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sur 243 notes
Dur, mais que ce roman fut dur à lire ! Celui-ci a valu à son autrice de recevoir des menaces de mort lorsqu'il fut publié au Danemark en 2017 ! Totalement intolérable alors que nous sommes à présent bien ancrés dans le XXIème siècle ! Quelle en est la raison ? Tout simplement, parce que Sara OMAR raconte sans voile ni concession la condition féminine dans le monde musulman !

« La laveuse de mort » se passe dans les années fin 80-début 90 au Kurdistan irakien, pays qui à cette époque est frappé par la guerre, le génocide et la haine.

Lorsque la fragile Frmesk vient au monde, elle n'est pas la bienvenue aux yeux de son père.
Pour lui, seuls les garçons comptent. Si en plus d'être une fille, ce nourrisson frêle porte sur son crâne chauve une petite tache de cheveux blancs, c'est forcément un signe maudit d'Allah !
Pour lui et pour la grand-mère paternelle, femme fanatique et ultra conservatrice : il faut s'en débarrasser au plus vite.

Craignant pour la vie de son enfant, la mère de Frmesk l'a confi alors à ses propres parents, Gawhar et Darwesh. Gawhar est laveuse de mort. Elle s'occupe de laver les corps des femmes assassinées dans le déshonneur et la honte et dont personne ne veut toucher ni même enterrer. Lui est un homme érudit et éclairé défiant l'obscurantisme de l'Islam fanatique. Il possède une riche bibliothèque qui va bien au-delà du Coran. Pour ces raisons, il est considéré comme mécréant par la belle-famille de sa fille.

Ce couple bienveillant parviendront-ils à protéger leur petite fille du fanatisme et de la folie qui l'entoure ? Rien n'est moins sûr.

En parallèle de l'enfance de Frmesk, nous la suivons, trente ans plus tard, soignée dans un hôpital du Danemark, dialoguant avec Darya, une infirmière kurde musulmane soumise par obligation à son père. Pour quelle raison est-elle hospitalisée ? Nous ne le savons pas pour le moment.
Ce qui est sûr c'est qu'elle est hantée par des cauchemars de souffrance, de visions d'horreur, par la peur.

Voici donc le premier tome d'une trilogie dont les deux autres tomes ne sont pas encore traduits en France. C'est un premier roman pour cette autrice d'origine Kurde, musulmane, réfugiée au Danemark depuis les années 90.

Et pour un premier roman, c'est une totale réussite. Il a dû falloir un immense courage à Sara OMAR pour écrire ce qui est peut-être son histoire ou qui s'en rapproche. Ce livre est un coup de poing en pleine face à tous ceux qui refusent de voir l'oppression que subissent les femmes musulmanes aussi bien dans leur propre pays que dans leur pays d'accueil : violences psychologiques, physiques, humiliations quotidiennes, lynchages, viols, incestes…toute la panoplie qu'offre ce fanatisme religieux, cet obscurantisme soi-disant dicté par Allah !

La laveuse de mort est certes un roman dur, implacable, poignant, difficile à lire dont il est impossible de sortir indemne, mais il est aussi écrit avec une écriture d'une beauté magnifique de la part de son autrice. Il est surtout nécessaire pour dénoncer le côté le plus obscure de la religion musulmane. Un immense bravo à Sara OMAR pour sa force, son courage et sa résistance ! Voici ce que pour ma part, j'appelle le vrai féminisme ! J'attends avec une réelle impatience le deuxième tome.
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Frmesk dont le prénom signifie larme, naît au Kurdistan irakien en 1986 à Zamua (ville imaginaire) et n'a pour seuls cheveux à sa naissance qu'une mèche blanche. Cette mèche et son sexe sont une double malédiction pour son père (mais pas seulement) qui ne voit en elle qu'une charge inutile et elle ne devra son salut qu'à l'ingéniosité et la générosité d'un couple bienveillant, Darwésh et Gawhar, ses grands-parents maternels qui vont la sauver d'une mort certaine.

La mort est omniprésente dans ce roman non seulement à travers la guerre Iran-Irak qui frappe le pays mais également pour les femmes, et n'épargne pas celles de la famille ou du voisinage de Fremsk lorsque le doute s'installe sur leur pureté ou fidélité mais également par le rôle tenu par Gawhar, sa grand-mère, assumant le rôle de laveuse de mort, celle qui fait la toilette des femmes mortes abandonnées, mutilées, torturées, oubliées de leurs familles et leur donne un aspect digne et propre pour le dernier voyage.

Ce roman, premier volet d'une saga autour du personnage de Frmesk, raconte de la naissance jusqu'à l'âge de 5 ans l'enfance de la fillette, une enfance faite de violences dans un pays déchiré par la guerre et les exactions, meurtres commis au nom d'un Dieu, d'une croyance, de l'ignorance. 

"Plusieurs fois, elle s'était fait la réflexion que ce devait justement être cela, la plus grande faiblesse de l'homme. de croire aveuglément et de placer toute sa confiance en une puissance supérieure qui, au lieu d'améliorer les choses, ne faisait que les aggraver. (p306)"

Ce récit nous est relaté par Frmesk elle-même, en 2016 au Danemark alors qu'elle vient de subir une opération dans un hôpital. Elle confie à son ordinateur ses pensées, ses souvenirs tout en se méfiant de tout et de tout le monde. Elle est dans une tension permanente, terrifiée à l'idée d'être identifiée.

Ce roman est un bijou, un bijou très dur par le contexte, par certaines scènes difficiles mais que je n'ai pas trouvées insurmontables parce que nécessaires pour dénoncer la non-place et la tragédie que vivent des femmes et le sexe féminin quelque soit l'âge, sous l'emprise des hommes (et de certaines femmes) se retranchant derrière la religion pour faire régner la peur, la terreur au nom d'un Dieu dont les préceptes et les interprétations dirigent chaque minute de leurs existences et sont prétextes à tous les excès.

A travers le couple formé par Darwésh, le mécréant parce que zoroastrien , et Gawhar, musulmane qui ne sépare jamais de son "petit coran" dans lequel elle puise sa force, l'auteure met en avant ses propres réflexions (car comment ne pas comprendre que ce roman est en partie autobiographique) sur la place de la femme, des violences morales, physiques et psychologiques subies dès la naissance mais également une réflexion sur la croyance, l'interprétation des textes sacrés qu'en font les hommes pour faire régner leurs lois.

"Mais pourquoi aurait-elle du implorer la clémence de Celui qui n'était autre que le Créateur des bourreaux ? (p305)"

Un roman dont on se doute qu'il est parfois difficile de retenir son dégoût, sa colère, sa révolte mais un roman utile et nécessaire pour rendre hommage à toutes ces femmes sacrifiées sur l'autel de la violence, de l'oppression et des abus de toutes sortes. Des femmes martyres....

Je me suis particulièrement attachée à ce couple de grand-parents très uni, tolérant et bienveillant allant jusqu'à accueillir au sein de leur famille orphelins, déshérités et en particulier Darwésh, le grand-père, ancien colonel de l'armée, qui est en quelque sorte le philosophe de la famille, allant jusqu'à se jouer de l'absurdité des comportements de certains, tentant d'ouvrir les yeux de ses proches non pas sur la religion elle-même mais sur ce que les hommes en ont fait 

"-Peux-tu me die lequel est le Coran et lequel est la Bible ? (...) - Les mots des deux dieux projettent la même ombre, et chaque livre n'est rien d'autre que l'ombre de son auteur. C'est la raison pour laquelle nous devons toujours nous montrer critiques à l'égard des livres que nous lisons, en particulier s'ils sont censés avoir été dictés il y a des siècles par une force surnaturelle. (p251)"

Oui le titre et par extension le contenu peut faire peur et j'ai moi-même attendu le bon moment pour me plonger dedans, mais il est des romans nécessaires même si le sujet est difficile, si certaines scènes sont parfois cruelles et inimaginables pour nous, il faut s'y confronter parce que cela se passe sur notre planète, pas si loin de chez nous et le plus souvent en toute impunité. 

J'en suis ressortie avec de la colère, de la révolte et une sorte de malaise non pas dues à l'auteure et à son écriture, qui a su mêler à cette violence la tendresse que Frmesk reçoit de ses grands-parents, mais par les faits relatés qui sont malheureusement pas imaginaires mais le reflet d'une condition féminine bâillonnée, torturée, dont le seul fait de vivre est déjà une offense. J'ai aimé la position de Sara Omar de ne pas faire de son récit une charge contre la religion elle-même mais par la traduction instituée par les hommes pour assoir leurs pouvoirs.

Un coup de coeur pour le courage qu'il a fallu à l'auteure, Sara Omar pour écrire un tel roman, qui lui a valu des menaces de mort, parce qu'il est un monde où dénoncer n'est pas possible, un monde où naître femme est une malédiction, un monde où la puissance des hommes s'exerce de bien des manières.  Un roman difficile, dur et nécessaire mais pas insurmontable et parce que je ne veux pas vivre en fermant les yeux, en n'écoutant pas les voix qui ont le courage de s'élever pour mettre des mots sur ce que nos yeux ne veulent pas toujours voir, entendre.

Mention spéciale pour la couverture que je trouve magnifique et j'attends avec impatience le deuxième volet le danseur des ombres, par encore paru en France, qui a reçu le prix littéraire danois de Gyldne Laurbaer (les lauriers d'or) car j'ai abandonné Frmesk en pleine détresse à 5 ans et en plein chaos à 32 ans.
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De 1986 au Kurdistan à 2016 au Danemark . C'est pendant cette période qu'ont lieu les événements qui font la trame de ce roman très certainement teinté d'épisodes réellement vécus par l'auteur ou quelqu'un de très proche.
Je suis étrangère à toute sensiblerie, mais ici j'avoue avoir été secouée comme rarement dans une oeuvre de fiction.
C'est sous la plume d'une jeune femme que se dessinent jusque dans dans les détails parfois sordides toutes les monstruosités faites aux femmes sous prétexte de complaire à Allah.
Cette religion dévoyée fait des hommes des barbares et des femmes des êtres destinés à souffrir et obéir parce nés "filles".
La violence est utilisée par des hommes incultes, mais la jeune héroine du roman , Frmesk, a la chance d'avoir des grands-parents bienveillants, un grand-père incroyant et une grand mère énergique et volontaire qui s'attache à laver les jeunes femmes mortes , tuées par leur mari ou famille parce qu'impures: et que les sujets sont nombreux pour fabriquer cette impureté!
Ce roman serait le premier tome d'une trilogie, Sara Omar a trouvé refuge au Danemark.
J'ai hâte de lire la suite de cette histoire, parce que la volonté de ces femmes de se libérer ne peut , ne doit qu'aboutir à des jours meilleurs.
La traduction du danois de Macha Dathi est très certainement excellente, car on y retrouve toutes les vibrations de cet excellent texte.
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« Qu'ai-je fait qui les autorise à nier mon droit naturel à la vie ? Qu'ont fait les innombrables femmes qui vivent dans la Prison de la Foi à travers le monde ? Nous n'avons pas choisi notre sexe. »

*
Originaire du Kurdistan irakien, Sara Omar a écrit un roman magnifique d'une grande force, mais d'une dureté extrême. Elle dénonce les sévices et la violence quotidienne que subissent des milliers de femmes sous le joug de familles musulmanes tyranniques et extrémistes. Brutalités suscitées par la culture de l'honneur et les commandements de leur religion dans une société patriarcale.

« Dans un autre monde, on pourrait peut-être toutes sortir dans la rue avec les cheveux détachés et le ventre à l'air, mais pas ici. Non, plus une fille est couverte, plus elle a de chances de survivre. »

*
Frmesk, l'héroïne de ce roman, a des points communs avec l'auteure, peut-être ce roman est-il en partie autobiographique ?
En effet, toutes deux sont nées en 1986 au Kurdistan d'Irak et ont toutes deux une mèche de cheveux blancs de naissance. Cette petite tache blanche en forme de coeur sur la tête chauve du nouveau-né est un danger dans une société où règne la méfiance et où il est difficile de trouver la solidarité et l'entraide. Née un jour de tempête, cette petite fille fragile et fluette n'est pas la bienvenue dans un monde dominé par les hommes qui abusent des passages obscurs du Coran pour assouvir leurs déviances sexuelles et leur besoin de dominer.
La mère de Frmesk, Rubar, apeurée par les paroles violentes de son mari, va alors confier le bébé à ses parents, les deux "lumières" de ce roman.

"Une fois encore j'ai survécu à tout, sans toi
J'ai promis de ne plus faire un seul pas, sans toi
Mon âme est une maison abandonnée remplie de larmes sans toi.
Mes yeux sont aveugles, je n'y vois plus
Chacun de mes cils est une aiguille de douleur sans toi."

*
Darwésh, le grand-père, a une vision critique de sa société kurde et de l'interprétation que font les hommes du Coran. Il croit au pouvoir des livres, de la culture et de l'instruction.
Gawhar, son épouse, est laveuse de morts, un profession qui la rend méprisable et impure aux yeux des autres : rendant leur dignité à celles jugées souillées et déshonorées, elle lave le corps des jeunes filles ou des femmes décédées, assassinées le plus souvent par leur famille ou leur belle-famille pour avoir bafoué Allah, et abandonnées sans sépulture.

*
Quant à Rubar, déchirée par cet abandon nécessaire, sa vie n'est que souffrance et peur, partagée entre un mari violent et une belle-mère haineuse et fanatique.
En effet, les femmes aussi, élevées dans cette culture, sans ouverture d'esprit, ignorantes, se montrent intraitables, méfiantes, malveillantes, voire malsaines. Elles reproduisent fanatiquement leurs coutumes religieuses sur leurs propres filles.

*
Le roman se construit sur une alternance de lieux et de temps.
L'héroïne Frmesk apparaît au début du roman dans un hôpital danois en 2016 où elle a été hospitalisée. Elle rencontre une étudiante en médecine et se confie peu à peu à elle. Ainsi, chapitre après chapitre, Frmesk se dévoile. Souvenirs violents, traumatismes, cauchemars qui l'a ramène dans ce passé qu'elle fuit.

*
Il est intéressant de savoir que ce roman s'inscrit dans une trilogie, je l'ignorais et c'est un peu frustré que j'ai terminé cette lecture.
Le deuxième tome vient de paraître au Danemark, où l'autrice vit. Il faudra donc être patient pour comprendre pourquoi Frmesk est soignée dans un hôpital danois.

*
« La laveuse de morts » est un roman comme je n'en ai peu lu. Un souffle glacial m'a saisie dès les premiers mots pour ne plus me lâcher jusqu'à la dernière ligne du roman.
Ecrit par une femme courageuse et engagée, cette histoire décrit le quotidien de ces femmes, la brutalité inouïe qu'elles subissent dans l'intimité de leur foyer. Elle dénonce les dérives religieuses.
Certains passages sont quasi-insoutenables, châtiments corporels, meurtres, viols, inceste, mutilation sexuelle mais représente la triste réalité de ces femmes prises en étau entre leurs traditions religieuses et la guerre.

Un roman de la rentrée littéraire 2020 à lire absolument.

"N'oubliez jamais que vous êtes précieuse."
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« On ne nous laissera jamais en paix. La mort rôdera toujours. » Cette phrase dite par Gawhar résume la vie de tellement de femmes actuellement dans le monde que la lecture de ce livre, malgré l'énorme dérangement qu'il cause, devrait être obligatoire.
Je suis incapable d'oublier cette lecture, j'ai mal à tout mon corps pour ces femmes qui subissent des atrocités au nom de quelques textes religieux que ce soit. Les êtres humains qui font de telles abominations sont responsables de crimes contre la perpétuation de la vie!
Le fléau du mariage des jeunes filles avant leurs 18 ans, 650 millions dans le monde et près du tiers de ces filles, avant leurs 15 ans. Ces chiffres sont récents et sont révélateurs de la place et de la valeur des femmes dans certains pays.
« Qu'on fait les innombrables femmes qui vivent dans la Prison de la Foi à travers le monde? Nous n'avons pas choisi notre sexe. »
Je suis encore estomaquée des atteintes à la dignité, des douleurs subies, des peurs viscérales créées par les hommes et trop souvent même par d'autres femmes de la communauté.
« Une cicatrice n'est qu'un bout de peau tuméfié sans importance. Tout ce qu'il y a en dessous, c'est ça la vraie douleur. Mais personne ne peut la voir. »
Je suis sans mots pour décrire plus longuement la trame de ce récit. La douleur de ces femmes mérite mieux qu'un résumé écrit sur un coin de table.
Je recommande vivement ce livre et je prends très affectueusement Frmesk dans mes bras. Je lui souhaite longue vie car elle est précieuse! Vivement nos retrouvailles…
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Je viens de tourner la dernière page ,j'étais sur mon balcon il y avait un beau soleil,mais je suis glacée ,glacée par l'horreur que j'ai ressentie ,glacée d'effroi : est- il possible que cela existe,nous sommes au 21 ème siècle et comment pouvoir vous parler de l'innommable?
Et l'on a beau se dire : non ce n'est pas vrai ,c'est un cauchemar, on sait que oui,ça existe! Ce livre m'a fait faire le rapprochement avec le livre d'Émilienne Malfato: Que sur toi se lamente le tigre.
Comment des êtres humains peuvent-ils agir de cette façon sous couvert d'une religion obscure et de traditions plus que barbares, n'ont- ils aucun respect pour leur mère ?Livre témoignage sur la condition des femmes kurdes Irakiennes.Un livre choc qui m'a énormément bouleversé, qui je pense va me poursuivre longtemps,un livre à ne pas mettre entre toutes les mains tant des scènes d'horreur y sont décrites.Oui il faut savoir ,oui il faut dénoncer les violences faites aux femmes et auxenfants : Sara Omar est engagée dans ce combat ,au péril de sa vie ,tout comme Salman Rushdie,elle est victime de plusieurs fatwas .A recommander avec beaucoup de réserve tant la lecture est parfois difficilement soutenable.
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Cela fait quelques jours que j'ai terminé ce roman et je n'arrive pas à passer à une autre lecture, tellement il m'a bouleversée.
Il faut dire que Sarah Omar est une autrice talentueuse et une fois le livre ouvert, il est impossible d'arrêter de lire.
Le personnage principal Frmesk, naît un jour de tempête en 1986 à Kurdistan. Un accouchement difficile pour sa mère et une déception pour le père et la grand-mère paternelle qui ne voulait pas de fille dans la famille de son fils. Pour protéger la fillette, la grand-mère maternelle décide de l'élever chez elle. Nous retrouvons Frmesk en 2016 dans un hôpital danois et on se rend compte qu'elle a subi un traumatisme. de quoi s'agit-il ? On l'apprendra au fil des pages.
Entre passé et présent, un roman poignant et courageux qui parle de violence, d'injustice dans un pays où naître femme devient une malédiction.
J'aimerais préciser qu'il y a des détails difficiles à supporter dans ce livre, donc : Ames sensibles s'abstenir !
Il s'agit du premier volume d'une trilogie. Je ne manquerai pas de lire la suite dès qu'elle sera traduite.
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Nous sommes au Danemark en 2016. Frmsek, d'origine kurde, est hospitalisée, en situation de post-traumatisme. Elle écrit sur son ordinateur, regarde les chaînes d'infos en continue quand elle ne sombre pas dans un sommeil perturbé par d'horribles cauchemars.
40 ans avant, elle naît dans un Irak secoué par une guerre intestine dont les kurdes sont les victimes, dans un silence international assourdissant. Elle a le malheur d'être une fille et sa petite tâche de cheveux blanc, sur un crâne chauve, la distingue dès la naissance, ce qui déplaît fortement à sa grand-mère paternelle. Son père est humilié par cette naissance. Violent, dominateur, il maltraite Rubar sa mère.
Pour la sauver d'un meurtre attendu et autorisé, ses grands-parents maternels la recueillent. Darwésh, le grand-père - personnage solaire qui donne foi en l'humanité - est zoroastrien, réformateur et considère l'islam comme une religion totalitaire. Il s'oppose en cela à sa femme Gawhar, musulmane convaincue qu'Allah est grand et qu'il doit être fait selon ses préceptes. Gawhar, qui lave le corps de femmes assassinées, en général par un proche, car considérées comme impures. Elle les prépare avec tendresse pour leur dernier voyage alors que leurs familles se sont détournées d'elles de peur d'être déshonorées.
Le couple partage les mêmes valeurs et - uni par un amour inébranlable - accueille toutes les femmes en détresse. Et elles sont nombreuses, malmenées par une société qui applique un islam rigoriste et vengeur qui leur dénie tout droit si ce n'est celui d'obéir à leur mari.
C'est un roman douloureux, qu'on lit en retenant sa respiration tant la violence sociale est omniprésente. La communauté est secouée par les assauts de Bachar, l'utilisation de gaz, de bombes, de toute arme susceptible de l'éradiquer. Mais c'est la guerre incessante faite aux femmes qui est glaçante, le poids de la tradition - au nom de laquelle un meurtre peut être perpétré en toute impunité par un père, un frère ou un cousin - s'impose à tous et peu résistent. Même pas les femmes dont certaines, les plus âgées notamment, cautionnent, voire encouragent les violences et punitions définitives.
Et tout cela s'exporte : Frmesk n'est pas plus en sécurité au Danemark, en 2016. La jeune interne qui la prend en charge, également kurde, subit la même pression paternelle, les mêmes menaces de mariage et de renvoi au pays pour « rééducation ».
On quitte Frmesk, enfant, en bien mauvaise position, en attendant de la retrouver certainement dans un tome 2. Que je ne lirai pas. Je suis sortie de cette lecture trop bouleversée, écoeurée par cette suite de violences dont on ne voit pas bien ce qui pourrait l'endiguer, un peu découragée par la nature humaine. C'est un excellent roman, très bien écrit et traduit. Mais cela fait trop écho à l'actualité dans le monde et, peut-être, en ce moment, je n'attends pas de la lecture qu'elle me replonge dans la turpitude.
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L'horreur est humaine. Ce n'est pas une révélation mais une atroce confirmation que nous donne Sara Omar dans La laveuse de mort, un roman dont on sait qu'il s'inspire en grande partie du passé de son auteure. Celle-ci vit d'ailleurs au quotidien sous la menace après la parution de son livre et de celui qui a suivi. La laveuse de mort fait partie de ces ouvrages dont la lecture est souvent insoutenable, détaillant les atrocités faites aux femmes dans le Kurdistan irakien, au nom de la religion et d'une tradition patriarcale qui tient sous son emprise toute une population, masculine évidemment, mais aussi féminine en partie, dès lors que tout rébellion aux coutumes séculaires met en danger votre vie. C'est l'accumulation des abominations qui crée un malaise persistant chez le lecteur de la laveuse de mort même si Sara Omar atténue parfois son propos avec une poignée de personnages plus humains, lesquels n'ont malheureusement guère le pouvoir de faire changer les choses. L'écrivaine desserre aussi l'étau avec plusieurs scènes situées dans un hôpital de Copenhague sous forme d'un dialogue entre femmes mais ces intermèdes sont trop rares pour s'opposer au malaise général. La laveuse de mort est un cri dans la nuit de l'obscurantisme, indispensable, sans l'ombre d'un doute, mais dont la forme romanesque convient peut-être moins qu'un document proprement dit. Mais qui sommes-nous pour juger ? Si ce livre a permis à Sara Omar d'exorciser ses traumatismes et de mettre en lumière, pour le plus grand nombre, des pratiques et des comportements exécrables, il a totalement rempli son but.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Laveuse de morts.
C'est le métier de Gawhar, la grand-mère de Frmesk, qui s'occupe du corps de ses femmes que personne ne veut toucher ou enterrer ; des femmes souvent assassinées par leur famille dans le déshonneur et la honte.
L'histoire se passe au Kurdistan, en 1986. Frmesk va être confiée à ses grands-parents maternels car c'est une fille. Et son père ne veut pas de fille. D'ailleurs il en a peur car elle porte un signe de sorcellerie : une tâche de cheveux blancs. Adorée par sa grand-mère Gawhar, elle va échappée à son triste sort et vivre auprès de cette famille détestée des autres. Avec un grand-père aux idées libératrices, parfois en totale contradiction avec Allah, et une grand-mère, laveuse de morts, il n'est pas simple d'échapper aux injures ou aux tentatives d'assassinat.
C'est dans ce pays conservateur, où la condition de la femme est plus que malmenée, que Frmesk va grandir.

Violences, déshonneur, religion, un récit qui entremêlent croyances et destinées. Un livre bouleversant, déchirant qui a valu à son auteure de nombreuses injures de la part de son pays. Un récit qui met en scène l'histoire kurde et danoise puisque notre protagoniste a fui son pays d'origine pour trouver refuge ailleurs. Autobiographie ou simple fiction ? Les fait sont parfois tellement douloureux qu'on peut se le demander.
Une histoire qui remue. Beaucoup.
Une histoire qui dérange mais qui met en lumière la destinée de ces femmes.
Un premier roman qui interpelle et dont on attend la suite, le coeur serré et le poing levé.
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