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3,3

sur 113 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Livre surprenant, dans la lignée des intrigues de Abe Kobo. Ambiance assez kafkaïenne. Il me fait penser aussi à un roman de Philippe Claudel : "l'enquêteur". On suit l'embauche de deux employés, une jeune femme et un jeune homme, dans cet immense complexe, à cheval sur les deux rives d'un fleuve, à son embouchure. A priori embauchés pour des emplois sans intérêt ou incongru. L'auteure ne décrit pas vraiment cette usine, se contentant d'y laisser errer, mais sans vraiment s'y perdre non plus, ces deux protagonistes. La nature est aussi très présente : les cormorans près de la mer, les ragondins qui ont établi leur territoire dans les canalisations et les lézards dans les lave-linges. Hiroko Oyamada entraîne le lecteur dans cet espace-temps qui semble déconnecté de la réalité. Les contacts humains sont pour le moins étranges - même si au Japon, les relations sont très différentes de l'Occident - les personnages ne semblent pas vraiment se connaître, mais se parlent assez facilement dans des rapports assez superficiels mais sans animosité. C'est un livre qui n'est pas sans longueur - bien que pour décrire un tel univers, il faille prendre un peu son temps - mais le lecteur se fatigue vite du monde de cette usine.
A lire pour son étrangeté, et tout de même, pour découvrir une certaine vision du japon et de sa littérature.
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L'Usine mérite bien sa majuscule. C'est une vraie cité, immense et tentaculaire, qui possède ses propres restaurants, lignes de bus et autres facilités pour ses employés. Son activité ? Multisectorielle, semble t-il, mais à vrai dire, bien malin qui pourrait la définir. Hiroko Oyamada cultive l'étrange comme beaucoup d'autres écrivains japonais, Yôko Ogawa, par exemple, et cette allégorie sur l'aliénation du travail réussit parfaitement à mettre de l'inconfort dans la lecture, en brouillant les repères, y compris temporels. Trois narrateurs alternent, chacun d'entre eux salarié de l'Usine, embauché plus ou moins à contrecoeur et accomplissant des tâches invariablement absurdes et dont l'utilité pour leur entreprise reste énigmatique. L'humour d'Oyamada est noir, forcément, dans une atmosphère très sombre où la menace est symbolisée par la prolifération d'animaux, ragondins et cormorans, dont l'apathie semble se transmettre aux humains. On pense à La métamorphose de Kafka, dans cet univers oppressant qui finit par vaincre toute velléité de résistance. Les personnages du livre deviennent de plus en plus flou, ils ne sont plus que des ombres au service d'une tâche qu'ils ne comprennent pas, leur personnalité s'effaçant au fil du temps. le livre est fascinant mais c'est davantage son ambiance fantastique qui hypnotise plutôt que sa progression dramatique, assez aléatoire.

Un grand merci aux éditions Christian Bourgois et à la Masse critique de Babelio.
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“Sans travail on est rien”, clame l'un des personnages de ce livre. Et un autre “ Un homme à une mission dans la vie, gagner assez d'argent pour manger à sa faim.”

Ils sont jeunes, ils ont encore le temps de trouver mieux mais pourquoi ne pas intégrer la vaste usine ? Si vaste qu'elle est plus grande qu'une ville, on y trouve : des quartiers résidentiels, des immeubles d'habitation, des supermarchés, de nombreux équipements de loisirs, des étangs de pêches, des librairies, des opticiens, des agences de voyages, la montagne, la mer, la forêts, un fleuve et elle a même son décorateur attitré, qui attaque tout le monde sauf les personnes en tailleur ou en costume. Un vaste monde à part…

Nous entrons dans le quotidien de trois salariés sur plusieurs décennies, depuis leur embauche.
Au départ, ni les uns, ni les autres ne voulaient travailler dans cette usine réputée et peuplée de cormorans et de ragondins.
Qu'est-ce qui a fait que Furufué qui étudie les mousses dans le but de végetaliser les toits de l'usine,Yoshiko Ushiyama qui travaille au service des déchiqueteuses de documents et l'ancien ingénieur système qui a pour mission de corriger des textes qui paraissent n'avoir aucun lien avec l'usine au stylo rouge, soient restés à des postes si vides de sens pour eux depuis tant d'années ? Des postes déshumanisants et aliénants.

Que fabrique-t-on dans cette usine au juste ?

Je suis mitigée par cette lecture, je n'ai jamais été transportée, la fin était plus ou moins attendue, j'ai trouvé ce roman assez banal. 
J'ai bien aimé la première partie, lorsque les personnages principaux passent leurs entretiens d'embauches assez surréalistes.
Puis le temps de l'adaptation était intéressant à lire, l'intégration au sein des équipes, les restaurants le midi avec l'équipe et les discussions entre collègues.
La construction narrative n'était pas très claire par moment, cela passe d'un personnage à l'autre dans le même chapitre, et même à une année différente.
J'ai moins aimé les passages trop longs au restaurant, il y en avait assez souvent et je les ai trouvés inutiles pour l'avancement du récit.
J'ai lu en diagonale les descriptions des animaux qui peuplent l'usine, soit les ragondins, les cormorans et les lézards des lave-linge.
La chute est très kafkaïenne, ce qui est assez plaisant mais attendu.

Ce livre fait réfléchir à ce que nous sommes prêt à donner en termes de temps et de soi-même à une entreprise, à un poste. Ce que nous allons y chercher. de quoi se nourrir ou s'épanouir et quelles sont les limites entre les deux pour ne pas être totalement absorbé ? Mitigée mais très pertinent en ce qui concerne les réflexions sur le monde du travail. Vaste sujet
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S'il y a un style de littérature que j'affectionne particulièrement, c'est bien la littérature japonaise. C'est, souvent, une écriture empreinte de beaucoup de douceur et de sensibilité. Il s'y dégage une sorte de « respect » pour les mots.

Je n'ai donc pas hésité quand j'ai dû choisir ma nouvelle lecture parmi une vingtaine de romans. « L'usine » de Hiroko Oyamada est dans ma PAL depuis un petit moment. de ce fait, je ne me rappelais absolument pas du synopsis.

Au départ, donc, j'y vais un peu à tâtons. J'essaie de comprendre de quoi il s'agit. L'écriture ne ressemble pas tellement aux romans japonais que je lis habituellement. Elle est moins douce mais elle est suffisante et juste. Certes, il y a une mini-déception mais je ne m'arrête pas là-dessus et continue mon immersion dans L'Usine.

Très vite, on se rend compte qu'il s'y passe des choses étranges : le personnel qui vieillit plus vite que de raison, des machines de sport qui apparaissent, des ragondins étrangement gros ... En tant que lecteur, on perçoit ces étrangetés et pourtant le personnel de l'Usine, lui, ne le voit pas. Il est ancré dans une habitude, une sorte d'obligation, il est enchaîné à cette Usine.

C'est à ce moment qu'on comprend que ce roman dépeint l'aliénation professionnelle. C'est quelque chose de très présent dans la culture japonaise où il y a une sorte « d'obsession » pour le travail et la réussite. Une aliénation qui peut nous faire accepter tout et n'importe quoi, qui nous emmène à nous déconnecter de ce que nous sommes profondément. L'auteur parle principalement du Japon, mais c'est quelque chose qui existe partout ailleurs. Quelque chose qu'on trouve étrange lorsqu'on en est pas victime et que pourtant les victimes trouvent « normal, c'est le monde du travail ». Et quand on leur demande pour quelle raison ils obéissent, il n'y a plus de réflexion ... juste un : « parce que c'est mon travail et que c'est les ordres ». On a un peu l'impression que l'humain oublie d'être humain face aux obligations sociétales, il accepte de devenir une chose.

Niveau personnages, on ne s'y attache pas forcément. Comme s'il n'existait pas vraiment, comme s'ils n'avaient pas vraiment d'importance. Finalement le seul personnage important, n'est autre que l'Usine elle-même. Elle qui adopte, fait grandir et transforme ses salariés.

Alors oui, ce roman est relativement sombre ... mais parfois sombrer dans les ténèbres peut peut-être nous donner envie de retrouver la lumière.
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Un roman qui me laisse mitigé. le quatrième de couverture (J'ai enfreint ma règle « Ne jamais lire quatrième de couverture ») m'annonçait « une ambiance kafkaïenne ».
J'attendais Kafka… mais rendre l'absurdité du monde et du monde du travail est un exercice assez difficile.
Et le roman reste très longtemps sur un registre très réaliste, descriptif et concret.

> C'est l'histoire de trois nouveaux employés à l'« Usine ».
> On ne saura jamais ce qui se fabrique dans ce monde presque autosuffisant.
> On découvrira par contre l'absolue vacuité de trois emplois qui semblent complètement vains et abrutissants.
> Mais l'usine semble un monde à part, un monde avec d'étranges animaux comme en marge de la réalité humaine.

Il parle d'abord longuement du travail morne, répétitif des trois employés.
Il y avait un piège : raconter l'ennuyeux quotidien sans être soi-même ennuyeux. Vaste question.
Hélas, le roman n'évite pas complètement ce piège.
Le livre verse dans l'onirisme. Il sort de la réalité d'une très juste façon. Mais bien trop tardivement.

Le roman reste une peinture acerbe de la société qui impose un travail pour le travail. Un travail déshumanisant, aliénant.
La convention sociale vous impose de travailler, même à temps partiel, même pour rien, même pour en perdre son âme, son humanité.

Si la question du travail inutile vous intéresse alors je vous recommande chaudement, très chaudement « Bullshit Jobs » de David Graeber.
Si vous cherchez des romans japonais où la frontière entre la réalité et le rêve (ou le cauchemar) s'efface mieux, je vous conseille :

* Tous les romans de Ryû Murakami qui penchent délicieusement côté cauchemar.
* Un coup de coeur : « Les Miracles du bazar Namiya » de Keigo Higashino
* Si Tokyo vous fascine comme moi : “L'île des rêves” de Keizo Hino
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L'usine est un complexe si vaste qu'on n'en voit pas la fin. Un fleuve la traverse, surplombé d'un pont que l'on évite de traverser à pied tant il est long. Comme une ville, elle a ses restaurants et ses hôtels, ses stations-service et ses logements, sa ligne de bus et ses commerces. Son influence s'étend sur toute la région, tout le monde y travaille ou connait quelqu'un qui y travaille.

Nous suivons, dès leur embauche, trois de ces employés.

L'une, diplômée, a postulé pour un CDI, et se retrouve avec un emploi de contractuelle consistant à actionner une déchiqueteuse à documents. Un autre -Furufué- est étudiant-chercheur à l'université. Il est recruté par l'usine pour analyser les mousses présentes sur son site en vue de végétaliser les toits. le dernier, ex-ingénieur système inscrit dans une agence d'intérim, obtient un poste de correcteur, chargé de traquer les fautes dans divers documents.

Le roman alterne, sans transition, d'un personnage et/ou d'un moment à l'autre, surprenant d'abord le lecteur qui trouve ensuite rapidement ses marques. Les épisodes se succèdent, en une temporalité elle-même un peu floue, qui transcrit parfaitement l'idée d'une routine immuable, plaçant dans une sorte d'éternel présent, répétitif et mortifère.

Les tâches confiées nécessitent peu d'effort physique ou intellectuel. Elles sont rapidement comprises et maîtrisées, et pourraient sans doute être accomplies par des machines. Mais surtout, elles sont dénuées de sens. Il est révélateur que nous ne sachions jamais ce que produit précisément l'usine –"à la fois tout et rien". Les employés d'ailleurs n'ont aucune idée de l'utilité de leur fonction, le cloisonnement de chacune d'entre elles instaurant une décorrélation entre postes individuels et objectif commun.

La notion même de production ne trouve pas ici sa place, mais semble avoir été remplacée par une série de missions sans lien les unes avec les autres, qui auraient pour seul but d'occuper les travailleurs. Notre correcteur réalise que les manuscrits qu'il a déjà vérifiés, dont il ne connait ni la provenance ni la destination, ni s'ils ont une destination, lui reviennent avec des erreurs encore plus grossières… Furufué, à qui aucune contrainte ni délai ne sont imposés, apprend après des années d'études des mousses que les toits de l'usine ont déjà été végétalisés…

Il en résulte, pour l'ensemble des protagonistes, un sentiment de vacuité et d'insatisfaction.

Donner le meilleur de soi-même n'a ici aucune valeur, le travail n'étant qu'un moyen de subsistance, la réponse à une injonction sociétale. Ce n'est pourtant que par son prisme que sont décrits les personnages, comme s'il était au centre de leurs vies.

L'auteure insère dans son texte, avec l'évocation de l'inexplicable multitude d'animaux -ragondins, cormorans et étranges insectes- constatée dans certains lieux de l'usine, une touche fantastique qui conclut le roman, et dont je n'ai pas vraiment compris l'utilité (le sens en est peut-être trop symbolique pour moi). Il est aussi question à un moment d'un "déculotteur" que la rumeur indique sévir dans le parc aux abords de l'étang du site, dont il n'est plus question par la suite. Ces éléments incongrus m'ont laissé l'impression d'un manque de rigueur de l'intrigue, comme si l'auteure, une fois son sujet lancé, n'avait pas su quelle orientation lui donner… Par ailleurs, cela gâche à mon avis la tonalité subtilement absurde qu'elle avait jusqu'alors instaurée, en faisant perdre toute crédibilité à l'intrigue.

Dommage, car j'ai sinon apprécié les parties relatives au non-sens du travail et à ses effets sur les trois héros
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L'Usine est le lieu où obtenir un poste de travail équivaut à une réussite sociale. Trois nouveaux salariés obtiennent un contrat à des postes qui semblent répondre à des objectifs abstraits: spécialiste des mousses, commis à la déchiqueteuse de papier ou correcteur d'oeuvres variées et diverses. On les suit de leurs débuts timides à leur installation dans une routine ennuyante, où peu à peu le sens de leur activité se dilue. Mais qu'est ce que l'Usine ? Immense, parcourue d'un pont, d'un fleuve et d'un océan, on ne connaît pas réellement son activité. Cette ville-usine tentaculaire abrite en son sein d'étranges animaux endémiques : lézards de sèche linge, ragondins aux dimensions dantesques et oiseaux noirs immobiles. Mais pourquoi prolifèrent ils autant en ce lieu ?

C'est un roman qui m'a fait penser aux oeuvres de Abe Kobé: derrière l'étrangeté du récit se cache une critique acerbe de la société japonaise. Critique du monde du travail aliénant où dans des entreprises aux dimensions inhumaines, la perte de sens devient la norme: la majorité des activités est déléguées à des prestataires; l'entreprise auto-entretient de taches administratives et/ou inutiles. L'employé devient alors une variable, interchangeable, perdant peu à peu sa personnalité et son individualité. de plus, l'auteure évoque l'emploi à vie qui semble limiter le dynamisme et la créativité; il est remplacé par une précarisation des employés qui doivent souvent se satisfaire de poste contractuels. de même, l'auteure semble dénoncer l'hyperspécialisation des tâches et une hiérarchie totalement omniprésente et en même temps transparente. Beaucoup d'autres thèmes sont aussi évoqués dans ce livre : l'écologie évidemment avec une adaptation de la nature à la destruction de notre environnement mais aussi la place omnisciente du travail dans la société japonaise.
L'écriture est aussi étrange que le récit: on passe d'un personnage à l'autre sans véritable transition, il faut donc beaucoup d'attention pour ne pas perdre le fil de cette histoire. Peu à peu, elle semble se distordre et devenir de plus en plus floue, comme la réalité.
J'ai beaucoup apprécié ce style fluide où l'étrangeté permet d'appréhender de multiples thèmes de façon originale.

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Hiroko Oyamada, native de Hiroshima en 1983 fait partie de cette jeune génération d'auteurs japonais, telle qu'elle a été présentée par un numéro de Granta (printemps 2014, Granta #127, 272 p.). Deux romans, ou plutôt deux longues nouvelles et un roman lui ont déjà valu de recevoir le Akutagawa Prize. C'est le prix littéraire le plus prestigieux et le plus médiatisé du Japon. Il a surtout le don de booster les ventes, un peu notre Goncourt. Et dire que je ne lis pas, par principe les Goncourt, souvent plus effets de marketing que de littérature.
« L'Usine », (Kojo) traduit par Silvain Chupin, (2021, Christian Bourgois, 192 p.), troisième ouvrage de Hiroko Oyamada.
Yoshiko Ushiyama vient d'être embauchée à l'usine comme déchiqueteuse. Dans son parcours, on va croiser son frère, et Yoshio Furufué. Ce dernier est un biologiste spécialiste des sphaignes et mousses qui est chargé de végétaliser le toit de l'usine. le frère est employé à mettre des corrections au crayon rouge sur des textes qui lui reviennent de temps à autre avec d'autres erreurs, à de nouveau barrer en rouge. « On corrige en rouge. On envoie ce qu'on a fait, et quelque temps après, on reçoit un manuscrit avec le même texte mais encore plus d'erreurs grossières. On se demande à quoi on sert ». Surviendra également le non moins bizarre Gotô dont « le blanc de ses yeux est jaune ». En plus de ces personnages, il y a des ragondins et des cormorans, voire même des sortes de lézards ayant pris gouts aux charmes des lave-linge.
Donc Yoshiko vient d'être embauchée à l'usine. « J'ai fait des études de lettres et mon sujet de recherche était la linguistique japonaise, plus précisément le langage tel que les gens l'utilisent pour communiquer ». Cela tombe bien puisque dans le poste où elle va être nommée, elle sera seule, préposée à la déchiqueteuse de documents. « Détruire des documents à la déchiqueteuse, voilà le travail qu'on m'a assigné » et ce pendant « sept heures et demie par jour » sur des machines qui « sont alignées parallèlement en deux rangées de sept contre les murs. Quatre grosses, six plus petites ».
Le frère, à qui on donne du Ushiyama-san a la trentaine « chômeur a trente ans. C'est évident. Sans travail, on n'est rien ». Il relit et corrige des notices. Telle « Adieu à tes soucis, et aux miens ! Manuel de soins de santé mentale ! » dont « à partir du chapitre 2, tous les chapitres commencent page 17 »
Les animaux ? « le ragondin devait mesurer un peu moins de deux mètres ». On aura droit à sept pages un peu plus loin. C'est presque mieux qu'une encyclopédie sur le net. Idem pour « les lézards des lave-linge », 6 pages seulement et 4 pour les cormorans à la suite. « Des oiseaux noirs que j'ai d'abord pris pour des corbeaux, mais qui ressemblent d'avantage à des cormorans »
Les dialogues. A la suite, séparés par un simple tiret « Bonjour – Bonjour - Bonjour. – Il pleut ce matin. -Oui, il pleut ». A ce tarif-là, les lettres De Valmont à la Marquise tiendraient sur un calepin de 5 pages.
Je reviendrai sur les romans de Hiroko Oyamada, ne serait-ce que pour comprendre cette nouvelle littérature japonaise.
C'était ma contribution aux récipiendaires du prix Akutagawa. Pour en revenir à cet auteur, Akutagawa Ryûnosuke, écrivain japonais (1892-1927) né et mort à Tokyo. Il change de nom, adoptant celui de son oncle Atukagawa (ou rivière des ordures), ce qui ne facilite pas les choses. Son prénom ensuite fait référence au dragon, lui qui est né à l'heure du dragon (vers 8 h), le mois de dragon (janvier) de l'année du dragon (1892) selon l'astrologie locale. Il se met à écrire en 1915 avec « Rashômon » qui obtient immédiatement le succès. Sa production ne faiblit pas, aboutissant à environ 70 nouvelles en 12 ans.

Deux grands recueils de nouvelles «Rashômon et autres contes », traduit par Mori Arimasa (1989, Gallimard, 286 p.) et « Jambes de cheval » traduit par Catherine Ancelot, (2016, Les Belles Lettres, Collection Japon, 224 p.) qui contiennent en tout 32 nouvelles. Des éditions plus sommaires incluent « La Magicienne » traduit par Elisabeth Suetsugu (2003, Editions Philippe Picquier, 205 p.) et « Une Vague inquiétude » traduit par Silvain Chupin (2005, Editions du Rocher, 84 p.), qui comportent respectivement 5 et 3 nouvelles.et enfin « La vie d'un Idiot et autres Nouvelles » traduit par Jeannine Kohn-Etiemble (1987, Gallimard, 189 p.) recueil d'une dizaine de nouvelles. Soit en tout 49 nouvelles traduites en près de 1000 pages, plus une quinzaine supplémentaires traduites en anglais.
Comme toujours, il s'agit de recueils de nouvelles généralement de moins d'une dizaine de pages, et je ne vais pas en faire l'inventaire détaillé. L'intérêt est de les regrouper par thèmes, si possible, et de digresser joyeusement sur ceux-ci.

Je ne résiste pas, pour les japonisants, de parler de la très belle « Collection Japon » chez Les Belles Lettres, avec presque une quarantaine de volumes publiés. le tout sous trois thèmes avec chaque fois une mascotte, séparés en « Etudes », « Fiction » et « Non Fiction ».
Dans la catégorie « Non Fiction » une étude passionnante de Masao Maruyama « Essais sur l'histoire de la pensée politique au Japon » (2018, Les Belles Lettres Collection Japon 35, 530 p.) ainsi que « Morts pour l'Empereur. La question du Yasukuni» de Tetsuya Takahashi (2012, Les Belles Lettres Collection Japon 15, 172 p.). Deux importants ouvrages pour qui s'intéresse au Japon contemporain.
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Dans ce roman, nous suivons 3 protagonistes qui partagent pour points communs d'être employés à L'Usine, véritable ville-entreprise, et de s'interroger sur le sens de leur travail. Il faut dire qu'entre celle qui est affectée à l'annexe du service reprographie en charge de la destruction des documents et celui à qui l'on demande de corriger des documents qui finissent, inlassablement, par revenir bourrés de nouvelles fautes, il y a de quoi s'interroger. Et que dire de ce chercheur spécialisé dans l'études des mousses à qui l'on confie la mission de végétaliser les toits de L'Usine, mais à son rythme, sans trop de pression... et puis si ça ne mène à rien, tant pis.

Plus que décrire une société où le travaille abrutit l'Homme, j'ai sentiment que ce roman anticipe la nécessité qu'il y aurait à trouver une occupation à l'Homme tant son influence sur l'appareil productif a été réduit à peu de chagrin. Mais en même temps, je dis ça parce que c'est l'angle d'attaque que j'aurais lire et explorer de ce roman, mais j'ai la plus grande des difficultés à savoir où l'auteur veut nous emmené. Ses intentions sont feutrées et le roman en perd de sa puissance par une démarche sans doute trop abstraite.

Il y a pourtant de réelles qualités narratives, ne serait que pour parvenir à nous faire ressentir l'ennui de ces vies qui semblent dépourvues de sens, sans pour autant nous ennuyer. Mais on ne peut s'empêcher de refermer ce livre en s'interrogeant sur ce qu'il avait à nous dire.
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Roman reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique fiction, je remercie Babelio ainsi que les éditions Christian Bourgois pour cet envoi. J'ai mis un peu de temps avant de finir ce roman, pourtant court, tout simplement car sa lecture m'a quelque peu décontenancée. Dès le début, on comprend assez facilement que cette "Usine" avec un U majuscule, fait l'objet d'une sorte de fascination pour la population qui l'entoure, mais également pour ses propres employés qui découvrent ses règles au fur et à mesure, ainsi que son fonctionnement à la fois absurde et complexe. le récit s'attache à suivre trois nouveaux employés, postés à des tâches différentes dans la structure, toutefois rien n'indique le changement de narrateur dans le récit, ce qui peu décontenancer (j'y ai vu un souhait de l'auteur de perdre son lecteur puisque même l'individualité de ses personnages s'efface au profit de l'Usine). Progressivement, nos trois narrateurs vont s'enfoncer dans l'abîme de l'Usine, jusqu'à se perdre eux-même.
Une lecture dont je sors un peu mitigée, la thématique de l'aliénation par le travail est bien décrite, avec une ambiance qui progressivement se trouble et intrigue le lecteur, de mystérieux oiseaux noirs survolant l'Usine contribuent à amplifier cette atmosphère inquiétante. L'écriture, concise et clinique, ajoute à cette sensation d'aliénation, avec des ajouts particuliers déconcertants, là encore pour contribuer à cette ambiance irréelle (les passages explicatifs sur les ragondins notamment...). Toutefois, le roman m'a paru trop court, creusant assez peu ses critiques envers la société japonaise, la course à la réussite, la solitude et l'isolement. Une découverte donc, mais pas un coup de coeur !
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