Dans le chapitre d'ouverture du livre 1 du roman graphique le lait paternel, le personnage principal rend visite à son père ...au crématorium. L'heure est plus au questionnement qu'à la tristesse car il garde peu de souvenirs si ce n'est celui d'un père peu présent même lorsqu'il était là :
"Il ne me vient aucune circonstance familiale à laquelle Rufus Himmelstoss ait consacré plus que le temps d'une cigarette".
Ce père a disparu un beau jour de 1975 alors qu'il n'avait que six ans et pendant 30 ans il a vécu cela comme un abandon jusqu'à ce qu'il apprenne ce qui s'est réellement passé
Largement inspiré de sa propre histoire,
Uli Oesterlé met en parallèle dans ce livre 1, la vie de son père (difficulté à se couler dans une vie de famille traditionnelle, fort penchant pour l'alcool) et ses propres faiblesses.
Il évoque ces deux temporalités avec deux ambiances graphiques : sépia pour son père en 1975 et violet, noir et gris pour lui en 2005. Il s'interroge au passage sur ce dont on hérite (alcoolisme ) ou pas.
Les relations père-fils compliquées sont au coeur de ce premier tome. Comment être un bon père, se demande le narrateur, quand on n'a pas eu de modèle soi-même.En postface, l'auteur revient sur les conditions de création de ce roman graphique. C'est en devenant lui-même père qu'il a eu envie d'en savoir plus sur celui qu'il n'a considéré pendant bien longtemps que comme son géniteur.
Si le récit est dur et sans concession, le lait paternel est aussi pour moi comme une réconciliation avec ce grand absent qu'a été son père.
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