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Critique de latina


Cette fois encore, Joyce Carol Oates provoque toute mon admiration !
A la tête d'un « roman neurologique, quelque chose qui ne soit pas purement ou exclusivement scientifique, mais aussi spéculatif et même poétique », elle nous emmène ici dans les arcanes du cerveau, celui d'un homme devenu amnésique suite à une encéphalite qui a causé des dommages irréversibles.

Cet homme, « prisonnier d'un présent perpétuel, comme un homme tournant en rond dans des bois crépusculaires, un homme abandonné, qui a subi une perte cruelle » fait l'objet d'une analyse qui durera une trentaine d'années, une analyse du centre de neurologie de Darven Park, à Philadelphie. Son chef incontesté en est Milton Ferris, mais c'est par le biais de sa jeune protégée Margot Sharpe, brillante scientifique, que l'on entrera à pas de loup dans cet univers mystérieux de la mémoire.

« Dans les relations humaines, on ne sait jamais où l'on en est ; dans le travail, on peut noter clairement ses progrès, et ces progrès seront remarqués par d'autres, ses supérieurs.
Elle est la Fille chaste. Elle est celle qui, si vous croyez en elle, ne vous trahira jamais ».
La voilà liée pour la vie, Margot Sharpe, d'abord à Milton Ferris, et puis surtout à E.H, Ehilu Hoopes, cet homme sans ombre.
J'ai appris une foule de choses sur l'amnésie, car Oates ne lésine pas sur les termes scientifiques ainsi que sur le détail de toutes les expériences opérées sur Hoopes, mais j'ai pénétré également dans l'intimité de la chercheuse, non moins ambigüe que celle de son protégé amnésique.
Et c'est là que le génie de Oates éclate !
Quel brio pour mêler la science et l'émotion, la « normalité » et le basculement dans l'obsession et les rêves secrets !
Le roman se limite à l'analyse de deux personnages, le sondé et la sondeuse, si l'on peut dire. Les personnages secondaires gravitent autour d'eux pour les éclairer encore plus. le monde scientifique est décrit minutieusement, accompagné de l'ambition, de la jalousie et des ragots inhérents à toute communauté. La famille, aussi, est évoquée, mais de manière assez négative. Car dans la mémoire lointaine de notre amnésique, surnagent des événements glauques et malsains…

Où est la frontière entre la raison (scientifique, qui plus est !) et les sentiments ? Entre la raison et la déraison ? Entre le rêve et la réalité ? Entre le désir et l'obsession ?
Suivez cet « Homme sans ombre », vous y perdrez, comme moi, tous vos repères !
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