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Critique de Gwen21


Court et incisif, ce touchant témoignage bien documenté nous ouvre les portes d'un monde peu connu, celui de l'immigration des jeunes Japonaises au début du XXème siècle pour rejoindre des "époux", plus exactement des hommes qu'elles n'ont jamais vus et dont elles ne connaissent que les qualités créées de toutes pièces par les marieuses. Mystification collégiale de milliers de destinées, autant d'innocences fuyant la misère et le désespoir de leur pays pour vivre un rêve américain qui vire rapidement au cauchemar.

Julie Otsuka a choisi de traiter ce thème par une narration impersonnelle, comme une chronique froide aux voix multiples et, paradoxalement, c'est le réalisme des faits rapportés qui lui confère toute son humanité.

Un frisson glacé nous parcourant l'échine, nous découvrons le parcours morbide de ces femmes et de ces filles livrées aux maris, aux patrons, aux maîtresses et destinées à cultiver la terre jusqu'à l'épuisement, à se soumettre aux excès des hommes, à accoucher tous les ans, à voir leurs enfants mourir tôt, à vieillir prématurément et à supporter le pire dans l'espoir que le meilleur arrivera enfin un jour.

Récit de l'immigration qui n'a pas été sans me rappeler l'excellente saga du suédois Vilhelm Moberg, "Les émigrés". Tout m'a plu dans ce texte qui va droit au but, excepté le dernier chapitre où l'on change brusquement de locuteur pour donner la parole à l'opinion publique américaine. J'ai ressenti cette fin à la fois comme un parallèle un peu facile et ostentatoire avec la shoah et comme un blanchiment de conscience collectif, une confession bancale et tardive des "hôtes" américains pour se délester de leurs remords.


Challenge ABC 2014 - 2015
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