Les larmes ont pris la place des rires, les ténèbres ceux de la lumière, la douleur s'est substituée au plaisir, la haine est venue au bout de l'amour.
On estime à 30 000 le nombre de femmes incarcérées dans les laveries au cours du vingtième siècle.
Les lecteurs seront probablement choqués d'apprendre que la dernière laverie ne fut fermée qu'en 1996 et que la plupart des femmes, esclaves d'un labeur non rétribué, se trouvent aujourd'hui totalement dépendantes des ordres religieux dont elles furent les prisonnières durant tant d'années
Mais les actes valent plus que les longs discours.
Quelques paroles gentilles peuvent transformer la journée
De celui qui est en souffrance,
Voire lui sauver la vie.
Si quelqu'un m'avait accordé un peu de temps et d'attention
Il m'aurait sauvée de plusieurs années
D'abus et de tourments.
Et bien d'autres que moi également.
Les travailleuses qui mouraient à la laverie étaient enterrées dans le cimetière du couvent. Lorsqu'une Madeleine décédait, son corps était transporté à ciel ouvert, simplement enveloppé dans un drap, sur une charrette à bras tirée par deux hommes - souvent les employés affectés à l'entretien du domaine. Une croix noire, symbole du démon, était placée sur le corps pour s'assurer que la défunte irait directement en enfer.
Il m'abreuvait d'insultes en affirmant que le démon était en moi et qu'il aurait mieux fait de me noyer dès la naissance, car personne ici ne voulait de moi ; il m'aurait mise dans un sac et jetée à la rivière tel un chaton encombrant, et j'aurais sombré dans les profondeurs.
Je me blottissais généralement dans un coin, et notre chienne Teddy venait s'étendre à mes pieds pour me tenir chaud.Je me souviens d'une nuit où j'avais si froid que je dormis avec elle dans sa niche, toutes deux serrées l'une contre l'autre.
Kathy n'avait que sept ans lorsqu'elle s'est fait violer pour la première fois, la veille de sa première communion. A la suite de cela, une équipe de médecins chapeautée par un psychiatre "diagnostiquèrent" chez elle un "caractère difficile" et l'envoyèrent dans un foyer de redressement de Dublin dirigé par des religieuses.
Une larme pour Noêl
Sous les escaliers
Ce sont de petits espaces sombres et froids.
Les yeux emplis de larmes
Je me cache dans ces recoins obscurs
A l'arrière des escaliers
Passant de l'un à l'autre
Pour échapper au monde au-dehors
Par lequel, si je m'y aventure,
Je serai affligée encore une fois.
Les descriptions des faits relatés dans ce livre sont d'une telle cruauté que l'on peine à décrire les violences infligées à ces enfants placés chez les Magdalene Sister. C'est pourquoi je préfère mettre en valeur les pensées de Kathy contenues dans chaque paragraphe. Il ne s'agit en aucun cas de vouloir me voiler la face en tant que lectrice...