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Critique de LesMotsMagiques


Phénix est un organisme accéléré : à deux ans, elle a déjà l'apparence d'une femme d'une quarantaine d'années. Ses journées dans la Tour 7 se suivent et se ressemblent jusqu'au moment où elle apprend la mort de l'homme qu'elle aime. Elle va alors commencer à s'interroger sur ce qui se passe vraiment au sein de sa Tour. Va s'en suivre une quête d'identité, de vérité et de vengeance…

Ça faisait déjà un petit moment que je voulais découvrir Nnedi Okorafor avec Qui a peur de la mort qui traîne dans ma PAL depuis plus d'un an, mais je savais que c'était une lecture compliquée et j'attendais donc le bon moment. Et puis finalement, ce prequel (qui peut se lire indépendamment) est arrivé et je me suis dit que j'allais commencer par celui-ci !

Je n'ai vraiment eu aucun mal à rentrer dans cette histoire qui m'a happé dès le premier chapitre. On y rencontre notamment Phénix qui, au début de cette histoire, est d'une naïveté déconcertante. Elle subit des abus quotidiens tout en pensant que c'est normal puisqu'elle n'a jamais rien connu d'autre. Heureusement (pour nous mais peut-être pas pour elle), elle va très vite être amenée à remettre en question son quotidien, et le personnage va alors beaucoup gagner en profondeur.

D'ailleurs, les personnages sont clairement un des gros points forts de ce roman puisqu'ils sont vraiment tout en nuances. On n'a aucun mal à s'attacher aux différents protagonistes (dont j'ai adoré découvrir le passé petit à petit), mais à aucun moment ils ne nous sont présentés comme des héros (peut-être un peu Sept dans une certaine mesure mais il reste un personnage secondaire). Non, chacun des personnages a été profondément marqué par son passé et est devenu d'autant plus complexe à la suite de ça.

J'ai aussi beaucoup aimé la façon dont l'autrice a conçu l'antagoniste de l'histoire puisqu'il ne s'agit pas d'un personnage unique sur lequel on peut déverser toute notre haine. Il y a bien un personnage qui ressort côté antagoniste mais on comprend assez vite qu'il s'agit plus d'un pantin que d'une tête pensante. Et c'est ça que j'ai trouvé fort : en faisant des méchants de l'histoire un groupe sans visage, sans identité personnelle, l'autrice renforce cette impression de lutter contre quelque chose qu'on ne pourra jamais atteindre, rendant le danger d'autant plus pernicieux et effrayant.

Parlons maintenant un peu des thématiques du roman. Je connaissais un peu les thèmes abordés dans Qui a peur de la mort, et d'une façon générale les thèmes que l'autrice aime aborder. Je n'étais donc pas forcément très confiant avant de me lancer dans ce roman que je pensais trouver plombant pour le moral. Et bien j'ai été très surpris !

Entendons-nous, il ne s'agit absolument pas d'une jolie histoire où tout le monde est heureux et où tout finit bien. Les thématiques sont dures (racisme, expérimentation scientifique, torture et autres abus en tout genre), mais je trouve que l'autrice parvient à adoucir tout ça en nous distillant de jolies touches d'espoir tout au long du roman. Evidemment, ces moments de bienveillance et d'innocence servent à renforcer le contraste avec tout ce qui ne va pas dans ce monde, mais ça permet aussi vraiment de ne pas être complètement désespéré par cette lecture.

Certains aspects de l'histoire ne sont pas forcément très détaillés, comme l'existence d'organismes extra-terrestres ou la façon dont Phénix apprend à se déplacer à un certain moment de l'histoire, mais je n'ai pas trouvé ça gênant au final. On se rend vite compte que bien que difficiles à comprendre, ces éléments sont bien moins incompréhensibles que les choses aberrantes et effroyables qui peuvent passer dans la tête de certaines personnes.

Une chose est sûre, il s'agit là d'une lecture qui ne peut pas laisser indifférent, et j'ai hâte de continuer à découvrir les romans de l'autrice.
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