Citations sur I am, I am, I am (63)
Je n'étais mère que depuis dix minutes lorsque j'ai rencontré cet homme,mais il m'a appris , par un simple geste, l'une des choses les plus importantes sur le rôle de parent : qu'il faut de la gentillesse, de l'intuition, du toucher, et que , parfois, il n'y a même pas besoin de mots.
De temps en temps, mais pas souvent,je pense à la femme que j'étais quand j'avais 25 ans. je la regarde . J'essaie de me souvenir ce que cela faisait d'avoir son âge. Quel était le cadre de ses journées , les motifs que dessinaient ses pensées ? Je suis aujourd'hui aussi éloignée d'elle qu'elle l'était de son enfance . Elle est la ligne médiane qui me sépare de la naissance .
Cet homme nous a -t-il vu réuni mon fils et moi ? Je l'espère. Lorsqu'il m'a pris la main, il m'a appris quelque chose sur la valeur du contact physique, sur la puissance communicatrice de la main humaine. Allongé sur la table d'opération, jamais je ne me serais douté que je repenserai à lui aussi souvent dans les années qui suivront.
Quand on vous frappe ou que l’on vous fait du mal, enfant, l’impuissance, la vulnérabilité que vous ressentez, la rapidité avec laquelle une situation peut déraper, aussi vite qu’un battement de cils, qu’une respiration, sont des choses que vous n’oubliez jamais.
J’ai passé une grande partie de ma vie près de la mer : si je ne luis rends pas visite régulièrement, si je ne marche pas près d’elle, si je ne m’immerge pas dedans, si je ne respire pas son air, je la sens qui m’attire, je ressens son absence.
Avoir frôlé la mort de si près, enfant, et être revenue à la vie m’a insufflé une forme d’inconscience, d’irresponsabilité, voire de folie face au danger. Je sais que l’inverse aurait pu se produire, que j’aurais pu devenir une personne inhibée par la peur, bloquée par le besoin de précaution. Au lieu de ça, je sautais de la digue du port. Je randonnais seule sur des sentiers de montagne perdus. Je prenais des trains-couchettes à travers l’Europe pour débarquer toute seule dans des capitales au beau milieu de la nuit, sans point de chute.
Le problème n’était pas que je ne tenais pas à la vie, mais plutôt que j’étais animée par une soif insatiable de connaître tout ce qu’elle avait à offrir.
L'être humain fait ce qu'il doit faire pour survivre; nos ressources face à l'adversité sont multiples.
Il existe un courant de pensée qui préconise que les femmes victimes de fausse couche fassent comme si de rien n’était, métabolisent l’événement au plus vite et reprennent leur vie. C’est un mauvais moment à passer, s’est vu dire une des amies, sèchement, par sa belle mère.
A ce genre de réflexion, je réponds : Pourquoi ?
Pourquoi devrait-on faire comme si rien d’extraordinaire ne s’était passé ? N’est-il pas extraordinaire de concevoir la vie puis de la perdre ?
Les personnes qui nous enseignent quelque chose gardent une place particulièrement vive dans nos souvenirs. Je n’étais mère que depuis dix minutes lorsque j’ai rencontré cet homme, mais il m’a appris, par un simple geste, l’une des choses les plus importantes sur le rôle de parent : qu’il faut de la gentillesse, de l’intuition, du toucher, et que, parfois, il n’y a même pas besoin de mots.