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Citations sur Jours tranquilles à Damas (12)

Aujourd'hui, Bachar el-Assad a remporté une cinglante victoire contre tous ceux qui avaient juré sa perte. Son atout est d'avoir pu compter sur une Russie constante et cohérente que les Occidentaux avaient négligée dans leurs calculs. Il a pu s'appuyer aussi sur une armée soudée et sur un soutien populaire non contestable alors qu'en face l'opposition reste éclatée en différentes factions, y compris djihadistes, sans réel projet politique. Des combattants de la liberté ? Je ne suis pas sur place. Mais à entendre la façon dont ils ont géré jusqu'à présent leurs territoires, ce n'est visiblement pas l'esprit des Lumières qui a guidé leur action.
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La guerre passe inévitablement par la propagande – des deux côtés – et donc par les mots. Depuis le début du conflit, je m'attelle à éviter les sémantiques trop connotées. Ainsi, je m'abstiens de dire "l'armée de Bachar" car un soldat syrien m'a affirmé qu'il ne combattait pas pour Bachar, mais bien pour la Syrie. "Bachar tue son propre peuple" est aussi répété à l'infini, mais évoque erronément un génocide (mot également utilisé...) Quant au "peuple", tous ne sont pas des civils syriens sans défense, puisqu'on trouve dans le camp d'en face des combattants saoudiens, tchétchènes, français, belges... "Le boucher de Damas" est également un qualificatif fort répandu, mais la guerre est toujours une boucherie.
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Ces chroniques ne sont pas du "journalisme sur la guerre", mais "en temps de guerre". Ce sont moins les belligérants qui importent que les citoyens syriens traumatisés par ce conflit et qui tentent, à leur niveau, de ramener la paix dans leur quartier, leur ville, leurs pays. "Jours tranquilles à Damas", c'est une façon de dire que la Syrie n'est pas toute entière à feu et à sang, contrairement à ce que des images trompeuses peuvent suggérer. Même si la guerre est dans toutes les têtes, la vie quotidienne continue : les marchands ouvrent leurs échoppes, les enfants vont à l'école, les balayeurs nettoient les rues, les familles vont au parc le dimanche...
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Une leçon à retenir, c'est que la morale seule ne suffit pas à régler les malheurs du monde. Cette mythologie n'a fait que prolonger le conflit. Je relis cette stupéfiante phrase dans un édito paru dans un média belge en 2013 : "Nous plaidons depuis longtemps pour que les rebelles soient aidés militairement afin de changer le rapport de force", écrivait la journaliste. Coupable naïveté, car le compteur était alors "seulement" à 70 000 morts. Cinq ans plus tard, il s'approche des 400 000. Le rapport de force n'a jamais changé. Ne valait-il pas mieux plaider dès le départ pour une paix injuste plutôt que pour une guerre sans fin ?
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En France, le Quai d'Orsay déconseille aux journalistes de se rendre en Syrie. "Cachez cette guerre que nous ne saurions voir", ironisent les syndicats de journalistes qui dénoncent un appel à l'auto-censure et une vision rétrograde d'une profession qui serait condamnée, au nom de la sécurité, à se cantonner aux sentiers bien balisés (...) du journalisme embarqué. (...) Au nom de la sécurité, on déconseille aux journalistes d'aller constater l'épuration ethnique pratiquée par la Turquie à Afrine et de se rendre compte de la vraie nature des rebelles de la Ghouta.
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[Des films] où l'on revoit aussi des "communicateurs" plus enclins à filmer qu'à aider. Où des bébés sont miraculeusement tirés des décombres. Où, comme à Alep, des gens sont prêts à témoigner que tout le monde va mourir est que tout est détruit, mais qui ont encore visiblement de l'électricité, des smartphones et un accès à Skype.
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(...) aucun des grands acteurs n'a intérêt à voir le régime [syrien] s'écrouler car il n'existe pas d'alternative modérée. Revers de la médaille : une chape de plomb risque de recouvrir la Syrie pendant au moins une décennie pour prévenir toute nouvelle révolte.
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[Poutine] a gardé ouvertes toutes ses voies de communication, autant avec son protégé syrien qu'avec les pires ennemis de celui-ci, comme le Turc Recep Tayyip Erdogan, le Saoudien Mohamed Ben Salman ou l'Israëlien Benyamin Netanyahou. Avec à la clé un retournement spectaculaire : après avoir juré la perte de Bachar, Erdogan préfère s'entendre avec lui sur le dos des Kurdes, tant il redoute la création d'un État indépendant à ses frontières.
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L'autre vecteur du conflit est l'opposition entre sunnites et chiites, et au-delà entre les deux puissances régionales, l'Arabie Saoudite et l'Iran. Au début, la guerre civile en Syrie était un moyen pour la Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar de briser l'axe chiite iranien en construction entre Téhéran et Beyrouth (...). D'où le soutien de ces trois pays aux djihadistes, jusqu'à ce que l'administration Obama intervienne pour freiner la prolifération de Daech, ce Frankenstein nourri par des pays de la région.
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La France et la Belgique se défendent en affirmant ne soutenir que les rebelles "présentables" de l'Armée syrienne libre (ASL). Mais la distinction n'est pas toujours aisée avec les djihadistes. Quand elle a inauguré fin 2012 son commandement nord à Idlib, l'ASL a fait venir le cheikh salafiste Adnan Al-Arour, partisan de "hacher les alaouites et de donner leur chair aux chiens."
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