Sara Omar parle de son roman "La laveuse de morts"
« Mon grand - père pensait qu’en tant qu’être humain, chacun de nous était responsable de ses actes, et qu’on ne pouvait se réfugier derrière quelque texte religieux que ce soit quand on accomplissait quelque chose de bien ou de mal.
Il y eut un moment de silence .
———C’est ça qui est beau, dans la croyance de mon grand - père, poursuivit Frmesk . La lumière est toujours là , mais il appartient à chacun d’en faire le meilleur usage possible. »
On ne peut pas être mécréants, dit Frmesk. C’est juste un mot que certains utilisent pour parler des gens qui croient à autre chose qu’eux. C’est comme les païens.
Chère Darya,
(...) quand on décrète que vous ne serez jamais vraiment un être humain parce que vous n'êtes pas né garçon- alors trois choix s'offrent à vous dans la vie :
Vous pouvez tenter de tenir le coup, de vous taire, de subir la violence et l'oppression en silence derrière votre voile.
Vous pouvez mourir de votre propre main ou de celle d'un homme.
Ou alors, vous pouvez essayer de briser les chaînes, au risque de tout perdre . Même la vie. (...)
Pour moi, la vie consiste à garder la foi en son humanité, afin que le mal ne puisse nous dévorer. Pourtant, mes mots donnent la parole au mal, mais si je le fais, c'est simplement dans le but d'être entendue. Mes mots, c'est tout ce qu'il me reste. Sans eux, je ne serais rien. (...)
N'oubliez jamais que vous êtes précieuse
Affectueusement
Frmesk
« Le prophète dit « J’ai regardé le Paradis et j’ai constaté que la plupart de ses habitants étaient des pauvres ; puis j’ai regardé l’enfer et j’ai constaté que la plupart de ses habitants étaient des femmes » .
Livre du début de la création , livre 54.
« Elle regardait droit devant elle, dans la gueule béante du vent déchaîné .
Comme une créature qui avait si longtemps vécu dans la haine qu’a présent elle était devenue la haine incarnée et qu’elle portait constamment cette haine tel un manteau qui la protégeait non seulement du vent , mais de tous les êtres vivants , y compris de son âme obscurcie.
Sa bouche était de travers et pendait d’un côté » ....
« ——-La pensée critique?
—— La pensée critique , c’est le fait de s’insurger sur ce qui est la norme.
En ce qui concerne la littérature religieuse , les penseurs critiques sont largement minoritaires .
——-Ce n’est pas à nous de critiquer l’œuvre d’Allah, protesta Gawhar.
—— C’est exactement ce que pense la majorité musulmane à l’heure actuelle, mon fils , dit Darwėsh, le regard rivé sur Aso.
——- Mais ont -ils raison?
Doit - on renoncer à son libre arbitre au profit de quelque chose qui pose tous les cadres de notre existence ?
La pensée critique consiste à poser des questions et à réfléchir » .
Elle posa son coran avec délicatesse sur l'étagère supérieure de la bibliothèque et en caressa brièvement le dos doré. Il devait être placé plus haut qu'elle. Toujours. Plus haut que les êtres humains. (p. 22)
-La pensée critique ?
- La pensée critique, c'est le fait de s'interroger sur ce qui est la norme. En ce qui concerne la littérature religieuse, les penseurs critiques sont largement minoritaires. (p. 249)
[Le grand-père à sa petite-fille, bébé ] Et jamais tu ne permettras que les paroles d'Allah soient un fardeau pour toi. Car aucun dieu ne possède un tel droit. Ne l'oublie pas. (p. 79)
Elles étaient toutes seules. Dans la vie comme dans la mort. La solitude les rassemblait et les séparait. La solitude était le prix à payer. (p.209)