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Critique de Sachenka


La boite noire, c'est un dispositif qui enregistre toutes les informations (particulièrement dans les avions) mais ça peut s'appliquer à un tas de choses. En fait, c'est ce qui reste. Et c'est un peu le propos de cette histoire que nous raconte Amos Oz. Dans son livre, La boite noire, c'est une longue série de lettres que s'échangent quelques personnages troubles, un trio amoureux insolite et leurs accolytes, à mi-chemin en Jérusalem et les États-Unis.

Tout commence avec Ilana, qui brise un long silence en écrivant à son ex-mari pour lui demander de l'aide (lire ici de l'argent). C'est que leur fils de seize ans a été expulsé du kibboutz où il était éduqué et on veut de lui nulle part. C'est devenu un géant bouillon et brouillon, impulsif et violent. Alexandre Gidéon (Alec) répond positivement à sa demande par l'entremise de son avocat Zakheim. le nouveau mari, Michel Sommo en rajoute et lui écrit à son tour pour en demander davantage. Après tout, c'est lui qui subvient aux besoins de l'adolescent depuis un bon bout de temps. Éventuellement, le jeune Boaz se permet de communiquer directement avec lui, puis avec Ilana et Michel quand il s'enfuit à nouveau.

J'ai trouvé le début assez difficile. Pas tant par le vocabulaire ni par le style, non, plutôt par l'atmosphère. Les premières lettres sont pleines de rancoeur, de mépris, de douleur, de mots durs (même quand ils ne sont pas écrits, on peut les lire entre les lignes). C'était très négatif, même si c'était approprié. N'est-ce pas ainsi que s'adressent des anciens amoureux, surtout quand la séparation, le divorce fut pénible. Et quand l'argent est en jeu. Quand à Michel, il me semblait avare, ne rechercher que cet argent. C'est un défaut qui me répugne.

Puis les personnages s'ouvrent un peu plus. On comprend leur peine, leur coeur dur, leurs aspirations. Et les manipulations auxquelles chacun est disposé à s'abaisser pour obtenir ce qu'il veut. C'est fou ce que les gens peuvent révéler dans des lettres, dans des messages intimes. Surtout, dans ce qu'ils ne disent pas. Puis, ils baissent leur garde et laisse des sentiments s'échapper, se raviver, évoluer. Amos Oz se livre à du grand art, avec des personnages travaillés, qui ont chacun leur personnalité propre, qu'on arrive à saisir et dont on perçoit les voix unique. Criantes de vérité !

Les lettres d'Ilana révèlent un coeur de mère prête à tout pour protéger sa progéniture, sa famille. Celles d'Alec, un coeur blessé (dans son amour ou dans son orgueil ?). Celles de Boaz, une révolte intérieure, une indécision, une immaturité. Quand à Michel Sommo, ça m'a pris plus de temps à le cerner, surtout que j'étais agacé par sa manie de tout rapporter à Dieu, à sa religion, à la supériorité juive, tout le temps à citer des passages de la Torah ou des proverbes hébreux. C'est mon côté laïc qui ressortait.

Au final, La boite noire est un roman intimiste. Il y a très peu de personnages qui gravitent autour de ceux mentionnés plus haut, alors il faut s'accrocher à eux. Surtout qu'il y a peu d'événements, à peine quelques rebondissements, alors il faut s'immerser sans se laisser distraire, si on ne veut pas manquer un détail un état d'âme, un indice qui permet de mieux comprendre un personnage et anticiper ses réactions. D'ailleurs, les dernières du roman, je les ai trouvées un peu mouichi-mouichi, mais chacun ses goûts.
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