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Critique de SebastienFritsch


Recueillie à 8 ans par un oncle et une tante, Marya se construit une vie solitaire. Au centre de sa forteresse, il y a la connaissance, qu'elle chérit et entretient ardemment, par la lecture et le travail scolaire. Autour, faisant rempart, il y a son sentiment d'être différente, voire supérieure, par son intelligence autant que par ses ambitions. Excluante vis-à-vis des autres humains, elle se montre aussi exclusive si l'un d'eux parvient à créer une relation avec elle.
Joyce Carol Oates rend d'ailleurs très habilement cette réalité en consacrant chaque partie de son roman à un personnage, la mère, le cousin, le prof d'anglais, l'amoureux adolescent, la grande amie de la fac, le directeur de thèse, etc. À chaque fois les autres s'effacent. À chaque fois, la relation, qui débute sous de bons auspices, s'altère peu à peu, se fait agressive, possessive, intrusive ou dominatrice, comme pour prouver à Marya qu'elle avait eu raison de verrouiller tout accès à son coeur et son esprit. Et à chaque fois, le lien se rompt brutalement : dispute, fuite dans une autre ville ou encore décès brutal de l'autre figure du duo. Marya se retrouve seule et continue son ascension. Jusqu'à la rencontre suivante.
Ce portrait d'une intellectuelle solitaire, volontaire, inadaptée à la vie banale dont se satisfont les autres, exclue de ce fait des relations "normales", est d'une finesse et d'un réalisme admirables. Sans doute l'autrice doit-elle cette réussite au fait qu'elle se soit inspirée de sa propre vie, du moins en ce qui concerne le parcours scolaire, académique et littéraire. Mais il ne suffit pas d'avoir des anecdotes ou des souvenirs pour bâtir un roman. Il faut aussi les talents de la romancière. L'agencement des différentes partie, décrit plus haut, la précision et la justesse des multiples rôles mis en scène, la fluidité de la plume et les questionnements abordés font partie de ces talents, que Joyce Carol Oates maîtrise à la perfection.
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