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Critique de gavarneur


J'avais beaucoup aimé Madame Bâ* et me léchais les méninges d'avance de lire la suite : j'étais emBâllé.
J'imagine Eric Orsenna aussi avec un air gourmand à l'idée de faire revivre son personnage. Je l'imagine pensant : « Madame Bâ c'est moi. »  Cette fois, elle est vraiment dotée de super-pouvoirs, mais ce sont surtout son enthousiasme et son culot qui font fondre les obstacles devant elle. Une bonne dose de culture et de sagesse aussi, une réflexion et une pédagogie souvent originales, un art consommé de la dialectique, de la maïeutique. Orsenna lui a adjoint un co-narrateur, un griot chargé d'immortaliser la chronique de son retour au Mali : « c'est toi qui prends en charge l'édification de ma légende » lui dit Madame Bâ.

Vos vous souvenez qu'en 2012 les djihadistes ont pris le pouvoir dans tout le nord du Mali, détruisant des trésors à Tombouctou, puis que l'armée française est intervenue. L'intervention décisive de Madame Bâ dans cette tourmente est donc d'une importance énorme, mais je vous laisse la découvrir dans les écrits de son griot.

Durant les trois quarts du livre, Orsenna adopte un ton léger, rempli d'humour, pour présenter des tableaux du Mali et des maliens, réels ou fantasmés. Sa description du népotisme à plusieurs niveaux du pouvoir, par exemple, ne lui a sans doute pas créé beaucoup d'amis là-bas, mais vous fera beaucoup sourire. Et sa présentation des trafiquants de drogue ?
Il est déjà plus sérieux sur les missions que se donne Madame Bâ pour l'éducation des enfants et pour que les femmes, par le contrôle des naissances, gagnent en indépendance.
Sur le climat de terreur qu'imposent les Touaregs et les Djihadistes dans les régions qu'ils contrôlent, Orsenna donne des exemples qui font frémir. Madame Bâ donne des leçons d'histoire et de géographie que j'ai, comme son petit-fils, eu plaisir à ingurgiter. Elle a aussi des jugements qui m'ont fait sursauter, par exemple sur la violence qui serait inhérente aux Touaregs. Mais qu'en sais-je ? D'ailleurs, ces jugements sont parfois nuancés et expliqués plus tard.

Au final, la verve et la volubilité d'Orsenna font que la lecture est facile, elle est instructive aussi, mais tout cela ne surprendra pas ses admirateurs. J'ai été un peu déçu par la brève partie qui se passe à Tombouctou : à un sujet aussi grave le ton badin du début n'aurait sûrement pas convenu, mais le récit est un peu décevant (Madame Bâ prise en flagrant délit d'impréparation!). Il me reste à trouver d'autres sources pour poursuivre la réflexion à laquelle l'auteur m'a invité.

*mais environ quinze ans après, mes souvenirs sont vagues
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