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Critique de Zora-la-Rousse


Voilà plus de 10 jours que je cale sur la rédaction de ma critique…
Que pourrais-je bien écrire qui ne l'ai déjà pas été sur les quelques 1 000 critiques précédentes ?
Comment trouver les mots justes pour décrire mon enthousiasme, mon engouement, mais aussi mon saisissement, voire mon désarroi…

Parce qu'une chose est sûre, je l'ai dévoré ; et il a désormais sa place dans mon Panthéon personnel.
Mais pourquoi ? Sans doute parce que c'est une oeuvre universelle, qui parle à chacun et qui a ouvert chez moi plein de petites fenêtres sur mes questionnements intérieurs…

1984 - Londres – Océania : Winston Smith est fonctionnaire au Ministère de la Vérité, au Commissariat aux Archives. Son travail consiste à réécrire tout type de documents afin qu'ils correspondent à la réalité du moment présent dictée par le Parti. Comme tous ses concitoyens, il est soumis à une surveillance constante, de ses actes comme de ses pensées, si ces dernières avaient le malheur de transparaître sur son visage ou ses propos…
« Big Brother is watching you ».

Dans un monde totalitaire où la liberté d'expression est bannie, il est difficile d'être différent, impossible d'assumer des pensées dissidentes sans craindre le pire. Alors, quand Winston sent son esprit tendre vers la subversion, il le canalise en rédigeant un journal intime. Il y décrit sa vie, rythmée par son travail et son dévouement feint au Parti, épuisant… Il y explique la novlangue, la langue officielle d'Océania qui permet de mieux contrôler les esprits, mais aussi la double-pensée qui consiste à effacer tout esprit critique en s'entraînant à accepter simultanément deux points de vue opposés. Tels les slogans du Parti : « La guerre, c'est la paix », « La liberté, c'est l'esclavage », « L'ignorance, c'est la force ».

Seulement voilà, de par son action d'écriture, Winston n'arrive plus à oublier le passé au profit d'un présent retravaillé. Il cultive même là sa mémoire individuelle, au mépris des règles fondamentales instaurées par le Parti. Cet acte le fait dès lors entrer en résistance contre l'Autorité, sans qu'il en soit réellement conscient au départ, puis de manière de plus en plus osée et ostensible. Il ne peut plus rester seul avec ses interrogations, il lui faut trouver des réponses à ses questions.
Jusqu'où le mènera sa prise de conscience ?

Un roman magnifiquement angoissant.
D'une grande esthétique, l'écriture de George Orwell, magnifiée par la traduction de Josée Kamoun, m'a portée de bout en bout du récit. L'expression de son humanité, que l'on retrouve dans nombre de ses écrits, est tout simplement bouleversante.
Derrière la forme, le fond, et là je me permets de parler d'une forme d'effroi en termes de ressenti. Cette société cauchemardesque est-elle vraiment si éloignée de notre contexte actuel ? Les extraits du livre de Goldstein lus par Winston sont terriblement troublants sur les leviers d'action à mettre en place pour exercer un tel fonctionnement.
Liberté d'expression, novlangue contemporaine, le « en même temps » cher à notre président, nul besoin de chercher bien loin pour entendre les échos prophétisés. J'espère en tout cas que deux + deux feront toujours quatre, même si cette simple équation ne manquera plus jamais de me donner un frisson glacé…

Je garde cependant ces derniers mots d'espoir, qui concluent admirablement l'ouvrage : « D'une façon ou d'une autre, vous échouerez. Tôt ou tard, ils verront qui vous êtes et vous déchireront. La vie vous vaincra. Il y a quelque chose dans l'univers, je ne sais quoi, un esprit, un principe que vous n'abattrez jamais. »
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