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Critique de SeriallectriceSV


De Julie Otsuka, j'avais aimé découvrir les histoires de son précédent roman "Certains n'avaient jamais vu la mer". Si le sujet méritait le détour, l'écriture sujette à beaucoup de répétitions ne m'avaient pas permis d'être complètement happée. Avec "La ligne de nage", l'embarquement n'a pas été complet pour les mêmes raisons, et parce que l'écriture est particulièrement froide.
Pourtant, c'est un livre qui m'a marquée, déstabilisée, ébranlée. Même en retrait, j'ai apprécié cette lecture, trouvé le ton juste, les propos criant de vérités.
Dans une première partie, Julie Otsuka nous ouvre les portes d'une piscine souterraine et y décrit, avec une minutie quasi chirurgicale et humour aussi, les habitudes d'une communauté de nageurs, les règles à respecter ... avec un "nous" englobant tous ceux qui le fréquentent, dont Alice, personnage principale de ce roman, et un "vous" qui nous invite au partage. Nager, enchaîner les longueurs, permet de s'évader, d'évacuer le stress, de s'éloigner du quotidien, j'adhère complètement, je me suis retrouvée dans ces propos.
L'apparition d'une fissure dans le fond du bassin marque la transition avec la deuxième partie dans laquelle Julie Otsuka évoque, avec mélancolie, la fin de vie d'Alice. Son cerveau s'est fissuré.
Les maladies qui affectent la mémoire rendent la vie difficile pour le patient atteint et pour son entourage. L'absence de traitement condamne les patients, et les structures d'accueil, les soignants font leur maximum pour encadrer, décharger les familles, accompagner la fin inexorable en toute transparence. Celle d'Alice, semble, pourtant avoir gommé l'humanité de ses patients.

« On vous dit tout : à Belavista, les apparences peuvent être trompeuses. le réveil fixé à la table de chevet est en fait une caméra de surveillance déclenchée par le mouvement. Votre gobelet en plastique rouge translucide permet de contrôler votre niveau d'hydratation. le thermostat situé sous l'interrupteur de la lumière est un micro. Votre bracelet de cheville en argent si stylé permet de vous retrouver partout. La compote sur votre plateau de dîner est un leurre pour vous faire prendre vos médicaments. Idem de la purée et des morceaux de banane occasionnels. le joli tapis décoratif de votre salle de bains est un tapis antichoc en cas de chute. Votre coach personnelle » est en réalité kiné. Son salut amical - Tout va bien ! » - sert à développer la confiance. le jardinier que vous voyez par la fenêtre assure la sécurité. Et cette femme un peu perdue qui vous regarde dans le miroir de la salle de bains ? C'est vous. »

L'auteure s'adresse à la fille d'Alice dans la deuxième partie et emploie le "tu". Un "tu" qui marque la distance idoine pour évoquer sa culpabilité, sa propre culpabilité, certainement. À la lecture, j'aurais préférer le "je"... Mais avec du recul, je comprends ce choix. Il évite le jugement, le larmoiement aussi. Et c'est vrai, que ce livre n'analyse pas vraiment les situations. L'auteure en énumérant des constats donne de la profondeur à ses propos.
Et ces propos laissent des traces. J'ai rarement parlé d'un livre à mon mari après une lecture ;-)
La fin, cette fin, ces dernières pages que j'ai relues sont ... belles.
Je relirai Julie Otsuka, parce que son écriture, que je trouve pourtant plutôt froide, m'interpelle et me touche.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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