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Critique de kielosa


J'avais bien aimé "Sonietchka" paru en 1992 de cette auteure russe et lorsque j'ai appris qu'elle donnerait une conférence sur son oeuvre lors de la Foire du Livre d'Anvers en 2004, je me suis débrouillé pour y assister. Je n'étais pas le seul, loin de là, la salle était comblée comme s'il s'agissait de notre gloire nationale, le très populaire Pieter Aspe.

Ludmila Oulitskaïa, née dans l'Oural du Sud il y a 77 ans, est incontestablement l'écrivaine contemporaine russe de nos jours la plus lue à l'étranger. Elle n'est sûrement pas une groupie du maître du Kremlin, mais elle n'a pas à se plaindre d'interférences de la part de Poutine.

Comme elle l'a précisé elle-même, elle est "la dernière Juive d'une famille assimilée".
Oulitskaïa est diplômée en biologie de l'université de Moscou.
Son oeuvre littéraire est très variée : romans, recueils de nouvelles, pièces de théâtre, livres pour les enfants et pour les adolescents. Elle a remporté plein de prix littéraires : le Booker russe, Médicis étranger, le Prix Park Kyung-ni (Corée du Sud), le Prix Simone de Beauvoir et le prestigieux Prix Bolchaïa Kniga (grand livre) en 2007.

Le recueil compte 7 nouvelles de longueur différentes, allant de 10 à 46 pages.
J'ai commencé par la troisième nouvelle, qui est celle du titre du recueil.

Le si bel amour est celui de l'élève Tania Kolyvanova pour la nouvelle prof d'Allemand, la "divine" Evguénia Alexeïevna Loukina, "qui ressemble davantage à une actrice étrangère qu'à une enseignante soviétique". Elle est grande, habillée avec beaucoup de goût, a les cheveux noirs couverts d'une laque inconnue et porte au doigt une alliance plate tout aussi inconnue. Si Loukina impressionne tous les 41 élèves de la classe, la jeune Tania en reste proprement baba.

Du coup Tania décide de suivre Loukina lorsqu'elle rentre chez elle. Ce qui dans une ville comme Moscou est loin d'étre évident, car il faut y aller en métro et changer de ligne. En plus, la séduisante Loukina rencontre en chemin parfois des amants, tel ce beau militaire en superbe uniforme de haut officier.
En regardant sa maîtresse, qui ne se rend pas compte d'être escortée à distance, Tania "éprouvait le bonheur de côtoyer une vie magnifique, comme au cinéma...."
Pour le 8 mars, la journée des femmes, Tania veut offrir à son idole un splendide bouquet de fleurs. Seulement, les fleurs dans la capitale de l'URSS sont fort chères et elle a tout au plus 10 roubles ! Je vous laisse découvrir comment la gamine rassemble assez d'argent pour payer un bouquet de cyclamens pourpres.... et le reste de l'histoire.

La première nouvelle "Le 2 mars de cette année-là" se situe à la mort de l'horrible Joseph Staline, en 1953, et de sa dernière folie : la persécution des médecins juifs. L'exemple d'en haut contribue évidemment à créer une atmosphère antisémite en URSS. Ainsi, la petite Lilia Jijmorska est, comme petite fille juive, isolée à l'école. Personne ne lui adresse la parole, à part le méchant Bodrik pour lui demander pourquoi "vos Juifs ont tué notre Christ ?"

Nina a perdu en un an sa terrible mère et Sérioja, son terrible mari. Seule dans sa demeure, elle s'efforce d'éliminer les mauvais souvenirs de sa mémoire, mais alors ses nuits sont tourmentées par d'horribles rêves ! Elle finit par en parler à ses 2 amies : la savante Susanna Borissovna et la simplette Tomotchka, qui ne s'aiment guère, mais qui aident Nina chacune à sa façon. Et grâce à elles, Nina dort mieux, jusqu'au jour où elle est réveillée par une puanteur épouvantable. L'origine de cette puanteur s'avère être une "bête" (le titre de la nouvelle) et cette bête est "un gros matou", qui s'est introduit par un orifice sous le plancher de la cuisine. Un matou que Tomotchka, venue à la rescousse de son amie, regarde avec admiration, mais se débarrasser d'un félin intelligent n'est pas facile du tout....

Comme ces quelques exemples laissent supposer, l'auteure ouvre dans ce petit recueil tout de même un registre plutôt vaste et du point de vue qualité littéraire c'est tout bonnement du Ludmila Oulitskaïa !
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