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Critique de ithaque


Comme on la voit bien « la fille des marais », belle sauvageonne à la Brooke Shields, pied leste et sourcils impétueux, se glissant derrière les roseaux à la première alerte !
C'est ce que j'ai aimé dans le livre, cette coulée dans un univers sauvage de marais, rythmé uniquement par le flux des marées et les cris des hérons et autres merveilleux habitants à plumes et à poils.
Une sorte d'éden, qui ferait envie à beaucoup d'entre nous, raison pour laquelle, à mon avis, ce livre a du succès ; il fait vibrer un puissant appel profondément enfoui en nous.

Vent, herbes hautes, petite barque glissant sur les canaux, insectes, oiseaux, coquillages, cabane fumante à la lisière des bois ; la mer à portée de pas ; mais oui je prends, forcément.
Ce chant roulé par les marées, ce souffle régulier et paisible, est assez envoûtant, nous berce délicieusement.

Les descriptions de la faune et de la flore ont fait mon bonheur, je me régale et veux tout savoir du héron de nuit et du ver luisant. Les collections de plumes, de nids, les carnets naturalistes peints au fil des années par Kya, fruit de ses observations quotidiennes, on les voit.

J'ai beaucoup moins accroché aux personnages masculins, un peu falots et qui servent plutôt de faire-valoir au personnage de Kya, tressant des romances un peu creuses.

Par contre, le vieil épicier black et sa femme sont une véritable douche chaude, un peu de tendresse et de protection pour la très jeune Kya, petite gosse livrée à elle-même. Eux aussi sont des victimes d'une bêtise humaine abyssale, ici celle du racisme ordinaire, qui s'arborait alors sans fard (années 50-60 en Caroline du Nord).

Côté moins bien aussi, l'enquête policière m'a profondément saoulée, ça fait ficelle comme s'il fallait réveiller l'intérêt du lecteur. Nul n'était besoin, les oiseaux y suffisaient.

Procès également interminable. Heureusement le chat « Sunday justice »relève le suspense.

J'ai été un poil déçue par l'écriture, c'est un récit qui s'arrête toujours à la limite d'une narration factuelle sans déborder sur un souffle d'images hors cadre. J'aime bien quand un mot ne veut pas juste dire une chose.

Une histoire à goûter comme une fable car imaginer qu'une enfant sauvage, dévastée par sa famille, abandonnée de tous, comme Kya puisse obtenir un doctorat (même « honoris causa ») avec une seule journée d'école et une vie dans les marais, je le vois plus comme une allégorie, quoique grisante, et qui m'a plu par tout ce foisonnement intense de nature qu'elle portait en elle.

Je retiendrai au final un beau personnage féminin, intrépide, au pied sûr et léger.

Sa solitude est le 2ème personnage fort du livre, se métamorphosant sans cesse au fil de son âge et de ses épreuves, de ses envies, terreurs, mythologies personnelles.

L'auteur nous fait le cadeau final d'un personnage qui s'endort apaisée dans le cou de la vie, ses yeux glissant pour toujours sur l'eau des marais.
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