Citations sur Voyez comme on danse (35)
Chacun est prisonnier de sa famille, de son milieu, de son métier, de son temps.
Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.
Il y a des trous dans la nécessité des lois, dans l' enchaînement mécanique des effets et des causes. Vous pouvez les appeler Providence, vous pouvez les appeler le hasard. L'essentiel est de sauter dessus et de les apprivoiser.
Ce temps inexorable n'arrêtait pas de bouger. Il était une naissance perpétuelle et une mort perpétuelle. Le passé mourait à chaque instant pour donner naissance au présent et, simultanément, le présent - dans lequel nous ne cessions jamais de vivre et qui n'existait presque pas - mourait aussitôt pour donner naissance à l'avenir. Le temps n'est que paradoxe et contradiction : on pouvait dire tout aussi bien que l'avenir, à chaque instant tombait dans un présent qui n'avait rien de plus pressé que de tomber dans le passé. C'était une métamorphose en boucle, l'image même de cette vie où naître est un autre nom pour mourir.
Parce qu'il vivait dans le présent, il se refusait à toute spéculation sur l'avenir après la mort et à tout rappel inutile du passé. La vie était faite, à ses yeux, pour être consommée sur-le-champ et sur place. La vie était un produit à dégustation immédiate et qui ne tolérait aucune tentative de conservation artificielle. Ce n'était pas la peine de l'emballer, de la couvrir de noeuds pour faire joli, de l'exhiber derrière soi ni de pousser de grands cris. Ce qui était fini était fini et on n'en parlait plus. (p. 16)
Rompre avec les choses réelles, ce n'est rien ; mais avec les souvenirs ! ... Le cœur se brise à la séparation des songes.
Parce qu'il [Romain Gary] vivait dans le présent, il se refusait à toute spéculation sur l'avenir après la mort et à tout rappel inutile du passé. La vie était faite, à ses yeux, pour être consommée sur-le-champ et sur place.
La vie était un produit à dégustation immédiate et qui ne tolérait aucune tentative de conservation artificielle. Ce n'était pas la peine de l'emballer, de la couvrir de noeuds pour faire joli, de l'exhiber derrière soi ni de pousser de grands cris.
La mort rattrape toujours la vie. Elle règne parce que la vie règne et toute vie, quelle qu'elle soit, se termine dans la mort. La seule question sérieuse est de savoir si cette mort, qui est le dernier mot de la vie, est le dernier mot de tout.
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Longtemps j'avais cru que les sentiments étaient univoques et tranchés à la façon des corps simples ou des couleurs fondamentales : on aimait plus, on détestait, on regrettait, on espérait, on préférait. J'avais appris qu'ils étaient ambigus et contradictoires et qu'il était possible de regretter ses bourreaux, de craindre ce qu'on espérait, d'aimer encore ceux qu'on n'aimait plus, de préférer ce qu'on détestait.
Ce qu'elle allait devenir... Ce que nous allions tous devenir... Nous allions tous mourir, comme Romain, qui était le plus vivant d'entre nous.
Mais avant d'aller à la mort, et c'était pire, nous allions tous passer par la vie.