-unes ne m'ont pas apporté le plaisir attendu (3/9).

Majoritairement, j'ai pris mon pied, mais la descente est assez raide lorsque l'on passe du trip absolu à une nouvelle qui nous laisse froide.

Pour certaines nouvelles, on se croirait sur des rapides, on est sur des rapides, on a eu une montée d'adrénaline et puis boum, on se retrouve en canot, à la piscine communale avant de repartir, violemment, dans la nouvelle suivante.

Toutes tournent autour de la nature, de l'eau, de la rivière, de la ruralité, des animaux vivants dans ces espaces et de l'Homme qui est capable de tout détruire.

La plume de l'auteur est trempée dans le vitriol, les histoires sont âpres, comme les personnages qui gravitent dans les histoires. du rural noir en somme.

PS : Mes préférées resteront "Quelque chose d'indispensable", "Le couple", "Ressources naturelles", "La saison de la Gauley", "L'île au milieu de la grande rivière" et "La lente bascule du temps".

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Remarqué grâce à son premier roman, le Miel du lion, l'écrivain américain Matthew Neill Null revient une nouvelle fois aux éditions Albin Michel dans la prestigieuse collection Terres D'Amérique pour un recueil de neuf nouvelles autour de l'Allegheny River et des régions sauvages américaines.
Amoureux de la Nature et fasciné par les rapports qu'entretient l'homme avec celle-ci, Matthew Neill Null nous entraîne dans des coins reculés de l'Amérique pour mieux en saisir l'humanité incandescente et la cruauté sèche de l'existence.

En approchant de l'Ours
Pour Matthew Neill Null, l'homme affronte depuis toujours la Nature…et celle-ci le lui rend bien !
Dès les premiers pas du lecteur dans Allegheny River, la beauté sauvage de l'Amérique saisit et impressionne à travers la plume précise et légère de l'américain.
Peu importe l'époque, de celle du commis voyageur aux pestiférés mis à l'écart en passant par notre bon vieux XXIème siècle, les nouvelles de Matthew Neill Null capture l'implacable magnificence de la Nature.
Dans La Saison de la Gauley, c'est la puissance des rapides et le rugissement de la rivière.
Dans Télémétrie, c'est l'entêtement des ombles de fontaine à remonter le fleuve.
Dans le couple, c'est une forêt pleine de vie et de sang.
Car le sang, il y en aura aussi dans ce recueil.
En effet, si Matthew Neill Null n'a pas son pareil pour croquer la Nature qui l'entoure et les remous d'un cours d'eau, c'est lorsqu'il analyse le rapport homme/animal qu'il se fait le plus sensible et le plus incisif.
Une façon de confronter les violences qui confine souvent à la poésie.

L'Homme est un loup
Sans devenir violemment revendicateur, l'américain explique l'évolution de l'habitat naturel et des populations animales aux États-Unis.
Que ce soit par une description extérieure de plus en plus lancinante et mélancolique dans Ressources Naturelles dans laquelle il décrit la lente extermination des ours ou par une approche plus intimiste avec Télémétrie ou La Saison de la Gauley où il unit alors son oeil critique au destin terrible (et souvent pathétique) de ses protagonistes.
Au cours des différents récits, le lecteur contemple l'influence humaine sur les rivières, les ours, les poissons, les oiseaux…
Comment l'homme en vient, pour son propre bénéfice, à modifier jusqu'au cours d'eau à la dynamite ou à pêcher avec de la javel des espèces déjà en voie d'extinction ?
Dans les textes de Matthew Neill Null, on retrouve cette profonde conviction que l'homme détruit implacablement son environnement et n'en laisse qu'un pâle reflet pour les générations futures.
Pourtant, de façon très étrange, le jugement de l'écrivain n'est pas si brutal à l'encontre de ces rednecks qui ne font que reproduire un mode de vie brutal incapable de se raisonner malgré les sanctions et les dégâts occasionnés.
Ce qui réjouit, c'est bien la capacité de l'américain à entrelacer la misère humaine et animale pour mieux en faire jaillir une humanité boiteuse qui trouve davantage d'émotions dans une vieille paire de bottes cloutées que dans une chasse à l'ours qui vire au tragique.

Amours perdus
Et puis, soudain, au milieu des exactions et des sacrifices, Matthew Neill Null tire des choses sublimes. Il faut lire cette culpabilité terrible entre les lignes de la Saison de la Gauley ou cet amour fugace et meurtrier dans L'île au milieu de la grande rivière.
L'américain tire le portrait d'un mode de vie, avec ses peines et ses bravades.
Fascinant lorsqu'il s'embarque dans des descriptions d'époque minutieuses — la drave dans La lente bascule du temps ou le métier de commis voyageur dans Quelque chose d'indispensable — l'américain capture une humanité qui terrifie. Par sa cruauté parfois, par sa mélancolie souvent.
À ce titre, comment ne pas parler de Sarsen, le draveur convaincu d'avoir une mission à remplir pour retrouver la paix avant de constater que personne d'autre que lui ne se souvient vraiment du passé.
Ou comment oublier Kelly Bischoff qui a voulu passer la barrière et devenir plus que le bouseux du coin en montant sa propre entreprise de rafting.
Derrière ces populations rustres et violentes se terre aussi souvent un sentiment de gâchis, de solitude, de mise à l'écart.
Une image d'une importance capitale et qui revient souvent.
Le regard du commis Cartwright sur ce fermier-pigeon qu'il part escroquer, les réprimandes à l'encontre de Sull Mercer par son ami devenu aujourd'hui garde-forestier, tous les rafteurs qui viennent profiter d'une rivière qu'ils ne comprennent même pas ou encore cette petite Shelly qui ne verra désormais dans le visage de son père qu'un imposteur.
Finalement, n'est-ce pas l'enseignement final des écrits de Matthew Neill Null que de révéler la vérité, naturelle ou humaine, pour arriver à changer, à évoluer et à trouver, enfin, une harmonie malgré la violence et la déception ?

Recueil d'un réalisme sauvage, Allegheny River confronte l'homme à la Nature, exposant sa part animale et son âme blessée au lecteur. Matthew Neill Null capte les ravages de l'humanité et la misère des hommes dans un même élan littéraire, révélant une plume aussi sensible qu'incisive qui marque durablement.
Lien : https://justaword.fr/alleghe..
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Né en 1984, Matthew Neill Null a étudié le « creative writing » à l'université de l'Iowa puis à celle de l'université de Provincetown dans le Massachusetts où actuellement où il coordonne un master d'écriture. Après un premier roman (Le Miel du lion) paru en 2018, arrive Allegheny River, un recueil de nouvelles, soit neuf textes, parus précédemment dans diverses revues et magazines américains.
Je découvre aujourd'hui Matthew Neill Null et j'avoue être estomaqué par le talent de cet écrivain. Que cette année 2020 commence bien !
Neuf nouvelles qui se déroulent au coeur des Appalaches, cette chaîne de montagnes située dans l'Est de l'Amérique du Nord et ici plus particulièrement en Virginie-Occidentale ou Pennsylvanie. Toutes se passent en pleine nature, dans des coins perdus et des décors de montagnes ou rivières. On va à la chasse à l'ours ou bien l'on tente d'en réguler la population, on étudie le déplacement des truites dans une rivière ; ou bien c'est un jeune gars qui s'initie au flottage du bois, à moins que ce ne soit un commis voyageur qui tente de vendre une charrue à des fermiers roublards…
Là, je vous devine faire une moue convenue du genre, il va nous refourguer du Nature Writting comme souvent. Ce n'est pas faux, en partie, sauf qu'ici nous sommes dans de l'exceptionnel, je dirais même de l'innovant car – certes, mon expérience de lecteur à ses limites – l'écriture de ce nouveau venu vous réservera de magnifiques surprises.
Je ne citerai que deux des nouvelles qui m'ont terrassé afin que vous puissiez tester en librairie, le bien-fondé de mon enthousiasme : La Saison de Gauley, où dans un bled perdu à bout de ressources (« Nous qui avions perdu nos emplois dans les mines allions désormais nous réorienter dans le sport en eau vive, labourer ce sillon liquide ») on se lance dans le rafting qui attire les touristes, mais un accident dramatique va entacher l'affaire. Une nouvelle d'une intensité dramatique à vous tirer les larmes, ma préférée peut-être. L'Île au milieu de la rivière est elle aussi très belle. Sur une île au milieu d'une rivière donc, un hospice de mourants contagieux. Une gamine et un gamin, chacun sur sa rive, amours enfantines mais l'innocence est traître, le message envoyée par-dessus les flots par la petite va contaminer la famille du gosse et implanter le drame. Là encore, nous touchons au sublime.
Toutes les histoires sont originales mais au-delà, elles s'inscrivent le plus souvent dans un contexte social (misère des petits fermiers, mines de charbon ayant fermé…) étayé par une écriture particulièrement riche en détails, d'une précision parfaite et au vocabulaire soigné (« … ses cheveux s'entortillaient en zostères autour de nos mains et de nos bras, auxquels ils s'agrippaient obstinément. ») L'écrivain sait marier le réalisme du reportage journalistique au lyrisme du récit, tout en maniant l'ellipse courte ou le raccourci qui déstabilisent légèrement le lecteur. Des nouvelles à la construction insolite qui chez d'autres s'appelleraient des rebondissements mais ici c'est beaucoup plus subtil. du très grand art.
Je ne m'emballe pas souvent, alors croyez moi, ne ratez surtout pas ce bouquin. Si tous les écrivains écrivaient comme ce Null, la vie serait belle au pays des lecteurs.
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Résumé"Dans Allegheny River, animaux et humains cohabitent au fil du temps, dans un équilibre précaire, au sein d'une nature ravagée par la main de l'homme."

MON AVIS: Ces neufs nouvelles racontent chacune une histoire différente mais elles se situent toutes aux coeur de la chaîne des Appalaches, dans des lieux reculés, de petites bourgades où les hommes n'entrent pas franchement en communion avec la nature et les animaux, mais plutôt les détruisent.
Si Matthew Neill Null décrit à merveille ces rivières, ces forêts, et leurs habitants à plume ou à poil, il mets autant de ferveur à dépeindre les habitudes, attitudes et agissements de ces bipèdes qu'on appelle des hommes. Et ce qu'il donne à voir de ces derniers n'est pas joli, joli.
Hélas c'est bien dans ce monde là que nous vivons, aucun doute là dessus.

J'ai apprécié cette lecture et pas une seule des neufs nouvelles ne m'a déplu. Des histoires très parlantes qui sont criantes de vérités.

Merci au Picabo River Book Club pour ce beau partenariat avec la collection Terres d'Amérique des éditions Albin Michel.
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S'il y a un sens auquel parlent ces différentes nouvelles, c'est bien la vue. Ce sont des textes « photographiques », des tableaux presque naturalistes que nous offre ici Matthew Neill Null, dans lesquels il met en scène des spécimens humains, sorte de fantoches ridicules incapables d'échapper aux défauts de leur condition de mortel. C'est un régal de se plonger dans ces univers à la fois séduisants et terribles par la sauvagerie qui y règne, sauvagerie qu'on ne doit pas à la faune locale mais bel et bien à l'homme. En effet, avec son premier roman consacré aux « loups des forêts », aux ravages du capitalisme et à ses conséquences douloureuses sur la nature, l'auteur va ici plus loin encore en laissant supposer (mais n'est-ce pas finalement un simple constat ?) que cette violence et ce désir de destruction de l'homme vis-à-vis de la nature sont ancrés au plus profond de lui. La nature sert alors ici de révélateur à cette force destructive que l'homme exerce vis-à-vis d'elle mais surtout vis-à-vis de ses semblables, et d'annonciatrice de destins auquel il est impossible d'échapper. Ainsi, qui se montre cruel avec l'ourse ne fait qu'annoncer ce qu'il adviendra d'un destin encore plus sombre. On s'exerce sur l'animal avant de s'attaquer à l'homme. Une simple expérience scientifique sur des saumons de rivière instaure peu à peu un climat de suspicion sur nos semblables. L'animal laisse sa place à l'homme se transformant lui-même en cobaye de laboratoire.

Mais ces flots incessants qui, tel Charon, traversent la plupart de ces nouvelles peuvent aussi attirer l'homme vers une fin salvatrice car la vie lui est devenue insupportable. C'est le cas de Kelly qui, une fois l'aveu fait, subit la colère de ses condisciples et trouve la rédemption dans l'onde tumultueuse. Sarsen, lui, voit dans la rivière le moyen d'échapper à la médiocrité humaine incarnée par Ezekiel en se soulageant d'une erreur commise des années auparavant, une erreur, pourtant, pas si impardonnable que cela, finalement.

La leçon que l'on peut tirer de ce recueil, c'est que, quoi qu'on en pense, dès que l'on touche à la nature, celle-ci reprendra ses droits et vous en fera payer le prix et c'est ce qui arrive à bon nombre de personnages ici : lorsque John Drew transgresse la parole du père, en voulant venir en aide à cette fillette, sorte de sirène en sursis et condamnée à lancer des bouteilles à la mer, il ne réalise pas qu'oser braver le destin décidé par la nature va condamner sa famille. de même, le jeu innocent de l'Oncle Vaughn avec ses nièces va détruire sa vie au point de regretter de ne pas avoir été terrassé par un véritable « ennemi ». On pourrait trouver ces expériences cruelles mais n'est-ce pas finalement la simple expression de la revanche d'une nature toute puissante que l'homme n'aurait jamais dû défier, et encore, ne serait-ce pas là les simples prémices d'une colère encore maîtrisée… mais jusqu'à quand ?

S'il fallait choisir, je retiendrais surtout les nouvelles suivantes qui m'ont sans doute le plus « parlé » :

- « Quelque chose d'indispensable »
- « La saison de la Gauley »
- « L'île au milieu de la rivière »
- « La pierre branlante »

Au final, un recueil plein de poésie et alliant la beauté du monde et la cruauté de l'homme. Même les non-amateurs de nouvelles devraient y trouver leur compte, tant Matthew Neill Null réussit à nous transmettre, à travers ce genre littéraire complexe, son amour d'une nature en proie à une société un peu perdue et incapable de s'interroger sur ses propres défaillances.
Lien : https://mespetitsplaisirsamo..
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