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Critique de tamara29


Ayant récemment lu « L'étrange disparition d'Esme Lennox », j'ai emprunté avec curiosité la dernière parution de Maggie O'Farrel, sans même parcourir la 4ème de couverture et donc sans savoir qu'il s'agissait non d'un roman mais d'un récit autobiographique en rapport avec la mort. le titre « I am I am I am » est inspiré du texte de l'auteure américaine Sylvia Plath.
17 chapitres, 17 moments de sa vie, 17 expériences avec la mort, 17 organes du corps humain qui ont souffert ou par qui Maggie O'Farrel a frôlé la mort (le cou, les poumons, le cerveau, etc.). Récit étonnant et original pour raconter sa vie à travers des récits de mort, ces expériences surprenantes, extrêmes, parfois sombres et douloureuses, alors qu'elle n'a même pas 50 ans. Avec tous ces chapitres ayant comme fil conducteur les accidents, les maladies et la mort, on pourrait penser qu'à la longue, cela peut plomber la lecture jusqu'à en faire une overdose. Il n'en est rien.
Au-delà du fait que je me sois parfois sentie un tantinet voyeuse (et ne pouvant m'empêcher de me dire que, heureusement, je n'avais pas vécu autant de moments terrifiants et difficiles), Maggie O'Farrel sait narrer avec beaucoup d'intelligence, par des analyses fines, d'introspection, et même parfois de l'humour (avec cette autodérision nécessaire pour supporter les épreuves et ne pas s'effondrer), ce qui rend la lecture plus que prenante.
Si son récit parle d'accidents, de maladies graves, d'agressions et même de pertes, et que la mort montre son nez souvent (dépassant son quota pour un seul être), si elle rôde encore et encore, si elle ricane sans se lasser, ce texte n'est pas pour autant morbide. Il est peut-être justement un pied de nez à la faucheuse. Il est peut-être le récit d'une personne riche d'expériences, qui a vécu, a voyagé dans cent contrées et plus, a fait des rencontres, a aimé et aime encore. Il est le récit d'une femme qui a grandi, a appris de ses expériences -marquantes, ancrées à tout jamais en elle-, qui a appris à être forte, à se battre et à ne pas baisser les bras, qui a chuté, s'est relevée et à continuer à aller de l'avant. Tout à l'heure, demain ou dans quelques années, elle croisera peut-être, sûrement, au détour d'une rue la mort qui cherchera à la narguer une nouvelle fois. Mais on ne doute pas que Maggie O'Farrel a les armes, le caractère et les mots (et l'écriture) pour la combattre et la repousser le plus longtemps possible.
Ces événements dans sa vie l'ont rendu encore plus courageuse et battante, et avec un goût et une curiosité pour la vie quasi inébranlable. Certains de ses proches ou connaissances ont parfois pensé, au vu de tous ces évènements vécus/subis que, vraiment, elle n'avait pas de chance. Elle, elle se dit au contraire qu'elle est chanceuse de s'en être sortie à chaque fois. Face à ces nombreuses épreuves qu'elle a affrontées et affronte encore (statistiquement, ça fait quand même beaucoup pour une seule femme), sa foi en la vie et son courage sont presque sans limite. Et nous ressortons de cette lecture obligatoirement impressionnés par cette femme…
Les chapitres ne sont pas écrits de manière chronologique ni en crescendo en épreuves de plus en plus lourdes -et heureusement pour notre rythme cardiaque-. Il y a des retours en arrière, des épisodes qu'on comprend mieux quelques chapitres plus loin. Cette lecture est comme un voyage sur un grand huit, semé d'embuches, d'émotions et de sentiments plus ou moins vifs. le dernier chapitre, en lien avec le premier, clos le livre de manière brillante et terriblement émouvante.
Et après le ouf où l'on s'est dit qu'elle a réchappé de tout ça, après le ouf où l'on s'est dit que notre vie est bien pépère à côté (on a beau compter nos épisodes où on a flirté avec la mort, Maggie O'Farrell nous dépasse de loin), on termine son récit par un ‘'wouah'', quelle incroyable femme, quel incroyable récit et quelle incroyable leçon de vie ! Et c'est bien là tout le paradoxe émotionnellement fort de ce livre traitant de la mort, puisque c'est la leçon de vie qu'on retient et que l'on grave dans notre mémoire.
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