On se fait soi-même, avec l'aide des autres, chaque jour on recommence. Et la nuit nous défait.
La pensée c'est inclassable, c'est imparfait, autonome, ça n'entre pas dans un genre.
J'ai fermé la porte brusquement et au moment où j'ai tourné le verrou, plus par réflexe que par nécessité vu que j'étais seule dans l'immeuble, j'ai regretté mon geste vigoureusement.
Peut-être que le mal vous égare, mais le bien vous séquestre.
Des terreurs et en même temps je n'ai peur de rien. Le danger, il vient de moi-même. Je me fais tout un monde de rien et soudain je tombe dans le désespoir.
Les gens que j'aime sincèrement, je ne veux pas les décevoir en réussissant trop ma vie.
En général, je préfère écouter que parler.Il y a ça aussi. Peut-être que c’est ma nature qui m’a conduite à écrire. Ou plutôt l’écriture m’a confirmée sans la passivité. Il s’agit d’une passivité pleine de rigueur paradoxalement.
Raconter un souvenir, c'est-à-dire une anecdote, requiert l'emploi du passé. Une phrase au passé c'est sinueux, c'est volumineux, c'est liquide. Le souvenir résulte d'un présent qui a fondu. Quelque chose a eu lieu. Il fait chaud dans le passé, beaucoup plus que dans le présent, et l'avenir est glacial, on y va tout droit par une grande avenue. A l'instant où je l'expose, le souvenir se fige comme moi quand on me fait une prise de sang. Si je raconte une anecdote du passé, ce n'est pas uniquement pour parler, pas uniquement pour raconter quelque chose, pas seulement pour meubler un vide, faire passer le temps, pas pour oublier la seringue, pas pour produire un effet et diminuer ma peine mais pour savoir ce que j'en pense au moment où je la raconte, c'est pour savoir ce que le présent dit du passé. Comment ils s'accrochent tous les deux.
Quand on lit un livre, on ne voit rien, on voit des mots, des lettres, des points, des virgules, des vides, et c'est bien parce qu'on ne voit rien que l'on est transporté dans le réel brûlant, dans soi-même, dans l'inconnu.
Je pense continuellement à un homme qui vient de mourir mais la pensée n'est pas continue. C'est faux de dire : Je pense - on devrait dire : on me pense.