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Critique de OceandreLaRenardouce


Maggie O'Farell auteure découverte avec « I Am, I Am, I Am » ainsi que son écriture intuitive et immersive hautement séduisante qui nous embarque en douceur dans la profondeur des drames de la vie. Ici, l'on retrouve ce style inimitable, agrémenté d'une certaine qualité littéraire.

Tout part de la soudaine souffrance physique de Judith, suivie de la mort d'un petit garçon qui se révèle être son jumeau, Hamnet. Qui n'est autre que le fils de Williams Shakespeare. Puis, se déroule le récit de tout ce qui a précédé ce moment fatidique. de la constitution de cette famille sur trois générations, tout ce qui a contribué aux événements de ce jour.

Un roman magnifique, et bien plus que cela… Ce plus, qui fait de ce récit un chef d'oeuvre, justement, cela aurait pu être un « trop ». Trop de thèmes, trop de questions, trop de personnages. Trop ambitieux, trop subversif. Et pourtant rien n'est trop, toutes les notes de cette belle mélodie sont d'une justesse incroyable.

L'enjeu principal pour l'auteure : mêler un récit féministe avec un défi de taille, puisqu'elle propose une version de la vie de l'un des plus grands dramaturges du monde…

Dans ce livre audacieux, mille et une chose sont évoquées, questionnées, mais ce qui est le plus remarquable, ce qui est réellement au centre de récit, c'est l'extraordinaire, magique, histoire d'amour qui naît entre le père – Shakespeare- brisé, issu d'un milieu toxique, doué d'un talent incompris - et Agnès, « taillée » sur mesure pour lui.

Leur alchimie est d'une sensationnelle beauté qui semble rester intacte au fil des épreuves, grâce à la fusion entre ce génie incompris, torturé par sa famille inadapté à son environnement, qui se lie à Agnés, esprit libre de la forêt. Agnès, sauvage, libre, mais qui devient tout de même mère, amoureuse de cet artiste… Ces deux-là se respectent mutuellement : l'amour est véritable. Ce qui permet à cette histoire d'amour de ne pas devenir une banale histoire conjugale arrangée, malgré les barrières, les médisances et les jugements. Être féministe et garder les rennes de sa vie, est compatible avec le fait d'être une amoureuse folle. Aussi, que la résilience et l'acceptation de son environnement, en connaissance de cause, peut-être une façon de se « rebeller ». Il triomphe. Jusqu'à ce jour tragique… L'amour, s'en sortira-t-il ?

En décrivant cette histoire, Maggie O'Farell porte plusieurs messages d'espoir forts sur des sujets graves, complexes, tragiques : le deuil, les ravages de la peste, le féminisme d'Agnès pris pour de la sorcellerie, les maltraitances familiales…

À grand renfort de métaphores digne des grands romans classiques, c'est un récit d'une rare qualité. Par exemple, cette femme qui vient de la forêt, vue comme une sorcière. Évoqués dans la vie de la ferme familiale, les chatons qu'il faut noyer avant qu'ils ne bougent trop, avant qu'ils n'investissent la maison de leur beauté animale. L'on comprend que c'est aussi ce que l'on souhaitait faire de cette femme, que l'autrice décrit comme féline, sauvage, fougueuse et mouvante comme le vent…

Dans la beauté de ce livre, son style d'écriture y est pour beaucoup, romanesque, beau, littéraire, résolument « anglais ». L'intrigue, et le ficelage sont imaginatifs. Ils permettent une immersion totale, quoique déroutante au départ. Une fois que l'on arrive à apprivoiser les vagues entre le passé, le pré passé, le post passé, et le présent, on embarque dans cette histoire jusqu'à la tempête finale.

Un ouragan littéraire qui nous fait tourbillonner sans nous laisser le choix de partir, et par ces tumultes, nous permet de s'imprégner des personnages et mieux saisir les différentes époques. Les pages regorgent d'éléments historiques et de métaphores sublimes, qui font de ce livre un classique contemporain.
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