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Critique de larmordbm



Michaela, enseignante, et Gerard, éminent historien des sciences, sont venus s'installer au Nouveau-Mexique pour une mission de quelques mois dans un institut universitaire de renom. Rapidement après leur arrivée, Gerard souffre d'une affection pulmonaire qui s'avère bientôt être un cancer généralisé, suffisamment avancé pour qu'aucun traitement ne puisse être envisagé.
Michaela se révolte, se rebelle contre cette maladie qui risque d'emporter brutalement son mari, qu'elle chérit, admire, et dont elle est assez dépendante.
Joyce Carol Oates, frappée elle-même par le deuil successif de ses deux maris, va se livrer à une analyse au scalpel des réactions et du comportement d'une femme face à la souffrance de l'être cher, à la mort et au veuvage.
Nous assistons en premier lieu, à une résistance forcenée, à une incapacité à envisager le pire, à un déni. Michaela , qui se consacre jour et nuit à son époux, perd ses repères, ne s'alimente plus, est obsédée par l'idée de le faire respirer. Son identité se fissure, son visage et son corps s'effritent lorsqu'elle se regarde dans le miroir. Les statuettes des dieux hopis et pueblos qu'elle a pris soin d'enfermer dans les placards viennent la hanter la nuit, comme de vieux démons surgis de son enfance.
Elle se repasse en boucle les journées à l'hôpital, revisite inlassablement le fil des évènements, comme si une pensée magique pouvait en modifier le cours.
Et pourtant leur histoire d'amour n'est pas aussi idyllique qu'il n'y parait, et Michaela se pose des questions sur cet homme qu'elle ne connait pas si bien, qui a été marié une première fois, et dont les réactions la surprennent parfois.
Mais elle ne peut envisager de vivre sans lui.
Le décès survient. Michaela n'est pas parvenue à l'aider à respirer. La dénégation se poursuit. Il n'a pu mourir et la laisser seule. Les cauchemars, les rêves et la réalité se confondent. Elle refait le film, tente d'inverser le cours du temps, se méprend et croit revoir Gerard à plusieurs reprises parmi des inconnus.
Avec sa prose hypnotique, Joyce Carol Oates nous offre une nouvelle fois, une plongée dans les tréfonds de l'âme humaine, l'âme d'une femme meurtrie, ravagée par la perte du conjoint, qui amorce une reconstruction grâce à sa mission auprès des étudiants et à la relation qu'elle établit avec eux. Ce n'est pas, à mes yeux, son meilleur roman, mais la magie opère et ses accents autobiographiques le rendent poignant à bien des égards.
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