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Critique de spleen


En 2011, John Earle Mc Claren , surnommé Whitey est un homme de 67 ans, blanc, respectable ancien maire de Hammond , dans l'état de New-York.
Il s'interpose lors d'une interpellation d'un homme d'origine indienne par deux policiers qui le tabassent à son tour et font usage de leurs tasers.
Whitey mourra des suites de ses blessures à l'hôpital, alors que cet acte violent sera masqué sous forme d'accident de voiture par la police .

Pour sa femme Jessalyn et ses 5 enfants, c'est un choc qui les laisse anéantis.

Ce roman déroule sur un peu plus d'une année le profond traumatisme sur chaque membre de la famille.

Pour les enfants, Whitey était la référence, le modèle , celui dont chacun voulait gagner l'attention , la fierté et l'affection. Seul, le plus jeune ,Virgil , s'était apparemment émancipé de cette emprise paternelle.

Et telle une poutre maitresse d'une maison, foudroyée , on assiste à l'effondrement prévisible du bâtiment , en se demandant si les fondations vont résister et si , à partir des gravats, une nouvelle construction va pouvoir resurgir.

Jessalyn devient La Veuve, avec son statut social à part, ouvrant ainsi l'entrée dans le club particulier des veuves avec ses codes, donnant de fait l'espoir à l'ami veuf lui aussi d'une union consolatrice et aux yeux de tous, bénéfique.
Cependant Jessalyn se replie dans sa maison et dans le souvenir de Whitey, un mari prévenant et aimant mais considérant sa femme comme un être fragile et sans personnalité propre. Whitey avait même prévu dans son testament une sorte de tutelle concernant l'argent dont sa femme ne peut disposer librement.
Une opinion également partagée par les 3 ainés des enfants dont le rôle qu'ils s'imposent est de protéger leur mère à leur tour.

Leur réaction vis à vis de l'émancipation de Jessalyn sera remplie d'incompréhension et d'offuscation . L'argent représentant d'ailleurs le premier moteur de leur motivation .

L'agression raciste à laquelle a voulu s'opposer Whitey , reste en fait au second plan, les poursuites contre les policiers engagées par le fils piétinent et la question des violences racistes de la police est très peu évoquée dans ce roman dont ce n'est pas le sujet principal.

J'ai trouvé , par moments , ce roman un peu long .
Il faut dire qu'il affiche 923 pages au compteur tout de même ... Sa construction est assez remarquable , les personnalités des enfants sont très différentes et JCO fait pénétrer chaque lecteur dans leur cheminement vis à vis du deuil , dans le bouleversement de leur vie .
Je suppose que chacun s'attache plus à un des personnages .
Pour moi cela aura été celui de Jessalyn , la perte d'un époux faisant rentrer dans un monde à part fait de conventions et d'idées reçues, parfois également d'une certaine tenue à distance comme si le veuvage pouvait être contagieux ou apporter "le mauvais oeil " et je sais quel courage et quels efforts il faut faire pour sortir de cette gangue sans nier le chagrin et la blessure qui ne guérit jamais de la perte.
"Si on peut dire une chose sur la vie d'une veuve, c'est qu'elle est une vie de veuve, une vie posthume ; une vie-résidu, en quelque sorte. Mais le dire , mettre en mots une vérité aussi mélancolique, c'était l'exalter, lui donner de la profondeur, alors qu'en réalité l'état d'une veuve est une diminution, comme un petit pois rabougri ou une serviette chiffonnée, méprisable , sans valeur ."

Lu en Novembre 2023
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