L'Usine est une allégorie acerbe d'une société qui impose un travail déshumanisant, voir opprimant, que ce soit à temps partiel ou même sans but véritable, jusqu'à en perdre sa personnalité, simplement pour tenir un rôle au sein de la collectivité. Parmi la multitude d'individus qu'emploie
l'Usine, nous suivons le parcours d'une femme et deux hommes qui, bien malgré eux, n'ont pas pu refuser l'opportunité d'un emploi, sous entendu une place honorable dans le système social nippon.
Hiroko Oyamada met l'accent sur l'inanité des traditions et de principes aliénants les individus uniquement pour le prestige de l'entreprise et par là-même du pays tout entier. Une perception purement extrême-orientale de la société qui échappe quelque peu à notre compréhension par rapport aux modèles occidentaux. Dans une ambiance étrange teintée d'onirisme l'auteure esquisse plusieurs intrigues mais n'en approfondie aucune. Une succession de saynètes du quotidien morose et absurde des personnages entrecoupées de repas interminables et d'incessants questionnements sur le sens des réalités, L'histoire se révèle vite ennuyeuse, sans objet concret, elle tourne en rond et ne nous apprend rien, hormis sur les mousses et la vie des ragondins. La métaphore finale à connotation fantastique arrive sans préambule et ne répond en rien aux interrogations ni aux desseins fondamentaux du récit. Si la présentation est intrigante et laisse présager d'étonnantes et singulières perspectives, la construction est plutôt insipide, simpliste et peu pertinente. En résumé, un roman anodin peu compatible avec la culture et la pensée occidentale et qui, de plus, est bien loin de l'univers kafkaïen que l'éditeur nous vante.