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Critique de LiliGalipette


Abby est mariée depuis un jour à Willem. Elle l'aime et il l'adore. Alors a-t-elle tenté de se tuer en se jetant sous un bus ? Est-ce un accident ? Essaie-t-elle de fuir quelque chose ? Ses rêves emplis de squelettes et de crânes ? Ou d'échapper à quelqu'un ? « Tu croyais que tu pouvais nous oublier ? Tu croyais qu'on pouvait t'oublier ? » (p. 9) Pendant la longue convalescence de son épouse, Willem s'interroge et essaie de comprendre pourquoi il ne sait rien d'Abby, de son passé ou de sa famille. Chacune de ses questions en soulève d'autres. C'est avec le récit de la vie de Nicola et Lew que l'histoire d'Abby prend forme et que les blancs se comblent. « Elle a plutôt trompé Willem comme elle a trompé d'autres gens en leur dissimulant la véritable nature de son âme, qui est tachée, ternie, aussi immonde qu'une éponge sale. » (p. 19)

Joyce Carol Oates revient sur un motif récurrent de son oeuvre, le traumatisme survenu dans l'enfance qui ne cesse de déconstruire et de fragiliser la vie de l'adulte. « Chérie est un mot quelque peu nouveau entre eux. Abby songe que Chérie est synonyme de coercition. » (p. 61) Elle développe aussi avec perspicacité et clairvoyance les mécanismes à l'oeuvre dans la violence masculine, tant physique qu'émotionnelle. En peu de mots, elle fait ressentir ce qu'est la peur du père, la peur du mari, la peur de l'homme en général. « Il n'arrivait pas à croire que Nicola ne l'adorait plus sans réserve. Qu'elle envisageait sérieusement une séparation, et à terme, un divorce. » (p. 105) Tout y passe, du mensonge aux menaces en passant par la manipulation et la domination. Ce que cherche l'homme, ce n'est pas l'amour, c'est l'emprise, le pouvoir. « Il y a trop longtemps qu'il s'est privé du plaisir dont l'autorité est synonyme. » (p. 139) La description du personnage qui glisse dans une folie vengeresse sadique est glaçante et c'est le souffle suspendu que l'on attend de voir si Abby surmontera ce passé terrible pour construire sa vie.

Le roman est court, et c'est souvent dans la brièveté que Joyce Carol Oates excelle. Elle lui suffit de peu de pages pour installer une ambiance pesante qui colle aux doigts bien après que l'on a refermé le livre.
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