… aimer est le prélude de la perte.
Vous n'avez jamais remarqué, avait-il demandé à cette raclure, à quel point "avocat" sonne comme "judas" ?
« Essayant de former les mots avec sa bouche, mais celle - ci grimace.
Tordue comme un masque de Halloween.
Un de ces masques en caoutchouc si affreux , si caricaturaux et déformés qu’on se cache les yeux pour ne pas les regarder.
Essayant de lui expliquer qu’il commet une erreur en l’aimant .
Parce qu’elle n’est pas digne d’amour.
Voilà comment elle est punie , et sa punition est méritée » .
Elle a aussi travaillé avec les aveugles. Ceux dont la vue est défaillante.
Elle se demande s’il existe une classification pour les personnes affligées d’une « âme défaillante. »
(Philippe Rey, p.19)
On dirait le filament d'une ampoule électrique qui brille. De l'intérieur. Son bonheur d'être mariée à un homme bon, gentil, honnête, qu'elle aime et qui l'adore.
Mais c'est un bonheur privé. Elle a envie de l'entourer de ses mains comme une flamme, pour le protéger du vent.
Elle a peur de l'aimer, parce que l'aimer est le prélude de la perte.
« Il y a trop longtemps qu’il s’est privé du plaisir dont l’autorité est synonyme. » (p. 139)
En tant que fille, on apprend à ne pas offenser les inconnus en les envoyant promener. Surtout les hommes. Les inconnus, mais aussi les employeurs. Et durant sa scolarité, qui lui a paru durer une éternité, les professeurs. Souriante et d'un abord apparemment facile parce que tu es jolie, mais si tu ne dis pas ce qu'il faut ou que tu ne souris pas avec la vivacité requise, un homme peut devenir méchant. Et vite.
Mais là-bas, il avait cultivé l'usage agressif d'un phrasé en apparence ordinaire avec une fausse inflexion du Sud. Comme un couteau à beurre aussi aiguisé qu'un rasoir.
Elle aime Willem, et c'est pour cette raison qu'elle a peur de lui. Elle a peur de l'aimer, parce qu'aimer est le prélude de la perte.